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Que peut-on espérer du nouveau ministre de la Santé ? (Communiqué)

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À accumuler les déceptions, les médecins auraient tendance à ne rien vouloir attendre ou espérer de nos administrations de tutelle. La situation sanitaire et sociale ne connaît pas d’améliorations et cela n’est sans doute pas étranger au fait que le ministre de la Santé change une nouvelle fois.

On a beau dire sur les plateaux télé et radio qu’on est « serein » et que « tout ne va pas mal », les soignants, les établissements, les élus locaux tentent chaque jour de résoudre une équation impossible : assurer un accès continu à des soins de qualité sans les professionnels de santé suffisants, lutter contre une démographie médicale et paramédicale en berne sans une amélioration notable de l’attractivité des carrières hospitalières et libérales.

Cela fait bientôt 18 mois qu’Emmanuel Macron a été réélu président de la République. 18 mois que Jeunes Médecins, premier syndicat représentatif des internes et des jeunes praticiens, porte la voix de ses 5000 adhérents toutes spécialités et tous types d’exercice confondus.

18 mois de mobilisation pour la revalorisation du tarif de la consultation des médecins libéraux notamment en médecine générale, pour la récupération des 4 ans d’ancienneté perdus pour les jeunes PH après le Ségur de la santé, pour l’amélioration des conditions de formation des internes et contre la création d’une 4e année d’internat de médecine générale sans aucune garantie ni plus-value pour les futurs médecins, pour une clarification du statut des PADHUE afin de reconnaître leur investissement et leurs compétences à la même hauteur que leurs collègues hospitaliers, contre la financiarisation du système de santé et contre les mesures coercitives inefficaces.

18 mois de travaux ministériels avortés parce qu’il n’y a jamais le budget, de concertations qui n’en ont souvent que le nom, de grèves et de manifestations pour dénoncer la dégradation des conditions de prise en charge et le mal-être des soignants.

18 mois de combats judiciaires également, qui ont permis à Jeunes Médecins de faire reconnaitre l’obligation pour les hôpitaux de décompter le temps de travail des internes et médecins et aussi d’obliger le Ministère de la Santé et la CNAM à intégrer notre syndicat – jusqu’alors ostracisé – aux négociations conventionnelles.

Après ces 18 mois à se battre tous les jours pour obtenir si peu, que peut-on espérer du nouveau et troisième ministre de la Santé ? Quand on pose la question chez Jeunes Médecins, on est plutôt dubitatifs.

Il est l’un des rares ministres de la Santé d’Emmanuel Macron qui ne soit pas médecin (contrairement à Agnès Buzyn, Olivier Véran, François Braun) et bien que cela n’ait rien à voir avec la qualité du travail, il est difficile de ne pas y voir un message. Ce qui se dessine derrière cette nomination, c’est une reprise en main de la politique de santé par la haute fonction publique. Comme Thomas Fatôme, Marguerite Cazeneuve, Nicolas Revel, il est « du sérail », haut-fonctionnaire, passé par de multiples cabinets ministériels et notamment Matignon, avant de prendre un poste clé dans l’élaboration des politiques de santé.

Chez Jeunes Médecins, on ne cache pas son scepticisme à l’égard des visions technocratiques dont le système de santé a trop souvent fait les frais ces dernières décennies. Mais c’est un fait : les ministres « hors-système » peinent à faire bouger les administrations et les dossiers. On peut donc imaginer qu’il y ait derrière cette nomination une volonté que les choses avancent.

Pour le reste, il y a peu d’espoir de constater un revirement dans la politique de santé. D’abord, parce que le Président de la République n’a donné aucun signe en ce sens. Ensuite, parce qu’Aurélien Rousseau était il y a encore quelques jours à Matignon le bras droit de celle qui dirige la politique du Gouvernement, et qu’à l’heure où les professionnels de santé français sont parmi les moins bien payés des pays développés, ce Gouvernement n’a revalorisé la consultation en secteur 1 que de 1,5€ et appelle à au moins 10 milliards d’euros d’économies pour le prochain budget y compris dans les dépenses de santé.

On lit ici ou là qu’il est « courageux », qu’il est « inventif », qu’il est « de gauche », mais il est avant tout membre d’un Gouvernement qui peine à donner les gages d’une orientation sociale de la politique de santé !

Alors que les médecins demandent la reprise des négociations conventionnelles et la revalorisation du statut de praticien hospitalier depuis des mois, Jeunes Médecins souhaite être reçu rapidement par le nouveau ministre afin d’échanger sur la direction et les moyens qu’il souhaite donner à la politique nationale de santé, une politique qui doit avant tout être construite avec les jeunes et futurs médecins.

Contacts : president@jeunesmedecins.fr / jm.aff.publiques@gmail.com

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