La FMF réagit à la présentation du PLFSS dans une lettre adressée à la Ministre.
« Madame la Ministre,
Le PLFSS est présenté ce matin. La Fédération des Médecins de France n’évoquera pas ici les chiffres, qui dépourvus de contexte ne signifient rien, mais plutôt l’organisation du système de santé qui vous le savez est défaillant.
Les rois du calcul ont constaté que nous avions trop de lits hospitaliers, mais n’ont pas alloué suffisamment de moyens à la ville pour éviter les hospitalisations et les sorties précoces de l’hôpital. Voici les solutions de la FMF pour guérir, enfin, le système de santé et rééquilibrer les moyens.
Des moyens pour la médecine de ville :
Nous avons un besoin urgent de médecins de ville sur le territoire et nous adhérons au nouveau concept de responsabilité populationelle, pourvu que les Agences Régionales de Santé ne torpillent pas les organisations territoriales libérales comme c’était le cas hier soir encore dans l’Essonne en refusant un outil de coordination pourtant adopté et utilisé par 350 libéraux dans une zone démographiquement faible. Vous devez donner suffisamment de moyens aux 15000 maîtres de stages libéraux nécessaires pour faire connaitre l’exercice libéral aux étudiants pour qu’ils n’aient plus peur de s’installer. Vous devez permettre aux médecins libéraux d’accueillir correctement les patients avec du personnel et des locaux dignes ; le forfait structure proposé par la FMF permettrait non seulement la création de 50 000 emplois non délocalisables mais aussi de redonner l’attractivité nécessaire à la médecine libérale. Vous devez encourager les installations rapides des jeunes médecins avec une couverture sociale et maternité identique aux salariés au moins les 5 premières années d’installation. Enfin, sur la nécessaire compensation pour les médecins conventionnés pour qui la CNAM prend en charge les cotisations sociales en échange d’un engagement à appliquer les tarifs opposables : nous avons demandé une déductibilité de cette somme pour respecter les engagements de l’état concernant les médecins conventionnés, et que cette déductibilité soit un crédit d’impôts pour les zones démographiquement faibles.
Une meilleure communication entre la ville et l’hôpital, mais aussi entre zones denses et zones isolées :
Vous devez imposer une communication en temps réel entre l’hôpital et la ville sans pourtant vous embourber dans un improbable et dispendieux DMP.
Nous avons entendu notre premier Ministre nous dire qu’il allait investir plus d’un milliard dans l’informatique hospitalière, nous demandons quant à nous modestement de supprimer les zones blanches pour communiquer sur l’ensemble du territoire.
La télémédecine devra équiper en priorité les EHPAD pour éviter les hospitalisations inutiles ainsi que les îles et les vallées isolées.
Un hôpital déchargé du poids de la dette, capable de se recentrer sur son cœur de métier :
Vous connaissez le malaise des hôpitaux et nous avons tous apprécié votre réponse au député qui vous demandait d’aller les visiter.
Vous devez faire cesser la concurrence délétère entre la ville et l’hôpital ; en ce sens, notre proposition d’effacer la dette hospitalière publique de 29 milliards d’euros n’est pas plus idiote que d’effacer la dette de SNCF Réseau qui s’élève à 44,9 milliards d’euros.
Madame la Ministre, la FMF a confiance en vous et espère simplement que Bercy saura investir sur l’avenir pour cesser de confier chaque année près de 10 milliards de dettes à nos enfants. »