« Dans un mois et demi, les hospitaliers auront changé de monde. Le 1er juillet, l’ensemble des périmètres de GHT et les conventions constitutives qui vont les régir devront être arrêtés par les ARS. Le SMPS a mené une grande enquête avec l’IFOP sur les GHT et la perception de leur efficacité pour notre système de santé, comme des conséquences sur les directeurs, ingénieurs et cadres. Plus de 1000 collègues y ont répondu. Les résultats seront dévoilés très prochainement, mais le SMPS peut d’ores et déjà partager un chiffre alarmant puisque 25% des directeurs d’hôpital interrogés estiment que la mise en place des GHT va leur faire perdre en intérêt professionnel et en opportunités, et pensent quitter leur établissement à court ou moyen terme. Comment pourrait-il en être autrement face à la cascade de signaux négatifs qui s’imposent aux directeurs d’hôpital ?
Cela pose évidemment la question des conditions d’exercice et de l’accompagnement des directeurs. A ce titre, la méthode proposée déçoit par la vision qu’elle propose de l’avenir. Seules des mesures d’accompagnement des situations négatives viennent corroborer le ressenti des collègues qu’ils seront lourdement pénalisés par cette réforme. Le SMPS a également posé une question essentielle : comment le CNG, lui-même enserré dans des contraintes budgétaires importantes et un contrat d’objectifs restrictif, va-t-il pouvoir gérer ces nouveaux besoins d’accompagnement ? Nous rendons chaque fois que possible un hommage appuyé au travail qui est fait par les équipes du CNG. Comment poursuivre l’idée de la création d’un statut temporaire de mission, non stigmatisant pour des collègues touchés par des réorganisations administratives dans lesquelles leur responsabilité n’est pas en cause ?
Nous ne pouvons donc qu’être inquiets. Songeons aux chiffres : 355 emplois fonctionnels aujourd’hui : une centaine de GHT demain, et combien de directions communes alors que la moitié des chefferies semble avoir disparu depuis le début des années 2000 ? Aucune autre réforme territoriale n’a été aussi tranchante. Face aux chiffres, quel engagement de l’Etat à ne pas laisser sur le bord de la route toutes celles et ceux qui n’ont pas démérité ? Quel avenir pour les chefs d’établissements insécurisés et voués à redevenir adjoints, pour les adjoints qui n’ont déjà que peu de reconnaissance dans l’exercice territorial, pour les jeunes collègues qui vont devoir prendre leur poste dans quelques semaines dans ce contexte ?
Sur le plan statutaire, le SMPS a évoqué le nécessaire repyramidage des emplois fonctionnels de chefs, pour tenir compte de l’augmentation des budgets consolidés dans le cadre des directions communes, et de gérer dans la souplesse les mouvements. Il souhaite également que des emplois fonctionnels soient créés pour les directeurs chefs et adjoints, afin de valoriser équitablement l’augmentation des périmètres d’exercice et des charges de travail inhérentes aux recompositions territoriales. Notre syndicat a également évoqué la nécessaire transposition des mesures statutaires entre les statuts des administrateurs civils et territoriaux d’un côté et les directeurs d’hôpital de l’autre. Un renouveau statutaire et une nouvelle vision des parcours professionnels sont indispensables. Les pouvoirs publics devront notamment s’attacher à valoriser correctement les exercices territoriaux et multi-sites des chefs et des adjoints, mais aussi à revoir les critères d’accès aux chefferies. Le SMPS demande en urgence un calendrier concret pour discuter de ces évolutions, avant que les échéances électorales rendent toute réflexion de fond impossible.
Les directeurs d’hôpital sont un des moteurs essentiels pour porter la réforme, et 10 millions d’euros d’accompagnement ne suffiront pas pour faire des GHT une réussite si les directeurs ne savent plus quelle est leur place dans l’organisation. Le SMPS a proposé de méditer ensemble cette phrase de Jean Rostand : ‘Les mauvais effets d’une réforme ne condamnent pas cette réforme, mais la société’. »
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