Les lois de santé successives ont placé le médecin généraliste traitant comme pivot du système de santé. Plus récemment, la loi a favorisé la constitution d’équipes coordonnées de soins primaires. Cette volonté politique affichée est cohérente avec les données de la science*. Un système de soins hiérarchisé, avec des soins primaires, secondaires et tertiaires coordonnés et complémentaires, permet de délivrer le juste soin en fonction des besoins et ainsi optimiser l’utilisation des ressources médicales. Il est pourtant aujourd’hui remis en cause.
Aujourd’hui, dans de nombreux territoires, les médecins généralistes font face à des délais importants pour obtenir une prise en charge kinésithérapeutique ou avec un médecin d’une autre spécialité pour les patients pour lesquels il jugeait ce recours nécessaire. L’accès direct pourrait alors aggraver les problèmes d’accès aux soins et conduire à la saturation du système. Si cela devait tout de même être mis en place, alors une évaluation serait impérative.
Chaque professionnel de santé possède des compétences, des rôles et une utilité propre. Certains rôles peuvent bien sûr être partagés entre différents professionnels, mais il est alors nécessaire que les prises en charge soient coordonnées. Les médecins généralistes sont favorables à une évolution de leur métier, mais ils ont besoin de perspectives claires, sans quoi les étudiants comme les professionnels actuels s’éloigneront de cet exercice, ce qui contribuera à renforcer les difficultés d’accès aux soins. Il est donc urgent de redéfinir de manière concertée la place et les rôles de chacun.
Il n’y a pas de recette miracle, mais il existe des pistes afin de libérer du temps médical : favoriser l’embauche d’assistants médicaux en tenant compte des différents freins, rationaliser le recours aux soins, supprimer de nombreux certificats inutiles ou encore permettre l’auto-déclaration pour les arrêts de travail de moins de 3 jours (dans la limite de 7 jours par an) à l’instar de plusieurs autres pays.
Enfin, le patient doit être replacé au cœur de sa prise en charge. Il s’agit de l’autonomiser et de développer ses compétences, avec par exemple le déploiement de programmes ambitieux de prévention et d’éducation à la santé. Le sanctionner sera alors l’ultime recours.
*D’après Barbara Starfield un système de santé orienté sur les soins primaires est associé à de moindres coûts, une plus haute satisfaction de la population, un meilleur niveau de santé et une moindre utilisation de médicaments. (https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/7934497/)
Hogne Sandvik a montré quant à lui que l’ancienneté du suivi avec son médecin généraliste est associée à une moindre utilisation des soins d’urgence, à un taux moindre d’hospitalisation en urgence et in fine à une moindre mortalité ! (https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34607797/)
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