Mercredi 25 mai aura lieu la Journée Nationale de lutte contre les Hépatites virales dans un contexte tendu où beaucoup de patients n’ont pas accès à un traitement contre l’hépatite C comme le Sovaldi du fait de son prix exorbitant.
D’ailleurs, la semaine dernière plusieurs collectifs, ONG et associations ont réclamé un accès universel aux traitements contre le VHC.
Aussi, dans le dernier numéro de la revue scientifique The Lancet, le Président de la République François Hollande appelait solennellement « à lutter contre le prix prohibitif de certains médicaments ». Le chef d’Etat français compte même mettre cette question à l’ordre du jour du G7 qui se tiendra au Japon les 26 et 27 mai prochains.
Il faut rappeler que le Sovaldi est facturé entre 46 000 euros la cure et 62 000 euros voire 132 000 euros pour les malades en échec thérapeutique, nécessitant un traitement de 24 semaines.
A l’instar des ONG humanitaires, nous demandons à l’Etat d’agir plutôt que de subir le diktat des laboratoires pharmaceutiques concernant le prix des nouveaux traitements contre l’hépatite C. Nous ne pouvons accepter le choix du rationnement dans un pays qui s’est toujours battu pour l’égalité d’accès à tous aux soins.
Ainsi, tous les outils légaux qui sont à la disposition de l’Etat doivent être utilisés pour importer et produire des traitements génériques. La législation française et les accords de l’Organisation mondiale du commerce permettent de délivrer des licences d’office (= licences obligatoires). C’est-à-dire que la France peut légalement autoriser des laboratoires pharmaceutiques concurrents de Gilead à produire des génériques de molécules comme le sofosbuvir en leur accordant des licences. Cette décision permettrait de briser l’oligopole de Gilead et BMS sur ces médicaments en faisant jouer la concurrence pour qu’enfin leur coût diminue drastiquement.
Plusieurs pays ont déjà utilisé dans le passé ce mécanisme considéré en France comme une arme atomique mais dont les autorités publiques n’usent jamais même comme arme de dissuasion concernant le prix des médicaments. C’est le cas du Brésil, de l’Inde, du Canada, de l’Egypte, de l’Italie, de la Thaïlande, du Zimbabwe, de la Gambie, du Ghana, de la Malaisie, de l’Indonésie. En juin 2005 par exemple, l’autorité de la concurrence transalpine a déjà émis une licence obligatoire sur l’antibiotique Imipenem Cilastatina produit par Merck. Ce qui a permis à des concurrents de l’exporter à moindre coût dans d’autres pays européens. Notre Président et notre Ministre de la Santé devraient s’inspirer de ce que font nos voisins.
Le renoncement du gouvernement à vouloir réguler le marché de la santé est peut être la plus grave reculade de ces dernières années car c’est tout notre système de solidarité nationale qui est remis en cause.
Puisse le gouvernement, sous la pression des associations de malades, des professionnels de santé et des politiques enfin agir face à l’emprise du lobby pharmaceutique pour éviter une catastrophe sanitaire et une remise en cause inéluctable de l’universalité d’accès aux soins.
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