Dans le cadre de ses travaux menés sur les impacts de la crise sanitaire, la Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques (DREES) publie une étude sur l’activité des centres de distribution d’aide alimentaire au printemps 2021 au regard de la situation d’avant crise sanitaire. À partir des données issues d’une enquête réalisée conjointement par l’Insee et la DREES en mai 2021, cette étude analyse leur perception de l’évolution de leur fréquentation et des profils des bénéficiaires. Hausse de la fréquentation des centres de distribution dans les grandes villes les plus exposées à la pauvreté début 2021
Au printemps 2021, une majorité des centres de distribution d’aide alimentaire déclarent une augmentation de leur fréquentation par rapport à la situation d’avant-crise sanitaire. Les centres répondants jugent cette hausse forte pour 21 % d’entre eux, modérée pour 36 %, tandis que 40 % estiment la fréquentation stable, voire en diminution, le reste des centres ne se prononçant pas (graphique). Par ailleurs, deux tiers des centres (65 %) signalent un accroissement de la part des nouveaux bénéficiaires parmi l’ensemble des personnes aidées, et près d’un centre sur cinq (18 %) estime que cet accroissement est fort.
Derrière ces chiffres globaux, de fortes disparités apparaissent. La taille des centres apparaît tout d’abord comme le premier facteur de différenciation : ceux qui accueillent le plus de personnes sont également ceux qui signalent le plus fréquemment de fortes hausses du nombre de bénéficiaires.
Des disparités territoriales observées : une hausse de la fréquentation des centres de distribution plus importante en Ile-de-France, Provence-Alpes-Côte-D’azur et en Outre-mer
Par ailleurs, trois régions se distinguent par une proportion élevée de sites indiquant une forte augmentation du nombre de personnes accueillies : 37 % des centres de Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca), 35 % en Île-de-France et 31 % en Outre-mer font ce constat. C’est également dans ces régions que la part des nouveaux publics est plus souvent jugée en forte hausse par rapport à l’avant-crise sanitaire : c’est le cas de 38 % des centres en Île-de-France et de 27 % de ceux de Paca, contre moins d’un cinquième au niveau national. D’autres régions font le constat d’une augmentation modérée comme en Bourgogne-Franche-Comté, dans les Hauts-de France et en Occitanie tandis que d’autres régions semblent avoir été épargnées par l’intensification des besoins d’aide alimentaire suite à la crise sanitaire. Ainsi, plus de la moitié des centres des Pays de la Loire déclarent que le nombre de bénéficiaires est stable ou a diminué au premier trimestre 2021 par rapport à l’avant-crise sanitaire. La Normandie est aussi concernée par ce constat.
L’évolution des profils des publics accueillis dans les centres de distribution d’aide alimentaire est liée au contexte socio-économique et à la composition socio-démographique des territoires
Parmi les grandes unités urbaines, des différences s’observent entre celles qui sont exposées à la pauvreté et au chômage et les autres. Dans les premières les centres de distribution déclarent plus fréquemment une forte hausse de leur activité. En revanche, dans les territoires moins denses, le contexte socio-économique, qu’il soit favorable ou non, apparaît moins différenciant.
S’agissant des publics perçus comme ayant connu une forte augmentation de leur fréquentation, ils sont généralement le reflet de la composition sociale des territoires. Ainsi, les centres situés dans des communes où les jeunes âgés de 18-24 ans représentent une part importante de la population observent plus souvent une forte augmentation de la part des jeunes (17 % contre 13 %) et des étudiants (18 % contre 10 %) parmi les publics accueillis.
Sources
S’inscrivant dans une démarche d’observation des impacts sociaux de la crise sanitaire, une enquête a été réalisée en mai 2021 par l’Insee et la DREES auprès des sites de distribution d’aide alimentaire. Elle a permis de recueillir leur perception de l’évolution des activités d’aide et des profils des bénéficiaires au cours du premier trimestre de 2021 par rapport à un trimestre d’avant-crise sanitaire.
Lancée un peu plus d’un an après le début du premier confinement de mi-mars 2020, l’enquête a été réalisée dans le contexte d’un troisième épisode de restriction des déplacements de la population et de fermeture des établissements scolaires, crèches et lieux publics dits non essentiels. Fin mars 2021, ces mesures sanitaires, déjà en vigueur dans les 19 départements les plus touchés par l’épidémie (principalement en Île-de-France et dans les Hauts-de-France), sont étendues à l’ensemble du territoire métropolitain.
Au total, le questionnaire accessible en ligne durant les mois de mai et juin 2021 a permis de recueillir 3 052 réponses dont 1 589 exploitables (les autres correspondant aux cas où le questionnaire n’a été que partiellement renseigné) [tableau]. Cela représente environ 15 % de l’ensemble des centres potentiellement concernés, cette proportion variant selon les réseaux d’affiliation. Tous les résultats présentés dans cette étude s’interprètent sur le champ des seuls répondants à l’enquête. Du fait du faible taux de réponse, ils doivent être pris davantage comme des ordres de grandeur que comme des estimations précises.
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