Le Sénat a adopté hier la suppression de l’Aide médicale d’Etat qui permet aux étrangers en situation irrégulière de bénéficier d’une prise en charge des soins médicaux et hospitaliers. La FHF dénonce avec force une suppression qui risquerait d’avoir des conséquences dramatiques sur un système de santé qui se trouve déjà en grande souffrance. Elle appelle l’Assemblée nationale qui se penchera sur le texte à partir du 11 décembre à rétablir ce dispositif protecteur essentiel et rappelle que la Première Ministre a confié le 8 octobre dernier à Patrick Stefanini et Claude Evin une mission pour évaluer si des adaptations de l’aide médicale d’État (AME) étaient nécessaires.
UNE HÉRÉSIE HUMANITAIRE, SANITAIRE ET FINANCIÈRE
La suppression de l’AME entraînerait des risques majeurs en matière de santé publique. La conduite d’une politique de santé publique cohérente, notamment dans la lutte contre des maladies contagieuses, implique nécessairement d’assurer le suivi médical et la prise en charge des personnes en situation irrégulière, qui sont souvent plus précaires et sujettes aux maladies infectieuses. Supprimer l’AME revient à affaiblir notre système de santé, à rebours du virage préventif souhaité par tous les acteurs de la santé. Les leçons de la pandémie de COVID-19 semblent oubliées.
Sur le plan financier, la suppression de l’AME fragiliserait de façon extrêmement forte un hôpital public soumis à de fortes tensions budgétaires. La suppression de l’AME priverait en effet l’hôpital public des financements associés à la prise en charge des personnes malades, qui continueraient d’être soignées. Plus largement, l’ensemble de la communauté scientifique, médicale et économique s’accorde à dire qu’une prise en charge précoce des problèmes de santé est souvent moins onéreuse qu’une prise en charge tardive. Une réduction de l’accès aux soins de premier recours des bénéficiaires de l’AME impliquerait un report de la prise en charge dans une phase plus aiguë, aux effets désastreux pour les personnes et à un coût très élevé pour les hôpitaux.
La suppression de l’AME placerait également les soignants et professionnels de santé dans une situation de dilemme éthique et déontologique inacceptable : refuser des soins nécessaires et un soulagement de la souffrance ou soigner en dégradant la situation budgétaire de leur établissement.