A l’occasion de la sortie du rapport de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) sur l’évolution de l’offre et de la consommation de cocaïne en France entre 2000 et 2022, Santé publique France publie des données inédites des passages aux urgences en lien avec l’usage de cocaïne.
Ces résultats mettent en lumière une augmentation forte et continue sur la période 2010-2022, et ce quelle que soit la région.
Depuis plusieurs années, des signaux montrent une augmentation des consommations de cocaïne, quelle que soit sa forme (en poudre ou sous forme de cocaïne base : galette, crack) et s’accompagne d’une « démocratisation »1 de son usage, portée par une diversification des profils de consommateurs2.
Par ailleurs, le nombre de prises en charge en lien avec la consommation de cocaïne en Centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) est également en hausse entre 2015 et 20193. Cette tendance est à mettre en lien avec une augmentation de la production mondiale de cocaïne et une augmentation des importations en Europe4.
Une augmentation forte et continue de l’usage de cocaïne
Les résultats issus des données de passages aux urgences (OSCOUR®) en lien avec l’usage de cocaïne mettent en lumière une augmentation forte et continue sur la période 2010-2022, ce quelle que soit la région. Après une période de relative stabilisation entre 2018 et 2021, les données montrent une hausse particulièrement forte entre 2021 et 2022.
Entre 2010 et 2022, 23 335 passages aux urgences pour cocaïne ont été identifiés. Les passages concernaient majoritairement des hommes (75 %) et l’âge médian était de 32 ans, ce qui correspond aux profils habituellement les plus consommateurs au sein de la population générale5. Les diagnostics de sortie étaient principalement en lien avec une intoxication (65 %), une dépendance (13 %) ou un sevrage (7,5 %). En 12 ans, le taux de passages a évolué de 8,6 à 21,2 / 100 000 passages, soit un taux multiplié par plus de 3. Cela représente en moyenne en France, 72 passages aux urgences en lien avec la consommation de cocaïne par semaine en 2022.
Des disparités régionales importantes ont été mises en évidence avec des taux de passages très élevés en Guyane (44,1 pour 100 000 passages), Provence-Alpes-Côte d’Azur (40,8) et Occitanie (27). Par ailleurs, une très forte augmentation était observée en Auvergne-Rhône-Alpes (1,2 à 22,9 pour 100 000 passages), Bretagne (4,3 à 34,4), Nouvelle-Aquitaine (3 à 20,6), Grand Est (8,7 à 19,9) et Bourgogne-France-Comté (2,9 à 13,1).
Les passages identifiés présentaient majoritairement des diagnostics associés liés à une intoxication par l’alcool (33%), aux benzodiazépines (9,6%), au cannabis (9,5%) ou aux opioïdes (4,8%), traduisant un profil de polyconsommation. Les autres diagnostics associés étaient liés aux manifestations cardiaques (douleur thoracique, palpitations, tachycardie) et psychiatriques (agitation, dépression, anxiété, schizophrénie), complications les plus fréquentes de la consommation de cocaïne.
L’augmentation des intoxications pourrait s’expliquer notamment par la circulation depuis une dizaine d’années d’une cocaïne dont la teneur en principe actif augmente6 ou encore l’émergence des nouveaux produits de synthèse (NPS) plus puissants et toxiques que la molécule dont ils imitent les effets7. En effet, le nom des produits en cause reposant uniquement sur du déclaratif, de nouveaux produits de synthèse (NPS) pourraient être vendus pour de la cocaïne à ces consommateurs.
D’autre part, certains usages peuvent également augmenter les risques d’intoxications : la polyconsommation avec l’alcool augmente notamment la durée et la puissance des effets psychoactifs recherchés par les consommateurs ainsi que la toxicité cardiaque8.
Santé publique France continue la surveillance réactive et régulière de cette évolution, à partir des données issues du réseau OSCOUR®. En complément, l’enquête EROPP 2023 portée par l’OFDT et à laquelle Santé publique France apporte son soutien, permettra d’actualiser l’estimation d’usage de la cocaïne en population adulte, et les profils associés.
Drogues-Info-Service, des sollicitations en augmentation
Ces résultats de taux de passages aux urgences en lien avec l’usage de cocaïne sont cohérents avec les remontées issues du dispositif Drogues info service, dont les sollicitations sont en augmentation constante depuis 2010. Le nombre d’appels, de chats et de questions/réponses citant la cocaïne est passé de 2 133 à 6 447 entre 2010 et 2022.
Les sollicitations des consommateurs sont majoritairement liées à un état de mal être psychique et/ou physique souvent accompagné d’une forte inquiétude sur les symptômes ressentis, des difficultés à l’arrêt ou à la diminution de la consommation, une demande d’information sur les effets et risques de la cocaïne, ainsi qu’une demande de prise en charge.
Drogues-Info-Service : un outil pour s’informer, être soutenu et trouver une aide personnalisée
Drogues Info Service, le service national d’aide à distance en matière de drogues et de dépendances de Santé publique France, est un dispositif d’information, d’orientation et d’aide, accessible à tous via internet www.drogues-info-service.fr ou par téléphone au 0 800 23 13 13, 7 jours/7, de 8h à 2h, appel anonyme et gratuit d’un poste fixe comme d’un portable.
Pour en savoir plus : Rapport OFDT La cocaïne : un marché en essor – Évolutions et réponses publiques en France (2000-2022)
Contact : presse@santepubliquefrance.fr