Le CHU de Brest a mis en place une étude depuis 2021 et sur trois ans afin de démontrer la pertinence et l’efficacité de la prévention précoce des conduites addictives pour les jeunes, en organisant un recrutement large concernant tout adolescent entre 14 et 17 ans ayant déjà consommé un verre d’alcool.
« À l’adolescence, la vulnérabilité face aux addictions diffère significativement selon les traits de personnalité et les tempéraments de chacun », présente le docteur Morgane Guillou, à l’initiative de PREVADO, l’étude mise en place par le CHU pour évaluer l’efficacité d’un programme de prévention ciblée des conduites addictives chez les adolescents vulnérables.
En effet, en plus des facteurs sociaux et culturels qui peuvent favoriser (voire encourager) la consommation d’alcool, il existe des facteurs de vulnérabilité individuels pouvant mener à des conduites addictives. « Dans cette étude, nous ciblons une population générale de jeunes, explique le Dr Guillou. Ceux ayant des troubles psychiatriques sévères ne sont pas inclus. »
Quatre traits à risque
Quatre traits de personnalité sont connus comme « à risque » dans le programme québécois Preventure, référence dans la mise en place de l’étude brestoise : l’anxiété, le fait d’avoir des idées noires ou négatives, l’impulsivité et la tendance à la recherche de sensations fortes. «En milieu scolaire au Québec, la moitié des classes ont des traits de personnalité potentiellement à risque », note le Dr Guillou.
Un questionnaire de repérage permet d’identifier ces traits et d’adapter le programme en fonction des traits de personnalité présents. « Ce questionnaire permet aux jeunes de mieux se connaître : il les incite à développer des alternatives à la décision et à développer leurs compétences psychologiques », souligne DrGuillou, qui précise que l’efficacité de ce programme a été démontrée au Québec, notamment sur les phénomènes de «binge drinking ». « La prévention précoce aide les jeunes à réduire les risques de conduites addictives éventuelles ultérieures. »
Jeunes randomisés en 2 groupes
L’étude mise en place à Brest s’appuie donc sur le protocole québécois mais pratique un recrutement extrêmement large, afin de comparer l’efficacité d’un programme ciblé ou non. Ainsi, tout jeune ayant consommé un verre d’alcool dans sa vie peut y participer après une visite en face-à-face initiale (à Brest : à la Cavale Blanche ou à l’hôpital Morvan, au CSAPA de Morlaix, Landerneau ou Carhaix).
Les adolescents sont inclus à partir des lieux de consultation (médecine générale, maison des ados, consultation de jeunes consommateurs…) mais également au travers de la mobilisation d’établissements scolaires volontaires sur la région de Brest. Tout jeune intéressé peut aussi spontanément demander à participer.
À la suite d’un questionnaire permettant de repérer les traits de fonctionnement et de personnalité (20 items), les jeunes ne faisant pas ressortir de traits « à risque » bénéficient de conseils simples, quand les autres sont randomisés en deux groupes : l’un de contrôle (avec suivi téléphonique pendant un an) et l’autre d’intervention, c’est-à-dire qu’ils bénéficieront d’atelier « Préventure » adaptés (deux ateliers d’’1h30 environ en visio, espacés de 15 jours.) « Tous auront un suivi d’au moins un an avec des évaluations, qu’ils soient ou non dans le groupe d’intervention », précise le Dr Guillou, qui ajoute : « Rien que l’évaluation apporte un effet positif. »
Contact : anais.briec@chu-brest.fr