Ce matin à 10h30 la commission mixte paritaire, chargée de trouver un accord sur le projet de loi relatif à l’organisation et à la transformation du système de santé, se réunit au Sénat. Un des amendements discutés est celui obligeant les étudiants en 3e cycle de médecine générale mais aussi d’autres spécialités à faire leur dernière année de formation en autonomie complète et principalement dans des zones sous-denses. ReAGJIR, le syndicat qui rassemble et représente les jeunes généralistes (remplaçants, jeunes installés et chefs de clinique), s’inquiète d’une telle possibilité et rappelle que les internes sont encore des médecins en formation et non pas de la main d’œuvre à envoyer dans les déserts médicaux.
Retour sur le contenu d’un texte difficile à accepter sur le terrain
Au début du mois, le 3 juin, le Sénat a adopté cet amendement au projet de loi. Ce matin, c’est au tour de la commission mixte paritaire de donner son avis sur cette nouvelle version du texte qui touche à la dernière année de spécialisation en médecine générale. Effectivement, le projet de loi prévoit la mise en autonomie totale des internes au cours de leur dernière année de formation mais il reste ambigu sur la définition de cette dernière année.
En effet, la réforme du 3e cycle entrée en application en 2017 prévoit une formation sur trois ans. Dans ce cadre la disposition sénatoriale viendrait supprimer les stages en autonomie supervisée auprès du praticien de médecine générale (SASPAS) et de santé de la femme ou de l’enfant.
« Le cursus de médecine générale est déjà court et l’amputer d’une année nous semble aberrant. D’autant plus que cette 3ème année est une année d’apprentissage où les internes ont encore besoin d’être encadrés et surtout accompagnés », explique Laure Dominjon, Présidente de ReAGJIR avant d’ajouter « Quels seraient alors les objectifs pédagogiques de cette année ? Quelle supervision serait mise en place ? Autant de questions qui restent sans réponse. ».
C’est pourquoi, ReAGJIR s’interroge sur la finalité de cet amendement qui s’apparente à du remplacement déguisé dans des territoires en souffrance, au détriment d’une amélioration de la formation des futurs médecins.
De l’importance d’une formation complète et de qualité
Actuellement la formation en médecine générale dure 9 ans. Les trois dernières années, aussi appelées « internat », en constituent le troisième cycle. C’est une période importante pendant laquelle le futur médecin généraliste se forme au travers des cours dédiés à la spécialité et des stages en ville et à l’hôpital. Si le passage à quatre années du troisième cycle de médecine générale est régulièrement évoqué, les Ministres de l’Enseignement Supérieur , et des Solidarités et de la Santé ont rappelé récemment qu’il n’en était pas question dans un futur proche.
Toutefois, dans le cadre de cette future année professionnalisante supplémentaire, ReAGJIR via son Collège des Jeunes Universitaires rappelle que cette « 4e année » doit être réfléchie sur des bases pédagogiques et avec l’objectif d’accompagner le jeune médecin généraliste dans l’acquisition de son autonomie mais toujours avec un encadrement adapté. Elle ne doit, en aucun cas, se transformer en remplacement ou en collaboration déguisés.
« L’ensemble de nos territoires et de nos patients mérite des professionnels formés. Une formation cohérente et encadrée est un facteur d’ancrage important dans les territoires », explique Laure Dominjon.
ReAGJIR s’oppose donc à cet amendement réducteur et appelle les parlementaires composant la commission mixte paritaire à supprimer ce dispositif. ReAGJIR finalisera dans les prochaines semaines un document de propositions cohérentes pour une quatrième année professionnalisante utile et ambitieuse.
« La formation des futurs professionnels de santé est un des piliers de la qualité des soins pour les patients qui en profiteront. Elle ne saurait être raccourcie ou bradée. », conclut Laure Dominjon.
À noter : ReAGJIR est le Regroupement Autonome des Généralistes Jeunes Installés et Remplaçants en France.