« L’accès aux soins préoccupe de plus en plus souvent la population. Démographie des médecins généralistes en baisse, raréfaction de l’offre de soins spécialisée, coût du foncier en centre-ville : vous serez peut-être confronté à ces questions durant votre mandat. Que vous soyez élu rural ou élu des villes, vous risquez fort d’être interpellé par les habitants de votre commune. MG France vous propose quatre recommandations pour vous aider à répondre à ces questions.
On parle souvent de déserts médicaux.
Cette notion est inexacte car un désert, ce serait une absence totale de couverture sanitaire ce qui, heureusement, n’existe pas en France. Il est préférable de parler de la demande de soins de proximité, exprimée légitimement par la population, et de l’inadéquation de l’offre à cette demande en raison de la démographie déficitaire des médecins généralistes libéraux. Poser le problème ainsi rend évidente notre première recommandation. Une ressource rare se cultive et se préserve.
Recommandation n°1 : toujours commencer par le recensement des professionnels de santé libéraux du territoire, en les invitant à se réunir pour faire le point sur leurs activités et leurs attentes. C’est la meilleure façon de dimensionner correctement un projet d’accompagnement. Il ne sera pas possible de maintenir des médecins partout comme hier. Le regroupement des professionnels s’avère souvent indispensable pour renforcer l’accès aux soins. Une concertation réussie entre élus du territoire et professionnels de santé libéraux est la clé du succès.
On parle souvent des patients qui ne trouvent pas de médecin traitant.
Les médecins généralistes français travaillent en moyenne 55 heures par semaine. La patientèle moyenne d’un généraliste est d’un peu plus de 800 patients. Ce chiffre ferait sourire nos confrères des pays voisins. Un généraliste étranger peut compter fréquemment sur 3000 patients inscrits. C’est possible parce qu’ils bénéficient de fonctions support : secrétariat, assistants, infirmières. Cette équipe de soins permet de prendre en charge une population plus nombreuse sans créer un rythme de travail insoutenable, en déchargeant les praticiens des tâches ne relevant pas spécifiquement de leur compétence. C’est ainsi que la population sera assurée de trouver partout un médecin traitant.
Recommandation n°2 : offrir aux médecins généralistes dont il faut cultiver la présence, des fonctions support.
Ce sont des emplois non délocalisables. L’attribution de 2 collaborateurs à chaque médecin généraliste représente 100 000 emplois, contre 20 000 environ actuellement. L’Assurance Maladie facilite depuis septembre 2019 l’embauche d’assistants médicaux. Il faut avancer plus vite dans cette direction en renforçant l’équipe du médecin traitant. Ces fonctions support sont d’autant plus faciles à utiliser qu’elles peuvent être mutualisées entre des professionnels regroupés.
Il est courant de nos jours de parler de l’attractivité d’un métier.
L’attractivité financière du métier de médecin généraliste ne relève pas des élus locaux, mais deux questions sont de votre ressort :
Recommandation n°3 : préserver l’accès à un immobilier adapté aux besoins.
Installer un cabinet médical moderne et bien équipé pour loger les médecins, leurs équipes de soins et leurs stagiaires, ainsi que leur équipement médical, nécessite des locaux spacieux, accessibles aux personnes à mobilité réduite et proches des zones résidentielles. Répondre à tous ces critères est de plus en plus difficile en raison des prix immobiliers et des contraintes territoriales. Votre rôle d’élu local peut être déterminant pour trouver des solutions adaptées aux professions de santé de soins primaires.
Recommandation n°4 : faciliter les conditions de travail des médecins.
La gratuité du stationnement en ville est une nécessité pour la visite à domicile et pour le maintien à domicile des patients dépendants, avec un enjeu social et sanitaire majeur dû au vieillissement de la population.
Reste un dernier point, celui de l’exercice salarié …
De nombreux élus locaux ouvrent des centres de santé avec de médecins salariés. 35 heures par semaine, cinq semaines de congés payés, souvent pas de gardes et la protection sociale des salariés constituent une offre séduisante pour nos jeunes confrères. L’exercice médical sous statut salarié a tendance à réduire la production de soins ou la présence médicale dans la journée, plutôt qu’à l’augmenter. Ainsi à terme, c’est une raréfaction de l’offre de soins que produisent ces centres de santé. En outre, leur équilibre économique, avec des actes à tarif conventionnel et des horaires de salariés, est intenable sans une contribution financière importante des collectivités locales, qui est souvent sous-estimée au début.
Le système en vigueur en France, s’appuyant sur des professionnels libéraux mais conventionnés, est à la fois original et très productif.
Son fonctionnement doit être facilité par des organisations locales telles que maisons de santé pluri professionnelles et communautés territoriales de santé ainsi que par des fonctions support dédiées, financées par l’Assurance Maladie et par les collectivités locales. Ce système rendu ainsi plus attractif doit inciter plus de jeunes professionnels à s’installer.
C’est à l’évidence dans cette volonté résolue de travailler avec et pour les professionnels que se trouve la clé du maintien de l’offre de soins.
MG France vous remercie pour votre attention et pour votre soutien à notre but commun : l’accès aux soins de toute la population. »