Temps de travail des internes en médecine : Pourquoi il faudra en passer par les plages additionnelles ?
Le 3 avril dernier, le Dr Donata Marra a remis son rapport sur les risques psycho-sociaux des étudiants en santé.
A cette occasion, Agnès Buzyn, Ministre des Solidarités et de la Santé, a annoncé sa volonté forte de ramener le temps de travail dans les normes de la réglementation européenne : 48h hebdomadaires.
Le respect de la réglementation européenne est indispensable. L’étude menée en 2017 par l’ANEMF, l’ISNAR-IMG, l’ISNI et l’ISNCCA sur l’état de santé mentale des futurs et jeunes médecins montrent que le dépassement systématique du temps de travail est un facteur de risque indépendant de troubles psychiques.
Comment est calculé le temps de travail des internes ?
Chaque semaine se compose de 8 demi-journées de temps hospitalier (ou stage) et d’une demi-journée de temps universitaire. Ces 9 demi-journées sont réparties sur 11 demi-journées dites « ouvrées » du lundi matin au samedi midi (hors travail de nuit). Une dixième demi-journée hebdomadaire, qui n’entre pas dans le décompte du temps de travail, est réservée à un temps de « consolidation » i-e, un temps de travail personnel, à la discrétion de l’interne (thèse, DU, congrès, etc.).
Quelle est la réalité du terrain ?
Des efforts sont mis en place, surtout dans les services postés (urgences, réanimations, etc.).
Mais la quasi-totalité des services de chirurgie et des services dits « à gardes » (cardiologie, néphrologie, hépato-gastro-entérologie) ne respectent pas la législation et sont loin de le faire.
Comment faire ?
Il est illusoire de penser que ce problème pourra être réglé par décrets et injonctions administratives. Nous avons mis 15 ans à faire respecter le repos de garde, nous ne voulons pas attendre autant. Les centres hospitaliers doivent récupérer la main sur la gestion de la masse salariale de leurs internes. Pour cela elle doit pouvoir être quantifiée.
Nous devons utiliser les mêmes règles que les Praticiens Hospitaliers : utiliser le mécanisme des plages additionnelles prévu par l’Europe.
Qu’est ce ?
Toute demi-journée de présence supplémentaire aux 9 initialement prévues est rémunérée ou récupérée en repos.
Les internes vont encore travailler plus ?
Non ! Ce mécanisme est sur la base du volontariat. Nous sommes certains que mettre un coût au temps de travail des internes obligera à repenser, en douceur, les organisations de service.
Pour rappel, ce mécanisme avait été annoncé pour les internes par la Ministre de la santé en novembre 2016.
> Contact presse : Jean-baptiste BONNET – Président de l’ISNI – president@isni.fr