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Check up Santé : « Agnès Buzyn entre incohérence et manipulation », estime l’UFLM-Syndicat (Communiqué)

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Réactions aux propos de Agnès Buzyn, Ministre des Solidarités et de la Santé, qui s’exprimait hier à « Checkup Santé« .

Pour Agnès Buzyn, la solution à la pénurie médicale ne passe pas par une augmentation tarifaire.

Sous l’insistance de Fabien Guez, journaliste de BFM business, sur la faiblesse des tarifs des médecins généralistes (à 25 euros l’acte) et le lien possible avec l’effondrement des installations en ville au sortir de la faculté, la ministre a déclaré :  » je ne crois pas du tout que ce soit cela qui joue » (…)  » les médecins s’installent de plus en plus tard car ils trouvent un certain confort de vie à faire des remplacements » (…)  » beaucoup de jeunes médecins veulent un exercice salarié et ne veulent plus d’exercice libéral habituel » (…) « et nous voyons bien que les déserts médicaux sont des territoires dans lesquels peu de gens ont envie d’aller » (…)  » il faut rendre ces territoire de nouveaux attractifs« .

L’UFML-S rappelle à la ministre de la Santé qu’elle ne peut à la fois reconnaître la faiblesse historique des tarifs des médecins libéraux (pour l’UFML-S, une honte française), et en particulier des médecins généralistes, et ne pas faire le lien avec la volonté de certains jeunes médecins ou futurs médecins de se diriger vers le salariat. Augmenter les tarifs, les porter à hauteur de la moyenne européenne, changerait assurément le regard de nombre de jeunes à l’égard du paiement à l’acte. Nous rappelons à cet égard que si de très nombreux jeunes médecins trouvent un confort de vie à faire des remplacements, ils le trouvent avec le paiement à l’acte, mais un paiement à l’acte attirant puisque moins chargé fiscalement.

Sur le salariat, l’UFML-S demande à la ministre d’en préciser les modalités : salariat de la fonction publique ou d’entreprise mutualiste ou privée ? Le coût d’une consultation en centre de santé est de 50 à 75 euros, pour des médecins aux 35 heures, la ministre a-t-elle chiffré le coût pour la nation du remplacement de la médecine libérale par une médecine salariée ? Pour mémoire, le remplacement total de la médecine libérale par une médecine salariée publique serait de + 50 milliards d’euros.

Il y a donc une incohérence dans les paroles de la ministre.

Non, les déserts médicaux ne sont pas  » des territoires dans lesquels peu de gens ont envie d’aller« . Avec une baisse de 23 % de ses médecins généralistes en 10 ans et une aggravation de 25 % dans les 10 ans à venir, le premier désert médical est Paris ; Toulouse dont 66 % des médecins libéraux sont à moins de 10 ans de la retraite et moins de 10 % ont moins de 40 ans, Marseille ou Lyon, sont ou seront touchées gravement par la pénurie de médecin.

Ces villes sont-elles des lieux dans lesquels peu de gens ont envie d’aller ? Assurément non ! On ne leur connait pas d’effondrement démographique général. Ces lieux-là ont en commun un coût de l’immobilier incompatible avec un paiement à l’acte au plus bas de l’échelle européenne. La ministre annonce un développement des lieux de stages, ces stages existent et sont répandus dans les villes suscitées, pourtant la problématique ne se résout pas.

Le développement des stages chez le praticien peut certes avoir un effet positif en termes d’installation dans certains territoires méconnus, du point de vue de la faculté, à condition que toutes les conditions en termes de confort de vie soient réunies, pour le médecin, son ou sa conjointe et leurs éventuels enfants.

« La rémunération à l’acte continuera d’être majoritaire » mais d’autres types de financement seront ajoutés.

Pour l’UFML-S, il y a là encore soit une incohérence soit une manipulation à vouloir faire croire à un maintien du paiement à l’acte majoritaire sans possibilité d’évolution tarifaire, alors que les charges des exercices ne cessent d’augmenter années après années. Ce n’est pas, si l’on prend la ministre au mot, l’ajout d’autres modes de financement « minoritaires » qui pourraient alors assurer la rentabilité économique des exercices.

L’UFML-S rappelle que le président Macron a annoncé un mode de rémunération au forfait majoritaire en 2022 ! La ministre ne l’a visiblement pas entendu…

Lorsque la ministre déclare :  » la rémunération à l’acte vous pousse à avoir beaucoup de patients pour pouvoir assurer votre train de vie« , c’est indigne et insultant à l’égard de tous les médecins libéraux.

L’UFML-S rappelle à Mme Buzyn que les médecins ne font pas de course à l’acte et que s’ils multiplient les actes c’est pour faire face à une demande en soin toujours plus importante alors que l’offre ne cesse de baisser, et que c’est l’honneur de cette profession que de faire face tous les jours aux conséquences des politiques sanitaires successives.

Incohérence encore lorsque la ministre rappelle que l’incitation à l’installation ne suffit pas tout en faisant référence à la sur-revalorisation des consultations pour les cardiologues de plus de 25 % par acte si celui-ci exerce un jour par semaine en zone sous-dotée  » c’est déjà quelque chose que nous avons inscrit dans le règlement cette année« .

Sur les pharmaciens, alors que Fabien Guez rappelle que 250 pharmacies ferment tous les ans (une tous les deux jours) du fait de difficultés économiques, la ministre répond par leur intégration aux CPTS et des missions données sur le plan de la prévention comme la vaccination !

La ministre pense-t-elle sérieusement que ce sont ces actions de prévention ou de délégation de tâche qui vont sortir les pharmacies du marasme économique qui provoque leurs fermetures régulières ?

Au sujet des assistants médicaux, la ministre déclare  » on va créer 4 000 postes d’assistants médicaux pour les cabinets groupés de façon à décharger les médecins » (…)  » l’idée c’est que dans les cabinets médicaux de groupes, il y ait un assistant médical qui décharge le médecin d’une partie de la consultation« .

Les assistants médicaux ne sont donc pas une solution aux déserts médicaux, à moins de considérer qu’il y ait des cabinets de groupes dans les zones en forte tension.

Les maires des communes ou des quartiers fortement touchés par le manque de médecin doivent ouvrir les yeux, cette réforme n’est pas pour eux.

L’UFML-S rappelle que lors du congrès des centres de santé, la ministre a annoncé que les centres de santé seraient un « socle majeur » des CPTS et qu’ils seraient dans les zones en tension prioritaires pour bénéficier d’assistant.

L’UFML-S rappelle que les centres de santé sont subventionnés à perte à hauteur de 40 à 50 % par les municipalités ou les organismes mutualistes auxquels ils appartiennent, pour un nombre de patients et des plages d’ouvertures bien moins importants que celles proposées par la médecine libérale. C’est pourtant ce modèle que la ministre entend favoriser.

Entendre parler aujourd’hui de 4 000 assistants médicaux, c’est oublier les 40 000 postes de secrétaires médicales que les médecins ont licencié du fait de la faiblesse des tarifs des actes.

Lorsque la ministre déclare que la médecine de ville doit s’organiser pour faire face à  » ces patients qui ne veulent plus attendre« , l’UFML-S rappelle que la médecine de ville assume 60 millions de consultations par mois sur le territoire et que les urgences assurent 20 millions de passages par an !

Permettre aux médecins libéraux et en particulier aux médecins généralistes de recevoir plus de patients passe d’abord par le retour de l’attractivité de la profession et non par des CPTS dont on voit bien que le modèle peine à se développer sous le poids des tuyaux à gaz et la crainte d’une main mise hospitalière sur l’exercice de la médecine de ville au travers de leur financement.

L’UFML-S dénonce les incohérences de la ministre et alerte patients et médecins face à un plan qui apparaît chaque jour un peu plus comme une entreprise de démolition de la médecine libérale pour construire une médecine forfaitisée sous dépendance de l’État sans les avantages de la fonction publique. L’UFML-S rappelle pour finir que contrairement à ce que déclare la ministre, l’effort budgétaire est toujours sous-dimensionné.

L’augmentation de l’ONDAM de 2,5 % soit 400 millions d’euros n’est pas annoncé comme reproductible, et peinera à financer les 400 médecins salariés, les 4 000 assistants, et les hôpitaux communautaires pour ne prendre que quelques parties de la réforme annoncée.

L’UFML-S rappelle que la France a fait le choix de consacrer près de 300 milliards d’euros à sa défense pour sept ans, soit une augmentation de + 1,7 milliards d’euros chaque année jusqu’en 2022 puis de 3 milliards par an après 2022.

Pour la santé ce sera 400 millions de plus ….sur 1 an !

Pour l’UFML-S le drame est là.

La France n’a pas les moyens de ses ambitions, et construit une réforme idéologique, qui s’attaque aux conséquences sans résoudre les causes.

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