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Pratique avancée des IADE : lettre ouverte de l’AAL à Olivier Véran (Document)

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Lettre ouverte du Syndicat des anesthésistes libéraux (AAL) à Olivier VERAN, ministre des Solidarités et de la Santé. 

Monsieur le Ministre,

Nous avons pris connaissance avec circonspection du rapport très attendu de l’IGAS « Trajectoires pour de nouveaux partages de compétences entre professionnels de santé », rendu public le 5 janvier dernier et destiné à éclairer votre prise de décision sur les dispositifs de partage de compétences, entre professionnels de santé et sur l’ouverture de la pratique avancée aux infirmiers Anesthésistes Diplômés d’État (IADE).

Si la proposition de définir un statut différencié (IPA spécialisé) spécifique doit être saluée, car elle semble répondre, du moins en partie, à la nécessité de reconnaître formellement la valeur et les compétences des IADE, nous déplorons cependant que ce rapport occulte les problèmes de fond et méconnaisse la réalité des pratiques du binôme IADE – Médecin Anesthésiste Réanimateur, en particulier dans les établissements privés et sa valeur ajoutée.

Il s’agit dans la pratique quotidienne d’une délégation de taches sécurisées qui se passe très bien.

La critique non étayée de «la définition législative actuelle de la pratique avancée « à la française » qui rend techniquement problématique la reconnaissance des IADE, en tant qu’IPA » nous semble partiale.

Ce rapport est insuffisant et ne peut pas servir de base à un texte législatif ou règlementaire.

En tant que syndicat représentatif des médecins anesthésistes réanimateurs libéraux, nous soutenons la légitime reconnaissance des compétences des IADE, et l’amélioration de leurs conditions d’exercice,mais nous ne voulons pas d’un système où il y aurait deux circuits :

– un dans lequel les patients seraient endormis et surveillés par un médecin anesthésiste

– un autre ou comme cela se produit dans d’autre pays USA p.ex., lespatients seraient pris en charge par un IADE seul.

En conséquence, si un statut particulier valorisant les compétences des IADE et l’excellence de leur formation doit être proposé, il ne peut l’être que si ce statut s’inscrit dans les termes des décrets n° 94-1050 (décret de sécurité de l’anesthésie) et n° 2017-316 (relatif aux actes infirmiers relevant de la compétence des IADE) qui sanctuarisent la pratique de l’anesthésie de la consultation médicale préopératoire, à la salle de surveillance post-interventionnelle.

Décret incontournable, socle de la sécurité et qualité en anesthésie.

La pratique avancée en faveur de laquelle vous venez de vous prononcer ne peut pas concerner la pratique anesthésique au regard de la réalité de terrain de l’exercice libéral dans notre pays essentiellement à cause de la responsabilité de l’acte qui incombe au médecin anesthésiste du fait de sa formation et de sa compétence, c’est lui que l’on appelle en cas de problèmes graves.

L’anesthésie profonde ou non peut toujours se compliquer brusquement d’un arrêt cardio respiratoire, d’un trouble du rythme, d’un AVC, d’un choc anaphylactique, hémorragique … qui nécessite alors l’intervention immédiate d’un anesthésiste. Cette situation est aujourd’hui prévue et organisée dans nos pratiques professionnelles, dans le cadre de l’organisation de l’anesthésie avec une délégation de soin au sein des équipes Anesthésiste-IADE.

Remettre en question cette délégation de tâches sécurisée pour une autonomie totale des IADE nous semble très dangereux car elle annule tous les décrets de sécurité anesthésie et qu’elle remet en question toute la sécurité des soins en anesthésie.

Contrairement à l’interprétation par la mission de l’IGAS des recommandations de la SHAM, aucun assureur ne prendra en charge la sinistralité liée à une pratique avancée pour les IADE.

Sauf peut-être que certains directeurs d’hôpitaux et de cliniques en rêvent et peut-être y œuvrent ?

Au détriment de la sécurité des patients qui reste notre priorité.

Il est à noter curieusement qu’aucun assureur n’a été interrogé lors de la mission menée par l’IGAS…

Le « Gold-standard » de la pratique de l’anesthésie en France, nécessite la présence d’un praticien ou d’un IADE en salle, et la pénurie de médecins anesthésistes réanimateurs à l’hôpital comme en libéral, rend encore plus nécessaire la coopération du binôme et non pas leur opposition !

La sécurité est à ce prix.

Le vieillissement de la population, l’augmentation du nombre d’actes et surtout leur non-revalorisation depuis trente ans, rendent l’exercice libéral plus difficile et injuste par rapport au statut hospitalier.

Pourquoi vouloir modifier un couple qui fonctionne bien, dont le service rendu aux patients (des électeurs) est inestimable ?

Pour toutes ces raisons, nous souhaiterions vous rencontrer pour compléter votre information dans ce contexte sanitaire si difficile, oùnotre spécialité est mise à dure épreuve.

Nous vous prions de bien vouloir agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de notre haute considération.

Dr François HONORAT, Président AAL                                                                                           
Dr Loïc KERDILES, Vice-président AAL

Contact presse : Christine MORGES – actu@christinemorges.fr

 

 

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