La santé publique doit encore davantage s’affranchir des intérêts économiques à court terme.
Le gouvernement a présenté hier matin, à l’occasion d’un comité interministériel sur la santé, un plan national de santé publique qui constitue le volet « prévention » de sa stratégie nationale de santé. Cibler des mesures concrètes à tous les âges de la vie est positif, mais il reste à surveiller que les moyens dédiés permettent une mise en œuvre effective de ces mesures. Surtout, nous pouvons d’ores et déjà regretter qu’elles ne s’inscrivent pas dans une stratégie visant une action coordonnée sur les déterminants de santé.
Nous avons connu trop de plans ou de programmes pléthoriques faisant dans la démesure de mesures pour ne pas apprécier cette annonce qui en limite le nombre. Jalonner ces mesures tout au long de la vie de nos concitoyens est une idée intéressante qui favorise leur lisibilité ainsi, espérons-le, que leur mise en œuvre et leur évaluation.
Nous répondrons présents pour accompagner la mise en œuvre et l’évaluation des mesures annoncées. Si certaines de ces mesures sont très concrètes et contiennent intrinsèquement leur évaluation (-20% de consommation de sel), d’autres, plus nombreuses, sont bien plus larges et méritent d’être déclinées en actions et objectifs pratiques (mieux prendre en compte les besoins de santé des personnes en situation de handicap, parcours santé des 0-6 ans ou prévenir la perte d’autonomie en agissant dans les milieux de vie).
France Assos Santé regrette que les mesures n’aillent pas plus loin et n’embrassent pas plus de déterminants de santé. Il manque notamment à l’appel des mesures phares concernant les conditions de logements, de travail, de transport, d’aménagement du territoire qui sont autant de domaines impactant fortement l’état de santé. La problématique transversale du lien entre l’environnement et la santé, qui ne peut pas se résumer à la question des perturbateurs endocriniens, ne paraît pas prise à sa juste mesure.
Pourtant c’est bien sur ces sujets que l’action interministérielle prend tout son sens. C’est pourquoi, France Assos Santé demande une étude d’impact sur la santé pour toute décision législative d’importance, afin que les répercussions sanitaires soient prises en compte de façon permanente et objectivée et non pas sur la base de considérations d’intérêts particuliers.
Une politique volontariste en faveur d’une meilleure santé de la population doit paraître juste pour être partagée par nos concitoyens. Si elle peut s’avérer « emmerdante » à certains, elle n’en sera acceptable aux yeux des Français que si on demande à chacun de participer à l’effort collectif d’évolution des comportements, acteurs économiques inclus. Ce caractère prioritaire de la santé et de la prévention dans toute politique publique par rapport aux autres intérêts, notamment économiques ou industriels, n’apparaît pas aujourd’hui assez fortement dans le plan annoncé par le gouvernement.
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