Les principales instances de la dermatologie française expriment une opposition ferme et unanime à la Proposition de Loi Garot, votée le 2 avril dernier à l’Assemblée nationale, visant à restreindre la liberté d’installation des médecins.
Présentée comme une réponse aux déserts médicaux, cette mesure impose aux médecins une autorisation d’installation sur le territoire conditionnée à la validation de l’ARS. Mais dans notre spécialité déjà en tension sur tout le territoire, elle risque d’avoir l’effet inverse. Avec seulement 3,5 dermatologues pour 100 000 habitants, une pyramide des âges préoccupante (25 % ont plus de 60 ans) et des délais d’attente souvent excessifs pour les patients, la pénurie de dermatologues est nationale et pas locale. Même dans les grandes agglomérations, l’accès aux soins dermatologiques est difficile.
Cette nouvelle loi risque de fragiliser encore davantage notre profession. Une telle régulation aurait pour conséquences de dissuader les jeunes médecins de s’installer, de les pousser vers d’autres formes d’exercice, voire hors de nos frontières, sans résoudre les vraies causes du manque de soins.
Plutôt que de contraindre, elles appellent à une politique volontariste fondée sur des solutions concrètes et immédiatement mobilisables :
- une augmentation du nombre de places en formation,
- le développement des postes d’assistants médicaux territoriaux
- la revalorisation globale de territoires oubliés avec des mesures incitatives
- le soutien de la télé-expertise,
- les équipes de soins spécialisés,
- et amélioration de l’orientation des patients vers les spécialistes, grâce à une meilleure formation des médecins généralistes.