MG France, premier syndicat des médecins généralistes, a examiné les dispositions du rapport du député de l’Eure Philippe Vigier sur la désertification médicale, évoquées par la presse en fin de semaine. Les conclusions de ce rapport parlementaire semblent s’orienter vers un conventionnement sélectif et un dispositif d’installation coercitif.
Avant même de connaître le détail des mesures, MG France souhaite rappeler à la commission Vigier quelques faits établis.
La baisse démographique est générale. Les médecins généralistes qui s’installent ne sont pas assez nombreux pour remplacer ceux qui s’en vont. Aujourd’hui, le nombre des «baby boomers» qui partent en retraite est bien plus important que celui des nouveaux généralistes.
Cette situation devrait durer jusqu’en 2025. Elle n’a pas été anticipée malgré les alertes émises par MG France depuis plus de 10 ans. Ce ne sont pas les médecins qui sont responsables de la pénurie médicale, mais la cécité des gouvernements successifs incapables de mesurer la gravité de la situation.
Le rapport voudrait empêcher les installations dans les zones surdotées, mais se garde bien de les définir.
La réalité est qu’il n’existe aucun territoire qui soit excédentaire en généralistes, à part quelques centres-villes ici ou là. Même Paris est désormais un désert médical pour la médecine générale !
La régulation des installations par le conventionnement sélectif, ou par l’obligation d’installation, aggraverait le problème qu’elle est censée résoudre. La coercition éloignerait les étudiants de la médecine générale vers d’autres spécialités, et éloignerait les étudiants de la médecine libérale : fuite vers le salariat, vers le statut de remplaçant, ou vers d’autres professions, émigration – le Québec recrute – …
Ainsi, les mesures proposées risquent donc d’empêcher tout simplement les installations.
Pour MG France, la lutte contre la désertification médicale et pour l’accès aux soins sur tout le territoire imposent au contraire des mesures incitatives et un plan d’investissement sur les soins primaires. Comme l’a souligné le rapport du Haut Conseil pour l’Avenir de l’Assurance Maladie, le gouvernement doit investir sur les soins ambulatoires et proposer un scénario de rupture avec le modèle actuel hospitalo-centré.
L’amélioration des conditions de travail des médecins généralistes devra être la première des priorités de ce plan d’investissement. Le projet de MG France propose des revenus incitatifs, une équipe soignante renforcée par la présence d’assistants de cabinet médical et d’’infirmières de santé publique, une diminution de l’amplitude de travail hebdomadaire, des moyens pour une organisation territoriale collective.
Ces améliorations sont très attendues par les professionnels et indispensables au maintien d’un maillage territorial en soins primaires.