« Depuis début juin, nous avons accueilli 16 enfants aux Urgences pédiatriques après une noyade. Trois d’entre eux sont décédés, d’autres garderont possiblement des séquelles neurologiques », s’alarment les Dr Violaine BRESSON, Aurélie BOUTIN et Sophie PAILHOUS, pédiatres aux Urgences enfants de la Timone, et Michaël TSAPIS, médecin au SMUR et réanimateur.
« La noyade n’est pas un événement anodin », insiste le Dr BOUTIN. En France, les noyades sont responsables d’environ 500 décès accidentels chaque été. « L’irruption d’eau dans les poumons entraîne une privation d’oxygène, en particulier au niveau du cerveau et du cœur, qui peut provoquer rapidement l’arrêt cardiaque et le décès si le patient n’est pas secouru à temps ». A la Timone, un quart des petites victimes ont été admises en réanimation, les autres ont dû être hospitalisées.
Selon Santé Publique France, la noyade est la première cause de mortalité par accident de la vie courante chez les moins de 15 ans, devant les suffocations, les accidents par le feu puis les chutes. Les enfants de moins de 6 ans représentent 15 % des décès par noyade accidentelle chaque année.
> INPES Accidents de la vie courante : noyades / baignades
« En 30 secondes, tout peut basculer »
« Contrairement aux idées reçues, il suffit de très peu d’eau pour se noyer : inhaler l’équivalent d’un grand verre d’eau peut provoquer des lésions pulmonaires compromettant l’oxygénation », indique le Dr TSAPIS, qui a participé à une étude épidémiologique sur les noyades accidentelles à Marseille entre 2000 et 2011, montrant que 89% des accidents se sont produits en bord de mer et que 69% des victimes ont dû être hospitalisées.
Les noyades peuvent se produire aussi dans une piscine privée, un lac ou même un petit ruisseau.
« La première surveillance, c’est celle des parents »
Ce qui révolte les pédiatres est que, la plupart du temps, ces noyades pourraient être évitées. « La prévention est primordiale, et la première des surveillances, c’est celle des parents », souligne le Dr BRESSON. « Les plages de Marseille accueillent chaque jour plusieurs milliers de baigneurs, et les maîtres-nageurs ne peuvent pas surveiller 200 enfants en même temps ».
Dès qu’il sait marcher, un enfant devient autonome et il court des risques en échappant à la vigilance de son entourage. « Un adulte doit être désigné pour surveiller un enfant et ne pas le lâcher du regard. En 30 secondes, tout peut basculer : le temps de répondre au téléphone, d’aller aux toilettes ou d’acheter une boisson », ajoute le Dr PAILHOUS. « Il faut être près de lui en permanence ».
Autre précaution : l’enfant qui ne sait pas nager doit porter des brassards, même s’il est sous la surveillance d’un adulte. Quand on sait qu’à Marseille 3 enfants sur 4 ne savent pas nager, faute d’équipements aquatiques adaptés, alors que la moyenne nationale est de 50%, on comprend la préoccupation des acteurs de prévention.
Les pédiatres prodiguent aux parents d’autres conseils de bon sens pour que la journée à la plage ne se termine pas à l’hôpital :
- Eviter de s’exposer au soleil entre 11h et 16h, en sachant qu’un parasol ne protège pas des rayons UV et donc des effets nocifs du soleil
- Appliquer au moins toutes les 2 heures une crème solaire indice 50 +
- Donner régulièrement à boire de l’eau aux tout petits pour éviter la déshydratation
- Eviter d’amener à la plage un enfant de moins de trois mois.
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