M. Grabriel Attal, le ministre des Comptes publics, a récemment évoqué le fait que, dans le secteur de la Santé, la biologie médicale serait de nouveau sollicitée pour participer au plan de désendettement de la France, recyclant ainsi l’argument obsolète des marges réalisées lors de la période des tests Covid.
Une approche erronée et dangereuse que dénonce le SDBIO et qui va précipiter une issue inéluctable : la destruction de l’offre de biologie médicale de proximité, celle-là même qui a permis à la France d’être parmi les pays qui ont pu mettre en œuvre une politique de tests à grande échelle lors de la dernière pandémie. Est-ce bien responsable de la part du Gouvernement ?
La biologie médicale sollicitée pour désendetter la France ?
Lors de son interview dans la matinale de France Info du 28 avril dernier, Gabriel Attal, le ministre des Comptes publics, a indiqué que l’ensemble des ministères seraient sollicités dans le cadre du plan de désendettement de la France jusqu’en 2027. Mais, de son aveu même, tous les secteurs ne seront pas traités à égalité : « Clairement, l’objectif n’est pas de faire des économies sur l’hôpital mais il y a peut-être d’autres leviers pour le ministère de la Santé, comme le secteur de la biologie médicale qui a vu ses marges augmenter grâce aux tests anti-Covid« .
Une situation préoccupante
En début d’année 2023, nous nous sommes vu imposer dans un contexte inflationniste une baisse structurelle et sans précédent de 250 millions d’euros d’économie pérennes, impactant de façon durable nos résultats économiques. Nous ne partagions pas, et ne partageons toujours pas, le diagnostic qui a conduit le Gouvernement et l’Assurance maladie à nous demander un tel effort. Mais nous l’avons accepté, dans l’espoir que la promesse faite par l’Assurance maladie de rebâtir un nouveau protocole d’accord 2024-2026 serait honorée.
La conséquence de ces efforts financiers imposés est très simple : le résultat d’exploitation des laboratoires de biologie médicale va être divisé par deux en 2024 par rapport à 2019, fragilisant un secteur à la base de 70% des diagnostics en France, gérant 600 000 patients quotidiennement sur l’ensemble du territoire, et se révélant un acteur majeur dans le dépistage, la prévention et l’innovation, priorités affichées par le Gouvernement.
Le SDBIO demande une prise en compte de la réalité et une étude d’impact
C’est pour nous une grande déception d’entendre M. Gabriel Attal recycler l’argument des marges réalisées sur les tests Covid pour annoncer à demi-mot sa volonté de proroger les baisses de moyens alloués à la biologie médicale. Un argument plus politique qu’économique, lorsque l’on tient compte des baisses de tarification des tests PCR Covid (–60%), actées en début d’année, et de l’effondrement du volume de ces mêmes tests en 2023 (-80% entre le 1ertrimestre 2022 et le 1er trimestre 2023). Il nous semble invraisemblable qu’en matière de pilotage d’un secteur économique stratégique pour notre système de santé, un ministre s’affranchisse des règles permettant d’évaluer les actions envisagées.
En effet une bonne gestion voudrait que, lorsque l’on prévoit des mesures d’économies, une étude d’impact soit faite. Il n’est pas cohérent de se baser sur 2021 et 2022 pour appréhender ce que sera l’économie des LBM en 2024 alors que par rapport à 2019, les tarifs de l’activité hors Covid ont baissé de 7,5%. Ceci associé à l’augmentation du nombre des salariés, des salaires et des charges liées et dans un contexte très fortement inflationniste.
« Monsieur le Ministre, si vous souhaitez faire de la biologie médicale le prochain secteur sinistré en matière d’offre de soin à la population, si vous souhaitez ajouter du désert biologique au désert médical, faire fuir le personnel qualifié vers d’autres secteurs plus attractifs, créer de la pénurie et de la perte de chance pour les patients et le système de santé, mettre un coup d’arrêt brutal à l’innovation, persistez dans cette voie ! », interpelle le Dr François Blanchecotte, Président du SDBIO. Ne changez rien et continuez à ponctionner un secteur qui ne pesait en 2019 que 2,2% de la consommation de soins et de bien médicaux en France, ignorant l’engagement de la profession depuis 10 ans à partager avec l’Assurance maladie ses gains de productivité tout en s’attachant à maintenir un haut niveau de service, de qualité prouvée, à un nombre toujours plus croissant de patients. »
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