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« Y aura-t-il un médecin de garde à Noël ? » (Enquête flash)

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La permanence des soins est une des fiertés de l’hôpital public et de ceux qui y travaillent : être en capacité de donner une réponse médicale de qualité à toute heure et à tous donne du sens à notre mission de service public hospitalier.

Le sujet de la permanence des soins a été éludé du Ségur ; pourtant, ce sont les spécialités à fortes contraintes en permanence des soins – médecine d’urgence, anesthésie-réanimation et toutes les réanimations, gynécologie-obstétrique, pédiatrie – qui tirent la palme de la pénurie à l’hôpital public.

Le SNPHARE, suivi par de très nombreux syndicats ainsi que désormais par la Fédération Hospitalière de France, demande depuis vingt ans que le chantier de la permanence des soins soit ouvert ; si le ministère a fait un semblant d’ouverture à l’automne, nous n’avons toujours pas de calendrier de réunion…

A l’approche des fêtes de Noël, qui s’inscrivent dans un contexte de tension sanitaire maximale, le SNPHARE a été alerté par des difficultés à compléter les lignes de gardes et astreintes dans un nombre anormalement élevé de structures. Ces alertes ont motivé une très courte enquête, réalisée du 9 au 13 décembre 2021, sur l’état des lieux de la permanence des soins en cette fin d’année.

Plus de 1500 médecins ont répondu à cette enquête : 36 % anesthésistes-réanimateurs / médecine intensive réanimation (MIR), 19 % urgentistes, 45 % d’autres spécialités, notamment pédiatrie, gériatrie, psychologie, cardiologie, gynécologie obstétriqueLes gardes et astreintes sont assurées, outre les médecins du service, par les médecins d’autres services (26 %) et/ou les internes en cours de formation (« docteurs juniors » principalement, 42 %) et/ou des médecins intérimaires (21 %).  

Au moment de la réalisation de l’enquête – avant la création de lignes supplémentaires liées à la 5ème vague COVID – 26 % des listes de gardes et astreintes des praticiens sont cependant encore incomplètes pour la fin de l’année ; comme attendu, les services d’urgences sont les plus impactés (62 % de listes incomplètes), puis l’anesthésie-réanimation/MIR (18 %) et les autres spécialités (20 %).

31 % des praticiens rapportent une pression managériale pour prendre des gardes et astreintes non pourvues sur cette période : 13 % venant de l’administration, 18 % des responsables médicaux.

Le prix à payer pour permettre aux collègues de partir en vacances est lourd. Si le nombre moyen de gardes et astreintes au mois de décembre reste conforme à nos précédentes enquêtes (4 à 5 par mois), le volume horaire des praticiens pendant les vacances de Noël est élevé : il est supérieur à 48 heures sur une semaine de 7 jours pour 83 % d’entre eux et même supérieur à 72 heures pour 23 % d’entre eux.

Certes les effectifs de l’étude – réalisée sur une durée très brève – doivent inciter à la prudence ; les résultats obligent néanmoins à prendre en compte la difficulté d’assurer la permanence des soins pour l’hôpital public, et invitent à quelques réflexions :

  • L’incapacité à remplir une liste de garde/astreinte expose à une impossibilité de l’hôpital de prendre correctement en charge les patients : de l’augmentation du délai de prise en charge à la fermeture d’un service d’urgences ou d’un bloc opératoire.
  • La pression managériale pour assurer la permanence des soins est réelle ; elle s’additionne à l’auto-contrainte des praticiens à réaliser des volumes horaires hors norme, atteignant régulièrement le double des « 35 heures ». Ces accumulations de gardes rapprochées et de volumes horaires excessifs conduisent à l’épuisement professionnel des praticiens.
  • Le refus des tutelles de prendre à bras le corps le sujet de la permanence des soins, y compris pendant le Ségur, est une erreur stratégique qui met en péril la santé de nos concitoyens.

Le SNPHARE demande d’urgence un calendrier de négociations sur la permanence des soins. Ce calendrier devra débuter dès le mois de janvier et des mesures devront être prises avant mai 2022.

Le cahier des charges de ces négociations devra comprendre :

  • Le décompte du temps de travail des gardes et des astreintes, qui pour l’instant ressemble à un flou artistique plus ou moins légal et variable d’un établissement à l’autre, pour une même activité
  • La rémunération de la permanence des soins, qui n’a pas vu ses tarifs évoluer depuis vingt ans
  • La valorisation de la pénibilité de la permanence des soins dès la première garde ou astreinte, en vue de la retraite
  • Le sujet du temps de travail des praticiens

 

Contact : Anne Wernet – anwernet.snphar@gmail.com

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