Le BEH n°17 a été publié le mardi 5 septembre.
Ce numéro comprend 3 articles :
- Grossesse et alcool : évolution des connaissances et perceptions des Français entre 2004 et 2020, Guillemette Quatremère et coll., Santé publique France
La consommation d’alcool pendant la grossesse comporte des risques pour le développement du fœtus. Par principe de précaution, il est recommandé de ne pas boire d’alcool pendant toute la durée de la grossesse et d’éviter de consommer pendant l’allaitement. L’objectif de cette étude est de décrire l’évolution des connaissances et perceptions des Français à ce sujet, entre 2004 et 2020.
Les données utilisées sont issues d’une enquête téléphonique transversale répétée en France métropolitaine en 2004, 2007, 2015, 2017 et 2020 auprès d’un échantillon construit selon la méthode des quotas de 1 000 personnes par vague, âgées de 15 ans et plus.
La recommandation du repère « zéro alcool pendant la grossesse » s’est progressivement installée dans les représentations du public : 90% des personnes interrogées la connaissent en 2020 (+10 points entre 2004 et 2020), sans différence selon le sexe. Presque la moitié (46%) déclare qu’il existe un risque dès le premier verre (+24 points). La proportion de ceux qui déclarent qu’un verre pour les grandes occasions ne comporte pas de risque a été divisée par deux entre 2004 et 2020 (48% vs 25%). Des différences sociodémographiques demeurent en 2020. La principale source d’information des femmes était les proches (42%), suivis par les professionnels de santé (38%) et les médias (37%).
Malgré des améliorations, il existe encore un écart entre la connaissance du « zéro alcool pendant la grossesse » et les perceptions des niveaux de consommation à risque pour des faibles quantités. Il apparaît nécessaire de continuer à communiquer auprès d’un public large.
- Les accidents vasculaires cérébraux et syndromes coronaires aigus de la grossesse et du post-partum en France, l’étude nationale Conception, Valérie Olié et coll., Santé publique France
Malgré les effets potentiellement dévastateurs des accidents vasculaires cérébraux (AVC) et des syndromes coronaires aigus (SCA) survenant pendant la grossesse, peu d’études ont évalué le fardeau de ces pathologies en France. Notre objectif était de décrire le taux d’incidence des AVC et des SCA lors de la grossesse, le péri-partum et le post-partum, puis d’étudier les facteurs associés à la survenue de ces événements.
Les données sont issues de la cohorte Conception constituée à partir des données du Système national des données de santé. Toutes les femmes âgées entre 15 et 49 ans et ayant accouché en France entre 2010 et 2018 ont été incluses. Les données sociodémographiques, les antécédents médicaux, le type d’AVC et de SCA ont été répertoriés. Des modèles de Poisson ont été utilisés pour estimer l’incidence annuelle des différents types d’AVC et de SCA. Des régressions logistiques ont permis d’étudier les facteurs associés à la survenue de ces pathologies.
Entre 2010 et 2018, en France, 1 261 AVC et 225 SCA sont survenus dans un contexte de grossesse, soit une incidence respective de 24,0 et 4,3 pour 100 000 personnes-années. Parmi les AVC : 42,9% étaient ischémiques, 41,9% étaient hémorragiques et 17,4% étaient des thromboses veineuses cérébrales. L’incidence de tous les types d’AVC et de SCA était plus élevée lors du péri-partum (séjour d’accouchement) et du post-partum (de la sortie du séjour d’accouchement à 6 semaines post-partum) que lors de la grossesse (du début de la grossesse au séjour d’accouchement). L’incidence de ces pathologies était liée à l’âge, mais également à un faible niveau socio-économique avec une incidence plus élevée de ces pathologies chez les femmes bénéficiaires de la couverture maladie universelle complémentaire. Les troubles hypertensifs de la grossesse et l’hypertension artérielle chronique, le tabac et l’obésité étaient les principaux facteurs modifiables associés aux AVC et au SCA dans notre étude.
En France, un AVC survient toutes les 5 000 grossesses et un SCA toutes les 23 000 grossesses. Des mesures de prévention doivent être promues plus intensément, au vu des facteurs de risques cardiovasculaires modifiables impliqués dans la survenue de ces maladies cardiovasculaires chez les femmes enceintes.
- Couverture vaccinale contre la grippe des femmes enceintes, propositions de vaccination et étude des déterminants, France métropolitaine, 2019-2021, Sophie Vaux et coll., Santé publique France
Notre étude vise à estimer la couverture vaccinale (CV) contre la grippe chez les femmes enceintes et à explorer les déterminants socio-économiques associés. Les objectifs secondaires visent à estimer la proportion de femmes enceintes qui déclarent avoir reçu une proposition de vaccination contre la grippe par un médecin ou une sage-femme ainsi que la proportion de femmes enceintes ayant suivi cette recommandation et les déterminants associés.
Les données ont été recueillies lors de l’enquête Baromètre de Santé publique France réalisée en 2021. Les femmes avec un enfant de moins de 3 ans ont été interrogées sur la vaccination contre la grippe au cours de leur dernière grossesse. Les déterminants ont été étudiés par régressions de Poisson multivariées.
Au total, 731 femmes ont été interrogées. La CV antigrippale des femmes enceintes entre 2019 et 2021 a été estimée à 21,1% (intervalle de confiance à 95%: [17,9-24,8]). Elle était de 21,4% [16,4-27,4] pour celles avec un enfant de moins de 1 an à 30,6% [23,8-38,4] pour celles avec un enfant de 1 an et majoritairement enceintes après l’émergence du SARS-CoV-2 et de 12,4% [8,4-17,8] pour celles avec un enfant de 2 ans et majoritairement enceintes avant la pandémie. Elle était significativement plus élevée pour les femmes ayant des revenus élevés (31,8% [24,7-39,8]) avec une activité professionnelle (26,2% [22,0-30,9]) que pour celles au chômage (10,7% [6,6-16,6]), et celles résidant dans les agglomérations de plus de 200 000 habitants ou dans l’agglomération parisienne (25,8% [20,6-31,8]). La vaccination a été proposée par un médecin ou une sage-femme à 36,9% [32,8-41,1] des femmes et moins fréquemment pour les femmes de faible revenu, celles au chômage ou sans activité professionnelle. Enfin, la vaccination était plus fréquemment proposée après l’émergence du SARS-CoV-2.
La CV antigrippale des femmes enceintes reste très insuffisante en France au regard de l’objectif de vaccination de 75%. La CV, ainsi que la proposition de vaccination, sont marquées par les inégalités sociales de santé.