A l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale, le 10 octobre, l’UNICEF France et une douzaine d’associations de la société civile adressent une lettre ouverte à la Première ministre Elisabeth Borne pour rappeler l’urgence d’adopter une stratégie nationale interministérielle ambitieuse pour la santé mentale des enfants et des jeunes.
Alors que les données ne manquent pas pour illustrer une dégradation inquiétante de l’état de santé mentale des enfants et des jeunes – notamment depuis la crise du Covid-19 –, force est de constater que les efforts du gouvernement sont insuffisants au regard des besoins et du retard accumulé.
Ainsi, en 2021, près d’un jeune sur cinq aurait traversé un épisode dépressif ; un chiffre en augmentation de 80 % par rapport à 2017. Le nombre d’appels passés à SOS Amitié par des jeunes de moins de 14 ans en détresse a, lui, augmenté de 40 %. A Mayotte, la dépression touche 26 % des filles et 23 % des garçons de 15 à 19 ans. Le consensus scientifique, médical et social sur la détérioration de cette problématique de santé publique est indiscutable et les statistiques pour en démontrer l’urgence sont innombrables.
Face à ces chiffres alarmants et à la succession de nombreuses actualités tragiques en Une des médias, le 27 septembre dernier, Elisabeth Borne avait déclaré que « la santé mentale des jeunes victimes de harcèlement, et plus généralement de tous les jeunes, est une priorité ». Pourtant la santé mentale des jeunes générations fait l’objet de mesures sporadiques et désaccordées sans pour autant constituer une stratégie interministérielle ou un plan d’urgence qui sont absolument essentiels. Il n’en demeure pas moins que ces jeunes sont les adultes de demain.
Les besoins en matière de prévention, de détection des troubles, de prise en charge, d’accès et de qualité des soins et d’accompagnement explosent mais demeurent sans réponse et laissent démunis enfants, familles et professionnels de la santé et de l’éducation. Des solutions coordonnées doivent leur être apportées sans délai.
L’UNICEF France et les associations cosignataires appellent donc le gouvernement à garantir la tenue des Assises de la pédiatrie et de la santé de l’enfant – maintes fois reportées au cours des derniers mois – en portant une attention particulière à la santé mentale. Ces Assises doivent aboutir à l’établissement de mesures fortes et ambitieuses et inscrire cette priorité de santé publique dans une dynamique interministérielle et intersectorielle.
« La santé mentale constitue évidemment un enjeu de santé publique, mais il s’agit d’abord d’un droit fondamental pour chaque enfant. Alors que la situation ne cesse de s’aggraver, je réitère notre appel pour que la santé mentale soit une priorité absolue afin que chaque enfant puisse bénéficier du soutien et des soins dont il a besoin », appelle Adeline Hazan, présidente de l’UNICEF France.
Notes :
L’UNICEF France et les associations signataires ont formulé 10 recommandations au gouvernement :
« 10 mesures clés pour agir urgemment en faveur de la santé mentale des enfants »
- Elaborer une Stratégie nationale en faveur de la santé mentale des enfants et des jeunes ;
- Développer l’obtention de données détaillées sur la santé de l’enfant et de l’adolescent ;
- Augmenter les ressources allouées aux services de soins, en particulier la pédopsychiatrie, en prévoyant des financements pérennes à la hauteur des besoins ;
- Renforcer les dispositifs de prévention et de soutien à la parentalité et mettre en place des dispositifs de soutien aux aidants ;
- Mettre en place des campagnes de sensibilisation en faveur d’une vision positive de la santé mentale et promouvoir la santé mentale dans tous les espaces de vie des enfants ;
- Soutenir la coordination des différents corps de métiers contribuant au bien-être et au développement de l’enfant ;
- Renforcer les dispositifs d’aller vers les enfants les plus éloignés du système de prise en charge, notamment par le biais des équipes mobiles de pédopsychiatrie et de la médiation en santé ;
- Garantir une adaptation des Stratégies nationales et des dispositifs de prise en charge en fonction des besoins de chaque territoire, en portant une attention spécifique sur les enfants des territoires d’Outre-mer ;
- Créer des dispositifs de participation des enfants et des jeunes dans leurs parcours de soins, mais aussi en concertation avec les proches/la famille des enfants et des jeunes ;
- Améliorer le dispositif Mon soutien Psy afin que les enfants, en particulier les plus vulnérables puissent en bénéficier.
Accéder au texte de la lettre ouverte ICI.
Contacts presse :
- Carine Spinosi – cspinosi@unicef.fr
- Estelle Flabat – eflabat@unicef.fr
- Clarisse Buguet – cbuguet@unicef.fr