Nous avons suivi avec intérêt les déclarations du Président de la République sur le nouveau Plan Cancer, nous avons apprécié son choix de visiter ensuite l’Institut Gustave Roussy.
Il faut évidemment se réjouir des ambitions affichées, tant dans l’intérêt des patients que de la pertinence de notre recherche et innovation.
Difficile toutefois de ne pas remarquer des absents de taille : les acteurs des soins et de la recherche ! On prévoit d’investir dans les moyens matériels, informatiques, techniques, mais de façon abstraite, en oubliant les femmes et les hommes qui vont les mettre en oeuvre. L’innovation est traitée comme un simple investissement dans des structures industrielles ou pharmaceutiques, comme un aménagement législatif, alors que c’est avant tout un défi humain, mené par des femmes et des hommes dévoués.
Certes, un bon nombre de soignants ont déjà bénéficié de mesures plus généralistes dites « Ségur ». Mais la recherche et les soins en cancérologie ne sont pas l’apanage du seul hôpital public, loin s’en faut ! Il y a de nombreuses structures privées à mission de service public qui accomplissent cette mission au quotidien, regroupées dans le secteur privé à but non lucratif (PNL). Les praticiens (médecins et pharmaciens) de ce secteur ont été délibérément oubliés des mesures « Ségur ». Délibérément parce que les nombreux appels de leurs représentants sont demeurés sans réponse depuis plus de 6 mois.
Parmi ces structures privées qui ont les soins et l’innovation en cancérologie dans leur feuille de route, il y a les Centres de Lutte Contre le Cancer (CLCC), qui vont donc se retrouver de fait en première ligne pour assumer les objectifs et les ambitions de ce plan cancer. L’Institut Gustave Roussy est l’un d’eux. Ces structures d’excellence sont régulièrement reconnues par leurs pairs, OECI (Organisation of European Cancer Institutes), la presse nationale (classement du Point 2020) ou internationale (classement Newsweek 2021 des meilleures structures mondiales d’oncologie). En revanche, elles sont fort loin d’avoir l’oreille et les attentions de leur ministère de tutelle.
Lorsque dans la foulée de sa présentation du plan cancer, le Président de la République fait le choix symbolique de se déplacer à l’Institut Gustave Roussy (5ème meilleur hôpital mondial en oncologie selon le palmarès Newsweek 2021), il a assurément conscience du caractère emblématique de cet établissement. En revanche, est-il au fait que ses praticiens (qu’il a probablement congratulés au cours de sa visite) ont été écartés des mesures de revalorisation accordées à l’hôpital public ? (NB : 450 M€ pour les praticiens de l’hôpital public, zéro pour ceux des CLCC).
Nous invitons donc le Président de la République à se pencher attentivement sur la situation spécifique des acteurs de son plan cancer, puisque le Ministère de la Santé laisse sans suite les demandes de nos organisations syndicales et patronales.
Au-delà des ambitions affichées à 10 ans, la pandémie a causé de nombreux retards de soin et pertes de chances en cancérologie. Malgré cela, les CLCC (qui sont il est vrai moins au front du Covid) ont globalement maintenu leur niveau de soin. Ce sont donc des réponses à court terme et non à 10 ans qui sont espérées pour venir soutenir et encourager les acteurs les plus en pointe de la cancérologie.
Contact :
Dr Thomas MOGNETTI
Président du SNPCLCC
unms@cfecgc-santesocial.fr