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Bulletin épidémiologique hebdomadaire n°23-24 (Document)

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Le BEH n°23-24, paru mardi 26 novembre 2024, comprend 1 éditorial et 6 articles.

Résumé du contenu :

Éditorial – Toucher les plus éloignés du système de santé reste le plus grand enjeu de la lutte contre le VIH, Hugues Cordel, Hôpital Avicenne AP-HP, Société française de lutte contre le sida, Bobigny

Niveau d’usage des autotests de dépistage pour le VIH et ses déterminants chez les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes en France, 2023, Delphine Rahib et coll., Santé publique France, Saint-Maurice

Introduction – Disponibles en pharmacie depuis 2016, les autotests VIH (ATVIH) sont vendus à environ 65 000 unités par an en France. Les produits se sont diversifiés et leur prix s’est réduit au fil des années. Des distributions gratuites portées par des associations dans les lieux de convivialité, mais aussi en ligne, ont été mises en place. Après sept ans de disponibilité et une démocratisation de l’usage des outils d’autodépistage lors de la pandémie de Covid-19, le profil des utilisateurs de cet outil de dépistage reste peu connu. L’objectif de cet article est de décrire les caractéristiques des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) qui ont utilisé un ATVIH au cours de la dernière année et les facteurs associés à cette utilisation.

Méthode – Les données sont issues de l’Enquête rapport au sexe 2023 (Eras), enquête en ligne transversale et anonyme, auto-administrée et basée sur le volontariat.

Résultats – L’usage d’un ATVIH au cours des 12 derniers mois a été déclaré par 14,3% des hommes et 4,0% l’ont utilisé pour leur dernier test. Les facteurs associés à l’utilisation des ATVIH sont : un niveau d’étude équivalent au bac ou inférieur, l’existence de difficultés financières, l’utilisation régulière d’applications de rencontre gay, le fait de ne pas être suivi régulièrement par un médecin et de faire plusieurs tests du VIH par an.

Discussion – L’accès aux ATVIH fait partie intégrante de l’accès au système de soin et leur mise à disposition doit être pensée comme un élément de l’action de santé publique visant à diversifier les accès au dépistage dans le but de réduire le nombre de personnes ignorant leur statut sérologique.

Évaluation de la notoriété de Sexosafe, dispositif de marketing social dédié aux hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, Zoé Chameau et coll., Santé publique France, Saint-Maurice

Introduction – Les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) restent une population disproportionnellement touchée par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) et les autres infections sexuellement transmissibles (IST). Depuis 2016, Sexosafe est le dispositif de marketing social en santé sexuelle destiné aux HSH, coordonné par Santé publique France. Son but est d’inciter à adopter des comportements favorables à la santé sexuelle. L’objectif de cet article est d’évaluer la notoriété de ce dispositif.

Méthodes – Différents indicateurs sont mobilisés pour cette évaluation, provenant de deux sources : les bilans média 2022, c’est-à-dire les bilans de l’achat d’espace publicitaire, et les résultats de l’Enquête transversale rapport au sexe 2023 (Eras).

Résultats – En 2022, la promotion de Sexosafe a généré 57 millions d’impressions publicitaires en ligne et atteint 9,4 millions de comptes sur les réseaux sociaux. 23 000 personnes ont été en contact avec une des 36 actions de terrain et 1 300 entretiens ont été effectués. Selon l’enquête Eras, 31,5% des répondants connaissent Sexosafe dont 86,9% identifient le site web, 49% les comptes sur les réseaux sociaux, et 19% les actions de terrain. Ceux qui connaissent le dispositif sont généralement plus diplômés, plus proches de la scène gay et du soin, plus multipartenaires et plus proches des recommandations de santé.

Conclusion – Pour la première fois en 2023, Eras a intégré des éléments d’évaluation du dispositif Sexosafe, première pierre d’un dispositif d’évaluation plus complet, que la prochaine édition 2026 permettra de construire. Le nombre de partenaires est positivement corrélé à la connaissance du dispositif, ce qui démontre que celui-ci touche les personnes les plus concernées par la prévention du VIH et des IST, avec un comportement plus favorable à la santé sexuelle. Une attention renouvelée devra toutefois être portée au ciblage des populations jeunes, nées à l’étranger, éloignées des grands centres urbains et de la scène gay, en digital comme sur le terrain.

Déploiement du dispositif VIHTest en France, Mélanie Martel et coll., Santé publique France – Normandie, Rouen

Introduction – Le dispositif VIHTest est effectif depuis le 1er janvier 2022. Ainsi, chaque assuré social qui se présente dans un laboratoire pour faire un test de dépistage du virus de l’immunodéficience humaine (VIH) dans le cadre de l’offre fait l’objet de la même prise en charge qu’un patient qui se présenterait avec une prescription médicale. Cette offre supplémentaire fait suite aux résultats positifs de l’expérimentation « Au labo sans ordo » (Also). L’objectif de cet article est de décrire le déploiement et la montée en charge de ce dispositif entre janvier 2022 et décembre 2023 en France.

Méthode – Les données sont issues du Système national des données de santé (SNDS). L’évolution du déploiement est présentée en France entière, par sexe, classe d’âge et par région.

Résultats – Le dispositif monte en charge avec une part des VIHTest représentant 5% des tests VIH remboursés en 2022 et près de 15% en 2023. Les hommes sont surreprésentés par rapport à l’ensemble des tests remboursés, ainsi que les 40-59 ans. Des disparités régionales existent avec des régions présentant un taux de VIHTest plus important.

Conclusion – Le déploiement du dispositif s’accélère sur l’ensemble du territoire et semble toucher une population différente de celle se faisant dépister sur prescription. Cependant, l’hétérogénéité dans la mise en œuvre de VIHTest selon les régions renforce le besoin d’harmoniser la promotion du dispositif, en particulier auprès de la population ciblée par les recommandations de dépistage du VIH de la Haute Autorité de santé (HAS).

Étude du profil des bénéficiaires du dispositif VIHTest, dépistage sans frais et sans ordonnance du VIH dans cinq régions françaises, Sarah Brunet et coll., Santé publique France – Normandie, Rouen

Introduction – Depuis le 1er janvier 2022, le dépistage du virus de l’immunodéficience humaine (VIH) sans frais et sans ordonnance est disponible dans tous les laboratoires de ville via le dispositif VIHTest. L’offre a été généralisée, compte tenu des résultats de l’expérimentation « Au labo sans ordo » (Also). Une enquête de Santé publique France a été déployée dans cinq régions afin de monitorer le déploiement de ce dispositif.

Méthodes – Une enquête transversale a été menée du 15 septembre 2023 au 15 mars 2024 au sein d’une sélection de laboratoires volontaires en Grand Est, Normandie, Occitanie, Guadeloupe et Martinique. Un auto-questionnaire anonyme en ligne était proposé par les laboratoires aux assurés sociaux de plus de 18 ans qui réalisaient un dépistage du VIH. Le profil des usagers VIHTest a été comparé à celui des personnes dépistées par ordonnance à l’aide d’une régression logistique multivariée, ajustée sur le genre, l’orientation sexuelle, l’âge et les variables avec un p≤0,2 en univarié. Les résultats ont été analysés dans chaque région séparément.

Résultats – Au total, 6 531 questionnaires ont été analysés dont 2 004 (30,7%) tests prescrits et 4 257 (69,3%) VIHTest. En comparaison de la population dépistée sur ordonnance, l’offre VIHTest attirait une population plus âgée. Le reste des caractéristiques associées à l’offre VIHTest différait selon la région. À titre d’exemple, en Occitanie et en Normandie, les usagers de VIHTest avaient moins d’antécédents de dépistage du VIH et présentaient moins de facteurs d’exposition sexuelle que les usagers de tests prescrits.

Conclusion – Notre enquête a montré que le profil des utilisateurs de VIHTest varie d’une région à l’autre, et diffère du profil des utilisateurs de l’expérimentation Also. Elle a fourni d’autres informations intéressantes sur le déploiement de l’offre. L’hétérogénéité des résultats selon les régions soutient et renforce la nécessité d’une gestion locale de l’offre. Elle a également permis de mettre en évidence le rôle central joué par les laboratoires dans la promotion et le déploiement de VIHTest. Ces résultats ouvrent des pistes de réflexion intéressantes, notamment avec l’élargissement du dispositif aux autres IST pour les moins de 26 ans.

Part des contaminations après l’arrivée, en France parmi les personnes nées à l’étranger découvrant leur infection à VIH, France, 2012-2022, Amber Kunkel et coll., Santé publique France, Saint-Maurice

Introduction – Une majorité des personnes découvrant leur infection au VIH en France en 2022 étaient nées à l’étranger, mais des études antérieures ont suggéré qu’une part importante de ces infections ont lieu après la migration.

Méthodes – Dans cette étude, nous avons appliqué un modèle mathématique aux données de la déclaration obligatoire (DO) du VIH en France, afin d’estimer la part des contaminations après l’arrivée en France parmi les personnes nées à l’étranger découvrant leur séropositivité en France. Nous avons estimé cette proportion annuellement entre 2012 et 2022 en fonction du mode de contamination, du lieu de naissance et de la région de domicile.

Résultats – Globalement, nous estimons que 45% des personnes nées à l’étranger et découvrant leur séropositivité en France ont été contaminées après leur arrivée. Cette proportion est plus faible chez les personnes contaminées par rapports hétérosexuels (environ 40-45% selon l’année du diagnostic) et celles nées en Afrique subsaharienne (environ 40%). Elle est plus élevée chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (environ 60%) et chez les personnes nées dans des zones géographiques autres que l’Afrique subsaharienne, les Amériques ou l’Europe (environ 65%). Les régions de domicile où cette proportion était la plus élevée en 2022 sont la Guadeloupe/Saint-Barthélemy/Saint-Martin (65%), la Guyane (51%), et l’Île-de France (50%).

Discussion – Près de la moitié des personnes nées à l’étranger et découvrant leur séropositivité en France ont été contaminées après leur arrivée sur le territoire national. Cette proportion varie selon le mode de contamination, le pays d’origine et la région de domicile. Ces estimations pourraient permettre une approche plus adaptée de la prévention et de la prise en charge du VIH chez les personnes nées à l’étranger.

Qui sont les personnes ayant développé, un sida en France depuis 2012, malgré l’existence de traitements efficaces ? Françoise Cazein et coll., Santé publique France, Saint-Maurice

Introduction – Malgré l’efficacité de la prise en charge de l’infection au virus de l’immunodéficience humaine (VIH), plusieurs centaines de cas de sida sont encore diagnostiqués chaque année en France. L’objectif de cet article est de décrire les nouveaux diagnostics de sida de 2012 à 2023, à partir de la déclaration obligatoire du sida.

Matériel et méthode – L’analyse a porté sur les nouveaux diagnostics de sida entre 2012 et 2023, déclarés au 30 juin 2024.

Résultats – Le nombre estimé de diagnostics de sida a diminué de 2012 (environ 1 200 cas) jusqu’en 2020 (environ 750), puis s’est stabilisé autour de 800 cas par an. La moitié des personnes diagnostiquées étaient nées en France. La part des personnes de 50 ans et plus a augmenté jusqu’en 2023, et la proportion des diagnostics de sida sur la base de pathologies inaugurales multiples a augmenté entre 2012 et 2021. Sur l’ensemble de la période, 62% des diagnostics de sida sont survenus chez des personnes ignorant leur séropositivité avant le sida, et 18% qui, bien que leur infection à VIH soit connue, n’avaient pas reçu d’antirétroviraux (ARV). La part des personnes diagnostiquées mais non traitées a diminué de 2012 à 2019, puis s’est stabilisée. La part des personnes ignorant leur séropositivité a augmenté jusqu’en 2019 puis a diminué de 2019 à 2023. Les personnes diagnostiquées non traitées, nées à l’étranger, étaient arrivées en France depuis un délai médian de 8 ans. Leur première sérologie positive avait été réalisée en France pour les trois quarts d’entre elles.

Discussion-conclusion – Ces données confirment que la majorité des cas de sida surviennent chez des personnes qui ignoraient leur séropositivité, soulignant l’importance de l’amélioration du dépistage dans la lutte contre le sida. Cependant, l’observation d’une part non négligeable de diagnostics de sida chez des personnes connaissant leur séropositivité, mais non traitées par ARV, montre qu’un renforcement du lien au soin reste nécessaire pour une partie des découvertes de séropositivité.

Service presse : Santé publique France – presse@santepubliquefrance.fr

www.santepubliquefrance.fr

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