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Bulletin épidémiologique hebdomadaire n°3 et 4 (Documents)

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Santé Publique France vient de publier le BEH n°3 – 4, mardi 4 février 2025. 

Ce numéro comprend 5 articles.

Résumé du contenu :

Prévention du cancer du col de l’utérus en France : état des lieux de la vaccination et du dépistage et analyse des disparités territoriales, 2020-2023, Céline Audiger et coll., Santé publique France, Saint-Maurice

Le cancer du col de l’utérus (CCU) reste un problème de santé publique majeur en France, avec environ 3 100 nouveaux cas et 1 100 décès annuels. Ce cancer, lié au papillomavirus humain (HPV), est évitable grâce à la vaccination anti-HPV et au dépistage. La vaccination HPV, recommandée et remboursée depuis 2007 pour les adolescentes, et étendue aux garçons en 2021, est une mesure de prévention primaire essentielle. En complément, le dépistage régulier est recommandé pour les femmes de 25 à 65 ans dans le cadre du Programme national de dépistage organisé du cancer du col de l’utérus (PNDOCCU), instauré en 2018. En 2023, la couverture vaccinale (CV) contre les HPV était estimée à 54,6% pour au moins une dose chez les filles de 15 ans et à 44,7% pour deux doses chez celles de 16 ans.

Bien que ces chiffres soient en hausse depuis plusieurs années, des disparités territoriales importantes subsistent, notamment dans le Sud de la France et les départements et régions d’outre-mer (DROM). Pour le dépistage, le taux de couverture triennal a atteint 59,5% entre 2020 et 2022, en augmentation par rapport aux périodes précédentes, mais restant en deçà des objectifs fixés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) (70% des femmes dépistées à 35 et 45 ans) et du taux de couverture européen du dépistage du CCU acceptable (75%).

Il est nécessaire de poursuivre les efforts pour réduire ces inégalités et assurer une prévention équitable du CCU à l’échelle nationale. Le déploiement des programmes de vaccination HPV en milieu scolaire et du dépistage organisé du CCU représentent des opportunités pour mettre en œuvre des actions ciblées visant à réduire les inégalités.

Effet de la mise en place du Programme organisé du dépistage du cancer du col de l’utérus sur les taux de couverture en France : analyse comparative des périodes 2015-2017 et 2020-2022, Céline Audiger et coll., Santé publique France, Saint-Maurice

Introduction – En 2018, un Programme national de dépistage organisé du cancer du col de l’utérus (PNDOCCU) a été instauré en France pour réduire l’incidence et la mortalité du cancer du col de l’utérus (CCU), ainsi que les disparités d’accès au dépistage. Cet article examine les taux de couverture du dépistage, tant spontané que par invitation, pour évaluer les progrès réalisés vers les objectifs nationaux de réduction des disparités territoriales et d’âge.

Méthode – À partir de données du Système national des données de santé (SNDS) et des estimations de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), l’étude a mesuré les taux de couverture triennaux du dépistage du CCU chez les femmes âgées de 25 à 65 ans.

Résultats – Les résultats révèlent une augmentation des taux de couverture entre 2015-2017 et 2020-2022 dans la plupart des régions, variant de 0,1% à 23,7%. Les variations régionales étaient de 18,7% à 61,5% pour 2015-2017 et de 16,0% à 66,3% pour 2020-2022. Durant la période 2020-2022, parmi les femmes dépistées sur invitation, 11,3% avaient entre 20 et 25 ans, tandis que 18,9% étaient âgées de 60 à 65 ans. Des disparités de couverture sont observées, avec 47% pour les 60-65 ans et 67% pour les 25-29 ans.

Conclusion – Malgré des progrès observés, des disparités par âge et des disparités géographiques significatives persistent, et des défis demeurent pour accroître et harmoniser l’accès au dépistage sur l’ensemble du territoire.

Couverture totale du dépistage du cancer du sein, dans et hors programme organisé, de 2016 à 2022 en France hexagonale, Agnès Rogel et coll., Santé publique France, Saint Maurice

Introduction – La participation au Programme national de dépistage organisé du cancer du sein (PNDOCS) est d’environ 50%. Ceci positionne la France comme un pays éloigné de la recommandation européenne de 70% de participation. Cependant, il existe un niveau élevé de dépistage du cancer du sein hors PNDOCS. L’objectif de cette étude est d’estimer le taux de couverture totale du dépistage du cancer du sein en France hexagonale de 2016 à 2022.

Méthodes – Les données utilisées sont issues des centres régionaux de coordination des dépistages des cancers (CRCDC), des actes de mammographies remboursés par l’Assurance maladie inclus dans le Système national des données de santé (SNDS), des estimations de population de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), et de la cartographie des maladies enregistrées du SNDS à partir des prises en charge pour cancer du sein, pour estimer le nombre des femmes non éligibles au dépistage.

Résultats – La couverture totale est estimée à 60% en France hexagonale en 2021-2022, en légère baisse sur la période (elle était de 62% en 2016-2017), avec un recul marqué en 2019-2020. La part du dépistage hors PNDOCS parmi l’ensemble des dépistages est estimée à 18% en 2021-2022 ; elle était de 17% en 2016-2017.

Discussion – Ces résultats indiquent qu’en France, les femmes ont un recours au dépistage du cancer du sein similaire aux autres pays européens, mais que beaucoup le font hors PNDOCS. Or, le dépistage est plus performant lorsqu’il est réalisé dans le cadre du programme organisé, en particulier parce qu’il s’accompagne d’une seconde lecture des mammographies, d’une meilleure qualité de l’ensemble de la procédure de dépistage et d’une évaluation de ses résultats.

Estimation du taux de couverture du dépistage du cancer colorectal en France en 2022, Cécile Quintin et coll., Santé publique France, Saint-Maurice

En France, la participation au Programme national de dépistage organisé du cancer colorectal (PNDOCCR) est faible, en-deçà des recommandations européennes. Parallèlement, il existe une pratique d’exploration endoscopique qui permet à un certain nombre de personnes d’être couvertes par une modalité de dépistage du cancer colorectal (CCR). Les données du Système national des données de santé (SNDS) permettent de comptabiliser et de caractériser les personnes ayant réalisé un test immunochimique fécal (FIT) ou une exploration endoscopique colorectale. L’objectif de ce travail était d’estimer les taux de couverture du dépistage du CCR chez les hommes et les femmes de 50 à 74 ans pour l’année 2022.

Au niveau national, le taux de couverture était de 47,8%, plus élevé pour les femmes. Il augmentait avec l’âge et variait selon les régions. La majorité (58,4%) des personnes couvertes avaient réalisé un FIT dans un délai inférieur ou égal à 2 ans, avec d’importantes variations régionales : en Bourgogne-Franche-Comté, près de deux personnes couvertes sur trois l’étaient par un FIT alors qu’en Corse, cette proportion n’était que d’un tiers. Au niveau national, la proportion de personnes couvertes par une exploration endoscopique colorectale (sans FIT récent) était de 41,6%. Elle était d’environ un tiers en Bourgogne-Franche-Comté, Normandie et à La Réunion, et d’environ deux tiers en Guyane et en Corse.

Si les taux de participation au PNDOCCR sont publiés annuellement par Santé publique France, ce travail montre l’intérêt d’y ajouter la publication régulière des taux de couverture, meilleur reflet de la réalité du dépistage du CCR dans notre pays.

Apport des registres de cancers dans l’évaluation du dépistage des cancers, Marie Poiseuil et coll., Réseau national Francim des registres français de cancers, ToulouseLes enjeux individuels et collectifs liés à l’évaluation de l’impact du dépistage des cancers dans la vraie vie sont considérables. Parmi les différentes sources de données mobilisables pour cette évaluation, les registres de cancers sont les seules structures qui disposent de la connaissance non biaisée de l’incidence, du pronostic et des principales caractéristiques épidémiologiques des cancers en population générale et en suivent les tendances depuis plusieurs dizaines d’années.

En Europe, l’utilisation des données des registres de cancers est promue par la Commission européenne qui finance plusieurs projets et structures spécifiquement dédiées à cette évaluation. En France, les évaluations conduites à partir des données des registres ont accompagné depuis des années la mise en place des différents dépistages organisés et ont permis d’orienter les choix des pouvoirs publics, en particulier pour le cancer colorectal et le cancer du sein.

Dans tous les pays, l’analyse des données des registres est particulièrement informative lorsque ces données sont rapprochées de celles provenant des structures de gestion du dépistage avec un appariement au niveau individuel. Le cadre réglementaire prévu pour la nouvelle organisation du dépistage en France va contraindre les communications entre les CRCDC et les registres de cancers et limiter la qualité de l’évaluation du programme de dépistage et de son impact sur l’évolution de l’incidence des cancers et leurs caractéristiques épidémiologiques.

À l’échelle nationale, dans une situation idéale de possibilité d’accès et de croisement des données dans le respect de la protection des droits des personnes, l’analyse des données des registres permettrait pourtant de relever les nombreux défis concernant les dépistages existants et à venir comme celui du cancer du poumon.

Service presse Santé publique France : presse@santepubliquefrance.fr

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