Santé publique France vient de publier le dernier BEH. Il est composé de deux articles :
- Réduction des dommages associés à l’alcool : les stratégies de prévention et d’accompagnement soulignées par l’expertise collective Inserm, de Marie Lhosmot-Marquet (Pôle Expertise collective de l’Inserm, Paris) et coll.
La Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives et la Direction générale de la santé ont sollicité l’Institut national de la santé et de la recherche médicale pour la réalisation d’une expertise collective actualisant les connaissances scientifiques sur l’alcool, ses effets sur la santé, les niveaux et modalités d’usages associés à sa consommation en France, ainsi que les stratégies de prévention et d’accompagnement efficaces. Ce travail s’appuie essentiellement sur les données issues de la littérature scientifique disponible à la fin du premier semestre 2020. Reposant sur l’analyse critique de plus de 3 600 documents par 12 experts, cette expertise a permis d’émettre des recommandations d’action et de recherche dans l’objectif de renforcer la prévention auprès de la population.
Cet article présente ici quelques-unes des principales recommandations issues de ce travail collégial publié en 2021. Toute consommation d’alcool étant nuisible pour la santé, il est nécessaire d’en limiter l’accès et d’en réduire l’attractivité. Un des leviers pour cela est de rétablir la loi Évin telle qu’initialement rédigée, puis de la renforcer.
La prévention passe par plusieurs enjeux prioritaires : l’information sur le risque lié à la consommation d’alcool, la mise en place de campagnes encourageant des périodes sans consommation du type « mois sans alcool » et le renforcement des facteurs de protection avant l’âge de la première consommation. Ces facteurs sont collectifs, avec par exemple la régulation du nombre et de la concentration des lieux de ventes, ou encore la réduction des horaires de vente ; mais ils sont aussi individuels (renforcement des compétences psychosociales, etc.) et familiaux (soutien à la parentalité, etc.). Par ailleurs, les professionnels de santé de premier recours devraient être davantage formés aux stratégies de dépistage et aux différentes méthodes d’intervention efficaces.
De manière générale, il est indispensable d’augmenter les moyens de la recherche, de l’enseignement et de la prévention sur l’alcool, et de mettre en place une réelle politique de réduction des risques et des dommages via une réduction des consommations.
- Consommation d’alcool : part d’adultes dépassant les repères de consommation à moindre risque à partir des données du Baromètre de Santé publique France 2021, de Raphaël Andler (Santé publique France, Saint-Maurice) et coll.
Pour limiter l’impact sur la santé de la consommation d’alcool, depuis 2017, des repères de consommation à moindre risque ont été élaborés et font régulièrement l’objet de campagnes d’information en France. La proportion d’adultes dépassant ces repères de consommation n’a pas évolué entre 2017 et 2020 ; ’objectif de cette étude est d’actualiser cette estimation avec les données les plus récentes, ainsi que de fournir un panorama régional de cet indicateur.
Les données utilisées proviennent du Baromètre de Santé publique France 2021, enquête téléphonique sur échantillon aléatoire réalisée auprès d’adultes résidant en France métropolitaine et dans les départements et régions d’outre-mer (DROM). Le module analysé concerne la consommation d’alcool au cours des sept derniers jours.
Entre 2020 et 2021, en métropole, la proportion d’adultes déclarant une consommation d’alcool se situant au-dessus des repères de consommation à moindre risque a significativement diminué (de 23,7% à 22,0%). Cette baisse s’observe principalement parmi les hommes, les plus jeunes, les plus âgés et les personnes aux revenus les plus élevés. Le dépassement des repères apparaît significativement supérieur à la moyenne métropolitaine en Bretagne, Pays de la Loire et Auvergne-Rhône-Alpes, tandis qu’il est inférieur en Île-de-France, Bourgogne-Franche-Comté et dans l’ensemble des DROM. Par ailleurs, la connaissance des repères de consommation à moindre risque semble s’améliorer.
Cette baisse globale de la proportion d’adultes dépassant les repères est encourageante et invite à poursuivre les efforts engagés dans la prévention de la consommation d’alcool, en restant vigilant aux inégalités sociales de santé.
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