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« Avis de tempête… » (Communiqué)

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Depuis quelques mois, au fil des rencontres et des réunions, que ce soit en zones rurales ou urbaines, je côtoie de plus en plus de médecins généralistes libéraux fatigués, inquiets, désabusés.

Las, ils le sont car, même si un certain nombre de français rencontrent des difficultés à retrouver un médecin traitant après le départ en retraite de leur médecin de famille, les médecins généralistes sont amenés à prendre en charge de plus en plus de patients dont certains présentent des prises en charge complexes pour permettre leur maintien à domicile. La plupart d’entre eux continuent à participer aux gardes, le soir, la nuit et les week-ends et nous devons les féliciter pour cet engagement. Mais cette permanence des soins devient de plus en plus harassante et contraignante car la diminution du nombre de médecins entraine une fréquence accrue des gardes.

Inquiets, ils le sont car ils n’ont pas de perspectives d’amélioration de cette démographie déficitaire avant dix ans. Face à cette menace d’épuisement, non seulement ils ne perçoivent pas de signes d’empathie ou de reconnaissance de la part de la représentation nationale, mais celle-ci est toujours prompte à vouloir légiférer soit sur la suppression de la liberté d’installation alors qu’il n’y a plus de zones sur dotées en médecins généralistes en France ou sur le démembrement de leur métier en confiant à d’autres professionnels de santé une partie de leur activité. Chacun sait que ce type de transfert de tâches doit partir du terrain, et non de Paris, avec des professionnels de santé volontaires pour protocoliser des prises en charge de certains patients.

Désabusés, enfin, ils le sont car, en cette période de gros temps, les prévisions météos annoncent plutôt des vents contraires pour la plupart d’entre eux. Ceux qui, ne pouvant pas se réunir au sein d’une Maison de Santé Pluriprofessionnelle (MSP) ou d’une Communauté Professionnelle Territoriale de Santé (CPTS), tentent de créer plus simplement une Equipe de Soins Primaires (ESP), pilier de l’organisation des soins ambulatoires, se voient opposer une fin de non-recevoir par certaines ARS (Région Grand Est, …). Beaucoup n’auront pas droit aux assistants médicaux, soit parce qu’ils exercent seuls, ou pas en exercice coordonné ou pas dans les bons territoires. Pour ceux qui pourront théoriquement en bénéficier, il leur faudra financer eux-mêmes ces assistants médicaux dès la troisième année alors que chacun sait que le niveau ridiculement bas du tarif de la consultation du médecin généraliste ne le permettra pas à moins de travailler encore plus longtemps tous les jours. Enfin, que dire à ceux qui attendaient des infirmières de pratiques avancées pour modifier la prise en charge de leurs patients atteints de pathologies chroniques lorsqu’ils s’aperçoivent que la seule Université de leur région, chargée de les former, a pris 100% d’infirmières hospitalières à la rentrée de septembre 2018 (Nantes, …).

A l’heure où les médecins généralistes, chefs d’orchestre du parcours de santé de leurs patients, doivent s’impliquer dans de véritables réorganisations de leurs territoires pour mieux répondre aux besoins de santé de la population, ils ont besoin que soient dressées des perspectives positives plutôt que des annonces qui assombrissent un peu plus leur horizon chaque jour.

Dr Luc DUQUESNEL,
Président Les Généralistes CSMF

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