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Le CNP de gériatrie réagit à l’actualité faisant suite à la parution du livre « Les fossoyeurs » et met l’accent sur trois leviers d’action à mettre en œuvre rapidement au sein des Ehpad (Communiqué)

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Le plaidoyer du Conseil National Professionnel de gériatrie (CNP)(1) vise le traitement urgent de trois maillons faibles exposant au risque de mauvaises pratiques de soins et d’accompagnement en Ehpad et propose trois leviers d’action afin d’y remédier.

Quels que soient les dysfonctionnements pointés du doigt, le CNP de gériatrie rappelle que la très grande majorité des soignants s’investissent jour et nuit, souvent avec abnégation, en acteurs engagés du soin et de l’accompagnement exemplaires par leur altruisme. Le CNP de gériatrie souhaite souligner que depuis 1997, les profils des résidents accueillis dans ces établissements, en terme de soins requis, se sont profondément modifiés, avec en corollaire une charge en soins beaucoup plus lourde.

Il s’appuie notamment sur les données de l’étude introductive au rapport Jeandel-Guérin (2) remis au ministère en juillet 2021 portant sur plus de 500 000 profils de résidents. Il s’agit bien là de l’objet de ce rapport qui énonce « 25 recommandations pour une prise en soins adaptée des résidents afin que ces établissements puissent demeurer des lieux de vie dignes » (2).

Tout en insistant sur le fait que l’objectif d’amélioration de la qualité des soins et de l’accompagnement ne pourra être atteint sans un renforcement de l’équipe médico-soignante et du taux d’encadrement, ce dernier devant tendre vers un ratio de 1 ETP/résident, le CNP de gériatrie souhaite mettre l’accent sur 3 leviers prioritaires : la politique qualité et de gestion des risques, la représentation médico-soignante dans les organes de gouvernance et la démocratie sanitaire.

Le premier levier est le renforcement d’une politique qualité et de gestion des risques

Cette obligation dans tous les établissements médico-sociaux, constitue un levier fort pour améliorer les prestations dédiées aux résidents et la constance de la qualité́ du service rendu à la personne.

Plusieurs mesures doivent être rapidement déployées : l’automatisation d’indicateurs qualité dans un tableau de bord régional constituant un socle « qualité », le renforcement des évaluations externes qui doivent être assurées par un organisme indépendant certifié et publiées, la déclaration exhaustive des évènements indésirables liés aux soins, le recours à des méthodes d’évaluation des risques a priori (proactive) et a posteriori (réactive), à des audits inopinés, à la méthode du résident « traceur »…, la généralisation de l’instauration des Comités de retour d’expériences en santé en Ehpad, et la mise en place d’une fonction de référent qualité́ mutualisé entre plusieurs établissements en tant qu’appui méthodologique. Ces mesures impliquent de disposer des moyens conditionnant leur mise en œuvre.

Le second levier concerne la place de la représentation médico-soignante dans la gouvernance des EHPAD et dans le contrôle de la qualité du soin et du « prendre soin »

Cette dernière doit permettre une plus grande autonomie du personnel médical de la résidence ou du groupe d’Ehpad et favoriser l’implication plus effective des représentants médicaux et soignants dans les organes de décision afin de garantir le déploiement d’une Politique médicale et de soins centrée sur le résident. Elle doit participer a garantir les déclarations exhaustives des dysfonctionnements liés aux soins et la bonne utilisation des ressources dédiées au soins.

Le troisième levier vise au déploiement effectif de la démocratie sanitaire et à la mobilisation des outils de démocratie participative des usagers ou de leurs représentants

Les droits des usagers, particulièrement promus au sein des lois de janvier 2002 et mars 2002, et plus largement la promotion de la démocratie en santé doivent être renforcés au sein des Ehpad : droits collectifs (participation, représentation des résidents) et droits individuels (projets personnalisés, droit à l’information, plateforme régionale de signalement, respect de la dignité, de la vie privée…).

Le CNP de gériatrie souhaite enfin rappeler qu’il devient impératif de sortir de la vision dichotomique qui oppose trop souvent les notions indissociables de lieu de vie et de lieu de soin. Cette dernière expose au risque d’une sous-estimation des besoins en terme de soins et d’accompagnement et indirectement de négligence, le plus souvent non intentionnelle, source d’inconfort voire de souffrance psychologique des soignants souvent confrontés à des injonctions paradoxales. « C’est donc bien parce que l’Ehpad est un lieu de soin, qu’il reste un lieu de vie ». Le « prendre soin » prôné par les gériatres intègre bien ces valeurs, et ce depuis longtemps.

 

Contact presse : Pr Claude JEANDEL – claudejeandel@yahoo.fr 

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