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Cancer : « la France en mauvaise place », pointe le Réseau Environnement Santé (Communiqué)

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La lutte contre le cancer doit être basée sur les connaissances scientifiques d’aujourd’hui et pas celles d’il y a 50 ans.

« Bilan positif pour le 3ème plan cancer » déclare le directeur général de l’INCa en présentant la stratégie décennale 2021-2030. Les chiffres fournis par le CIRC et les projections sur la période 2020-2040 contredisent ce bel optimisme.

Les estimations du CIRC diffèrent déjà notoirement de ceux de l’Institut National du Cancer de 19 % pour le nombre de cas et de 16 % pour les décès, alors qu’ils reposent pourtant sur les mêmes données, celles fournies par les registres du cancer. La différence vient de la méthode d’extrapolation à l’ensemble de la population, sachant que les registres ne couvrent pas les grandes régions urbaines et industrielles, ce dont tient compte le CIRC et pas l’INCa. Cela démontre la nécessité de disposer de registres nationaux.

Si on regarde sa place dans le monde, aujourd’hui, la France se situe au 9ème rang au niveau mondial (5ème rang pour les hommes, 12ème rang pour les femmes), mais au 4ème rang pour le cancer du sein, 1er cancer féminin (et même au 2ème rang pour les femmes de moins de 59 ans) et au 7ème rang pour le cancer de la prostate, 1er cancer masculin (6ème chez les moins de 64 ans). Selon le CIRC, le nombre de nouveaux cas de cancer en France passera en 20 ans de 478 000 à 579 000 (+21%) et le nombre de décès de 186 000 à 252 000 (+35%).

Si on peut se réjouir de la chute régulière d’un cancer comme celui de l’estomac, ce qui montre qu’il n’y a pas de fatalité, d’autres comme le cancer du pancréas progressent très rapidement. Ce sera la 3ème cause de décès par cancer d’ici 20 ans, car il n’existe aujourd’hui aucun traitement. On cherche pourtant en vain une indication dans la stratégie décennale relative à la compréhension des causes environnementales de ce cancer.

Si on compare avec les pays les moins touchés comme le Bhoutan, pays suffisamment développé pour avoir une collecte de données fiable, le taux français est 4,8 fois plus élevé pour les hommes, (100 fois plus élevé pour le cancer de la prostate !), et 3, 7 fois plus élevé pour les femmes (20 fois plus élevé pour le cancer du sein).

La France se distingue aussi par ses départements d’outre-mer. La Guadeloupe détient le taux le plus élevé au monde pour le cancer de la prostate devant la Martinique, respectivement +85 % et +70% par rapport à la métropole).

Face à une situation aussi préoccupante, le plan décennal, construit sur la même logique que les plans précédents, n’apparaît pas à la hauteur de l’enjeu. L’accent y est en effet mis sur le soin, ce qui est nécessaire mais manifestement pas suffisant et, une fois traité tabac et alcool, l’environnement reste marginal.

Les Perturbateurs Endocriniens, dont le rôle est pourtant déterminant dans les cancers les plus fréquents (sein et prostate), comme le rappelle le dernier rapport de l’Endocrine Society, sont à peine évoqués. Le programme Halifax publié dans la revue de référence Carcinogenesis a démontré la validité des nouveaux concepts sur la biologie du cancer (une substance peut être classée cancérogène pas seulement si elle a un effet mutagène mais si elle agit via 10 autres mécanismes clefs) et l’effet des faibles doses de substances chimiques.

Un volet recherche « Cancer de l’enfant-Environnement » est bien signalé, mais l’enjeu concerne évidemment aussi les adultes. Plus que jamais, cette question doit faire l’objet d’une concertation citoyenne, or le RES, comme toutes les associations agissant pour promouvoir la santé environnementale, n’ont même pas été consultées. La Stratégie Nationale Perturbateurs Endocriniens adoptée en septembre 2019 n’a fait depuis l’objet d’aucune réunion.

Le RES soutient l’idée d’une conférence nationale annuelle de santé environnementale proposée par la mission parlementaire d’enquête sur la santé environnementale et appelle à la tenue de rencontres régionales citoyennes pour la préparer.

Pour lire le communiqué en ligne, cliquez ICI.

Contact: André Cicolella – Réseau Environnement Santé – contact@reseau-environnement-sante.fr

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