Les Hospices Civils de Lyon et l’Université Claude Bernard Lyon 1 ont appris, avec beaucoup de tristesse, le décès, ce mercredi 9 août, du Professeur Véronique TRILLET-LENOIR, ancienne cheffe du service d’oncologie médicale de l’hôpital Lyon Sud, où elle exerçait encore alors qu’elle avait été élue députée européenne en 2019. Femme forte et d’engagement, elle aura dévoué sa carrière et sa vie entière à la lutte contre le cancer.
L’oncologue lyonnaise et eurodéputée engagée sur les questions de santé Véronique TRILLET-LENOIR est décédée, ce mercredi 9 août, à l’âge de 66 ans. Née le 12 juin 1957, elle a réalisé toute sa carrière aux Hospices Civils de Lyon et à l’université Claude Bernard Lyon 1, depuis son internat de 1981 à 1986, jusqu’à ses responsabilités de chef de service toujours aux plus près de ses patients. Elue députée européenne en 2019, elle avait tenu à conserver une activité clinique parallèle. « En m’occupant des patients, je ne perds jamais de vue le sens de ce que je fais. En dehors de l’hôpital, leur image m’accompagne partout et me rappelle pourquoi je suis là et pourquoi je fais les choses ».
La lutte contre le cancer, une évidence
Véronique TRILLET-LENOIR effectue ses études à la Faculté de
médecine de l’Université Claude Bernard Lyon 1, où elle obtient
un doctorat d’état en médecine en 1985. Pendant ses études de médecine, la jeune femme s’oriente très vite vers la cancérologie, guidée par l’envie de s’attaquer à la maladie et de se « confronter à un ennemi puissant, qui tue à l’époque énormément ». A l’issue de son internat et bien avant l’apparition des thérapies ciblées, elle participe – aux côtés des cliniciens chercheurs du MD Anderson Cancer Center à Houston, Texas – au développement de tests prédictifs de sensibilité des tumeurs à la chimiothérapie.
A son retour à Lyon, elle devient assistante chef de clinique puis praticien hospitalier dans le service de pneumologie de l’hôpital Louis Pradel – HCL. Le Pr Jean BRUNE, chef du service de l’époque, confie à la jeune Véronique le développement d’une activité d’oncologie thoracique spécifique, à l’heure où l’oncologie médicale n’existe pas encore en tant que spécialité à part entière. Elle y développa une expertise, internationalement reconnue, dans une variété rare de cancer bronchique, le carcinome neuro-endocrine à petites cellules.
Enrichie de cette expérience pionnière et nommée PU-PH en 1993, elle sera à l’origine de la création et de l’évolution du service d’oncologie médicale au sein de l’hôpital Lyon Sud – HCL, et participera également à développer la recherche clinique au travers notamment de la création de l’actuelle plateforme de recherche de l’Institut de Cancérologie des HCL. « J’étais chef du service de pneumologie de Lyon Sud à cette époque et par la force des choses, du fait notamment de la présence sur le site de l’activité de radiothérapie, nous réalisions régulièrement des chimiothérapies dans le service, se souvient le Pr Pierre-Jean SOUQUET, pneumologue à l’hôpital Lyon Sud. En 1993, Véronique a commencé à structurer l’offre de soins en cancérologie, d’abord à l’aide d’une unité mobile sur laquelle elle était accompagnée d’un interne. Elle se déplaçait dans les services et prenait en charge les patients d’oncologie générale ». Avec une équipe progressivement étoffée, l’unité mobile s’est muée en un service en 2003, dont elle a logiquement pris la chefferie.
D’abord installé au sein du pavillon Marcel Bérard (12 lits) en 2005, puis au pavillon médical de Lyon Sud en 2014, le service compte aujourd’hui une quinzaine de médecins, 22 lits d’hospitalisation conventionnelle et un hôpital de jour (40 patients/jour), ainsi qu’une équipe de recherche (16 ARC et infirmières de recherche). « C’est avec le renfort de nombreux élèves et collaborateurs et à la force d’un investissement inlassable mais aussi grâce à ses qualités humaines et son côté visionnaire que Véronique TRILLET-LENOIR a développé au fil des ans un service devenu tripolaire (Hôpitaux Lyon Sud, Croix-Rousse et Pierre Wertheimer) et qui forme depuis un an avec le CHU de St Etienne, une Fédération Inter-Hospitalière de Cancérologie », complète le Pr Gilles FREYER, actuel chef du service d’oncologie médicale de Lyon Sud.
Une femme de conviction
L’enseignement a d’abord complété la palette de Véronique TRILLET-LENOIR. D’abord chargée de l’enseignement de l’oncologie au sein de l’UFR Lyon Sud de l’Université Claude Bernard, elle est également devenue professeure associée de la Faculté de médecine de l’Université Jiao-Tong de Shanghai en 2018, où elle a contribué à la mise en place du premier programme de master en cancérologie.
Si elle disait avoir l’impression de remplir sa mission au travers des volets Soin-Enseignement-Recherche, l’oncologue souhaitait porter la lutte contre le cancer plus haut, pour faire bouger les lignes. Au début des années 2000, elle a été à l’origine de la création du Centre de Coordination en Cancérologie (3C) des HCL, qui visait à mieux structurer la prise en charge des patients atteints de cancer au sein des HCL.
En 2010, elle a été la première à présider le Conseil national de cancérologie, avant d’être nommée à la présidence du comité de direction du Cancéropôle Lyon Auvergne Rhône-Alpes (Clara) mais également présidente des Rencontres de la cancérologie Francaise (RCFr) en 2012.
La politique s’est imposée comme une suite logique à son engagement sans faille. D’abord conseillère régionale en Auvergne Rhône-Alpes, elle est députée européenne (Renew Europe) en 2019 où elle était membre de la commission de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire, de la sous-commission de la santé publique, et de la commission spéciale sur le Covid-19 du Parlement.
S’appuyant sur son parcours universitaire et clinique pour mener son combat politique, Véronique TRILLET-LENOIR avait contribué en 2022, en tant que rapporteure de la commission spéciale Beating Cancer (BECA), à l’élaboration de recommandations sur la mise en place d’une stratégie européenne coordonnée en matière de lutte contre le cancer.
En 2008, Véronique TRILLET-LENOIR avait été promue au grade de chevalier de l’ordre national de la Légion d’honneur, et de l’ordre national du mérite en 2016.
Les Hospices Civils de Lyon et l’Université Claude Bernard Lyon 1 saluent son engagement et s’associent à la douleur de ses proches et de ses collègues, confrères et amis.
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