Dans un contexte épidémique marqué par une cinquième vague due au variant Delta et l’apparition à la mi-novembre du variant Omicron, la Haute Autorité de santé se prononce aujourd’hui sur l’élargissement de la vaccination à l’ensemble des enfants de 5 à 11 ans. Sur la base des dernières données disponibles et après avoir auditionné les parties-prenantes, la HAS propose d’ouvrir la vaccination aux enfants de cette classe d’âge, sans obligation et sans que cela conditionne l’obtention d’un passe sanitaire, et en priorisant les enfants de moins de 12 ans scolarisés au collège.
Elle indique que cette vaccination peut être réalisée dès la mise à disposition de la formulation pédiatrique du vaccin Comirnaty® de Pfizer.
Après avoir recommandé le 30 novembre dernier la vaccination des enfants âgés de 5 à 11 ans particulièrement fragiles face à la Covid-19 ou vivant dans l’entourage de personnes immunodéprimées[1], la HAS rend aujourd’hui un nouvel avis sur la vaccination de l’ensemble de cette classe d’âge.
Pour rendre cet avis, la Haute Autorité de santé a notamment pris en compte l’analyse des études cliniques fournies par le laboratoire Pfizer, les données de pharmacovigilance internationales disponibles à date, les modélisations mathématiques sur l’impact de la vaccination des enfants sur l’épidémie, les positions des différentes parties-prenantes auditionnées (associations d’usagers et de parents d’élèves, professionnels de santé, Education nationale…) ainsi que l’avis du Comité consultatif national d’éthique.
Extrait de la synthèse :
Les formes sévères de Covid-19 affectent rarement les enfants mais lorsque c’est le cas près de 80 % d’entre elles sont retrouvées chez des enfants sans comorbidités. Par ailleurs, dans le contexte de l’arrivée du variant Omicron, plus contagieux que le variant Delta, on peut donc s’attendre à une augmentation des cas de formes sévères chez les enfants.
Dans sa formulation pédiatrique adaptée, le vaccin présente une très bonne efficacité contre les variants majoritaires circulant actuellement et sa capacité à prévenir les formes sévères est excellente. Ainsi, bien que moins important que chez les adultes, le rapport bénéfices/risques de la vaccination des enfants en bonne santé sur le plan individuel (établi par l’EMA et la FDA et confirmé par les données en vie réelle, portant sur plus de 10 millions d’enfants vaccinés) est-il favorable, en particulier dans le contexte actuel d’augmentation de l’incidence de la maladie en France.
En outre, au vu des différentes modélisations conduites, même si l’impact de la vaccination des enfants sur la vague actuelle ne serait que très limité, elle pourrait potentiellement réduire l’impact de vagues ultérieures en réduisant la circulation du virus dans la population générale. Cette possibilité est toutefois dépendante des hypothèses sur le maintien de l’efficacité vaccinale (probablement diminuée vis-à-vis du variant Omicron) et de la couverture vaccinale chez les enfants, donc de l’adhésion des parents (aujourd’hui limitée) et des professionnels à la vaccination de cette classe d’âge.
La HAS propose donc que les parents qui le souhaitent puissent faire vacciner leur(s) enfant(s) âgés de 5 à 11 ans à compter de la mise à disposition des doses en formulation pédiatrique.
La HAS propose de prioriser la vaccination des collégiens (de moins de 12 ans, dont les caractéristiques sont proches de celle des autres collégiens) afin de compléter rapidement la campagne de vaccination des enfants âgés de 12 ans et plus.
La HAS préconise que la vaccination des enfants âgés de 5 à 11 ans puisse se faire dans le cadre d’une décision médicale partagée, sans la rendre exigible ni obligatoire, après avoir apporté, aux familles ainsi qu’aux enfants, une information claire et adaptée à leur âge, sur la connaissance des bénéfices et des risques liés à l’administration de ce vaccin.
La vaccination des enfants doit être précédée par la réalisation d’un TROD sérologique (en l’absence d’antécédent connu et documenté de Covid-19) afin de limiter l’administration du vaccin à une seule dose en cas de test positif.
Au vu des premières données indiquant une perte d’efficacité vaccinale au cours du temps contre le variant Omicron et les données limitées en faveur d’un espacement de l’intervalle entre les deux doses, la HAS recommande que le délai entre les deux doses de vaccin soit espacé de 21 jours, conformément au schéma vaccinal de l’AMM.
Aussi la HAS tient à souligner l’importance de la place des pédiatres et des médecins traitants dans la démarche vaccinale pour ce public particulier. En effet, au vu du faible niveau d’acceptabilité des parents pour cette tranche d’âge, il est particulièrement important que les informations nécessaires puissent leur être apportées et qu’ils aient la possibilité d’obtenir des réponses adaptées à leurs questions. La vaccination doit être présentée non comme une obligation mais comme une possibilité qui leur est offerte pour leurs enfants.
Des outils pédagogiques devraient ainsi pouvoir être élaborés pour les professionnels et les parents.
En outre, des informations relatives à la vaccination devraient également être relayées dès début janvier 2022 par l’Education nationale, et notamment avec l’aide des professionels de santé scolaire, dont le rôle est majeur pour un public de cet âge, comme cela a été souligné par les parties prenantes auditionnées.
Dans un contexte encore imprévisible où la circulation du variant Omicron est source de nombreuses incertitudes quant au maintien de l’efficacité des vaccins à ARNm[2], la HAS souligne que ces recommandations seront revues prochainement à la lumière des nouvelles données disponibles.
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