Les pénuries de certains médicaments sont devenues un véritable problème de santé publique. L’enjeu central de ce dossier est la santé des patients, comme l’avait rappelé le SML auditionné à ce sujet en 2018 par les Sénateurs. Ce sujet nécessite une forte implication de l’ensemble des acteurs dans une approche coordonnée et une communication en temps réelle à travers les outils partagés.
Or le SML, ne peut qu’être déçu de la présentation du plan d’action contre les ruptures, faite au siège de l’Ordre des pharmaciens… sans les médecins, pourtant prescripteurs et très concernés par ce sujet.
Les dispositifs d’information retenus laissent de côté les outils mis au service de la coordination des soins, puisque le choix qui a été fait est celui du DP (dossier pharmaceutique) auquel les prescripteurs n’ont pas accès, puisqu’il n’est pas interfacé au DMP (dossier médical partagé). En outre, le SML ne voit pas l’intérêt de multiplier les dossiers puisque le DMP est désormais sur les rails et que les pharmaciens sont incités par l’assurance maladie pour les ouvrir.
Le SML comprend bien que dans les cas où un médicament est manquant il faille trouver une solution sinon d’attente, du moins de remplacement en urgence pour apporter une réponse au patient. Mais cette décision est et doit rester strictement du domaine du prescripteur. La mesure permettant au pharmacien de « remplacer le médicament prescrit par un autre » et puis « en tout état de cause » d’en « informer » le prescripteur n’est pas acceptable et doit être revue. Au moment où la coordination des soins est le maître mot de l’organisation des soins dans le cadre de la réforme « ma santé 2022 » le SML ne comprend pas cette exception.
Tout remplacement de médicament par un autre doit se faire en lien direct avec le prescripteur et avec l’accord express de celui-ci. La procédure de remplacement, en cas d’urgence ou dans l’hypothèse où le prescripteur ne serait pas joignable, ne peut se concevoir que dans le cadre d’une protocolisation entre médecins et pharmaciens d’un même secteur, en application de grilles de substitutions proposées par l’HAS, avec un retour d’information obligatoire en direction du médecin prescripteur via les messageries sécurisées et le DMP, mais aussi une garantie de traçabilité de ce remplacement de produit, dans le but d’assurer un suivi médical renforcé du patient concerné.
Enfin, le SML souhaite que les représentants des médecins soient inclus des différentes instances destinées à évaluer les différents dispositifs de lutte contre les ruptures d’approvisionnement.
Au total, le SML estime que, s’il est important de lutter contre les pénuries de médicaments, il ne faut pas que les dispositifs mis en œuvre soient la forêt de bonnes intentions qui masque une nouvelle étape du mercato des compétences médicales en faisant entrer les pharmaciens dans un rôle de prescripteur, ce qui ne serait pas sans poser de nombreuses difficultés.