« L’enquête publiée mardi dernier par le site d’information indépendant MEDIAPART montre de manière accablante l’existence de conflits d’intérêts massifs entre les pouvoirs publics et l’industrie pharmaceutique, situation dénoncée et combattue avec constance par le Syndicat National des Jeunes Médecins Généralistes (SNJMG).
L’important travail d’investigation mené par les deux journalistes révèle qu’un « petit groupe d’amis », constitué de présidents, vice-présidents et autres membres des principales commissions du système français de contrôle du médicament, a « secrètement conseillé les laboratoires sur la meilleure façon de présenter leurs dossiers » devant les commissions décidant de l’autorisation de mise sur le marché et du remboursement des médicaments.
Alors que certains laboratoires affirment avoir versé près de 60.000 euros à certains responsables de ces agences étatiques en échange d’une rencontre discrète, un des « experts » qui a accepté de témoigner avoue avoir touché « seulement » 1.000 à 1.500 euros par réunion : « c’était toujours en espèces. Je trouvais soit une enveloppe dans le dossier qu’on me transmettait, soit une enveloppe dans ma chambre d’hôtel, sur mon lit. »
Le SNJMG prend acte de la décision rapide des dirigeants actuels de la Haute Autorité de Santé (HAS) et de l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) qui ont annoncé ce jeudi 26 mars 2015 avoir lancé des enquêtes internes et saisi le Procureur de la République.
Du côté du ministère de la Santé, comme lors des affaires précédentes (MEDIATOR, CAHUZAC, MORELLE…) on joue l’étonnement et l’indignation devant les micros, mais sans avoir jamais démontré une réelle volonté de réformer le système en profondeur. Pire, Madame Marisol TOURAINE est la signataire des décrets du 21 mai 2013 et porte donc la responsabilité de la dénaturation complète des ambitions de transparence et d’indépendance contenues dans la loi du 29 décembre 2011, votée dans les suites du scandale du MEDIATOR.
Le SNJMG avait exprimé sa consternation devant l‘hypocrisie de ces décrets :
– organisant la publication des frais d’hôtellerie à partir de 10 euros, mais excluant la publication des importantes rémunérations perçues par certains médecins ayant des contrats avec l’industrie pharmaceutique… (décret 2013-413)
– permettant aux agences (principalement HAS et ANSM) de définir elles-mêmes leur tolérance quant aux liens d’intérêts de leurs experts… (décret 2013-414)
Le SNJMG a soutenu pleinement les démarches menées par le Conseil National de l’Ordre des Médecins (CNOM) et par l’association FORMINDEP auprès du Conseil d’Etat, lequel a finalement décidé le 24 février 2015 :
– de maintenir tel quel le décret 2013-413 portant sur l’expertise sanitaire… ce qui semble très ironique et mal adapté au vu des révélations récentes.
– d’annuler deux alinéas de la circulaire d’application du décret 2013-141, jugeant invalides les limitations prévues par le gouvernement à la déclaration des contrats d’achats de biens ou de services par les entreprises auprès des professionnels de santé, ce qui constitue un progrès.
Le SNJMG s’associe à la demande du Docteur Patrick BOUET, président du CNOM, d’une réécriture concertée de ces textes d’application. C’est le moment pour le gouvernement de montrer quelle est sa réelle volonté !
Afin d’appuyer cette démarche, le SNJMG encourage les professionnels de santé et les patients à signer la pétition en ligne soutenue par différentes organisations indépendantes pour exiger une opération « mains propres sur la Santé » ».
Dans ce domaine comme dans d’autres, le SNJMG appelle solennellement Madame Marisol TOURAINE à aller plus loin que les discours et à enfin passer aux actes.
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