Aujourd’hui 11 avril, un lieu totalement inédit a ouvert ses portes à Marseille : la Droguerie. Pour la première fois, une prise en charge globale et innovante est proposée aux usagers-es de drogues dans un même lieu. Un lieu qui leur ressemble, qui respecte leurs pratiques, leurs besoins et leurs choix de vie.
Durant toute une journée, les associations AIDES, ASUD, Bus 31/32, Le Tipi et le Collectif Plus Belle La Nuit ont proposé aux marseillais une immersion dans un monde où l’usage de drogue est encadré, où la prévention et la santé priment sur la répression, où les consommateurs-rices ne sont plus stigmatisés-es. Un monde dans lequel l’évidence scientifique et les besoins des usagers-ères ne sont plus sacrifiés sur l’autel de la morale et de l’idéologie.
En France comme dans de nombreux pays du monde, la répression à l’encontre des usagers-ères de drogues se traduit invariablement par une stigmatisation accrue de ces derniers-ères. Elle met en danger leur santé, les précarise et nuit à leur intégration sociale, sans jamais générer une baisse des trafics ou de la consommation. Alors que la France fait partie des pays les plus répressifs de l’Union Européenne, les français sont les premiers consommateurs de cannabis en Europe, les troisièmes pour la cocaïne. Et l’impact sanitaire du tout-répressif est considérable : les usagers-ères de drogues par injection sont aujourd’hui 10% à vivre avec le VIH et 64% avec l’hépatite C.
Grâce à l’action des associations de santé et d’usagers-ères, des stratégies efficaces de réduction des risques ont progressivement été mises en place, comme les échanges de seringues, l’accès aux traitements de substitution, l’accompagnement à l’injection ou les salles de consommation à moindre risque, actuellement limitées à l’expérimentation dans deux villes en France. Mais ces dispositifs seuls ne permettent pas d’enrayer les conséquences de 40 ans de politique répressive contre la drogue.
C’est pourquoi, nos associations appellent à mettre fin à l’idéologie répressive et à réformer en profondeur la politique des drogues. Au nom de la santé et du bien-être des personnes concernées nous demandons :
– L’abrogation de la loi de 1970 et la légalisation de l’ensemble des drogues, la mise en place d’une politique ambitieuse de santé publique, d’un plan de conversion de l’économie souterraine et d’un référentiel de qualité des produits
– Le développement des espaces de consommation à moindre risque, y compris dans les CAARUD
– Un accès facilité aux produits de substitution (dont l’héroïne médicalisée et la buprénorphine injectable)
– La généralisation de l’accompagnement à l’injection pour réduire les risques de transmission du VIH et des hépatites
– L’accès partout et pour tous-tes aux programmes d’échanges de seringues (y compris en milieu carcéral, où la prévalence du VIH et de l’hépatite C est beaucoup plus élevée qu’en milieu ouvert)
– Un accès facilité à l’usage du cannabis thérapeutique
– Le développement d’outils de prise en charge globale des addictions, alternatifs au sevrage médicalisé (démarches communautaires, lieux refuge, soutien par les pairs)
– La levée des répressions sur les évènements festifs : arrêt des saisies de matériels, accès aux terrains publics inutilisés, soutien pour la mise en place d’actions de réduction des risques
Lieu imaginaire et prospectif, la Droguerie ne sera restée ouverte que quelques heures. Quelques heures pendant lesquelles nous aurons montré qu’une autre politique des drogues est possible, donnant la priorité à la santé, garantissant des droits aux usagers-res de drogues qui se mobilisent en refusant d’être considérés à priori come des malades ou des délinquants.
Pour continuer à faire vivre nos revendications, nous avons réalisé une vidéo choc qui résume parfaitement ces enjeux : http://www.aides.org/2017/legalisation-drogues
> Infos
ASUD MARS SAY YEAH – Auto-Support Des Usagers de Drogues
L’association a été créée en 1995 en réaction à l’épidémie du SIDA qui s’est propagée massivement au sein de la communauté des usagers de drogues injecteurs sur Marseille. L’association représente alors le premier groupe d’auto-support d’usagers de drogues en France ne revendiquant pas l’abstinence, conscient de devoir agir pour ne pas voir mourir leurs pairs du VIH. Aujourd’hui, l’association œuvre pour la Réduction des Risques et des Dommages et pour la promotion de la Santé et la Citoyenneté des personnes. Elle porte un CAARUD et l’Observatoire régional des Droits des Usagers du système de santé. Depuis 2016 elle est également agréée par l’ARS PACA comme représentante des usagers dans les instances hospitalières ou de santé publique.
Adresse : 57-59 rue du Coq, 13001 Marseille, E-mail : asud.mars@gmail.com.
Le Bus 31/32 :
Le CSAPA Bus Méthadone (Centre de Soins d’Accueil et de Prévention des Addictions) : unité mobile facilitant l’accès au traitement de substitution, la Méthadone, ainsi qu’aux circuits thérapeutiques et sociaux.
Le CAARUD 31/32 (Centre d’Accueil et d’Accompagnement à la Réduction des risques pour Usagers de Drogues) : structure porteuse d’interventions mobiles de réduction des risques (RDR) intégrant tous types de rassemblements et de lieux (manifestations festives alternatives, travail de rue, lieux d’accueil spécialisés, lieu d’accueil de l’association Bus 31/32, squats…).
> Contact. Au Bus : rue Jules Ferry (Gare St Charles) de 9H30 à 11H0 – 06 16 93 40 18 Stationnement, 7 jours sur 7, toute l’année y compris les fériés.
Au local : 4 av Rostand, 13003, Marseille (2ème étage dans les locaux de Médecins du Monde) – 04 95 04 56 06
Le TIPI est une association marseillaise de lutte contre le SIDA, qui, depuis 1994, développe des projets axés sur l’amélioration de la qualité de vie des personnes concernées par le VIH, l’hépatite C et les usages de drogues. Le TIPI gère un CAARUD dont les missions sont la réduction des risques liés à l’usage de produits psychoactifs. Le Tipi propose un accueil dans son local situé 26 A rue de la Bibliothèque, quartier de La Plaine : Accompagnement aux droits et aux soins, projet nutrition, sorties hebdomadaires, dépistage rapide VIH et VHC, programme d’échange de seringues et conseils personnalisés sur l’injection. Des interventions en milieux festifs « Free Party » sont menées avec un groupe de bénévoles.
Plus Belle La Nuit (PBLN), projet de promotion de la santé festive piloté depuis 2010 par Le Bus 31/32. Ce collectif des Bouches-du-Rhône propose une offre globale de prévention et Réduction Des Risques et des Dommages (RDRD) festifs qui s’appuie sur une connaissance accrue des pratiques des publics.
L’association AIDES vient de lancer son nouveau programme, 17 mesures pour mettre fin à l’épidémie VIH et hépatite. Pour AIDES la situation actuelle des usagers de drogues n’est pas tenable.
Plus d’infos sur la campagne de AIDES #REVEndiquons2017
> Contact presse : Hervé Richaud, AIDES en PACA, 06 27 62 56 11 , hrichaud@aides.org