La charge de travail dans le domaine de la santé reste élevée, même si moins de personnes ont besoin de soins intensifs à cause de la pandémie. Les absences et les postes vacants sont une réalité dans tous les secteurs de soins et, dans les hôpitaux, les interventions reportées sont en train d’être rattrapées. Après deux ans de pandémie, le personnel de santé est épuisé. Un rapport international lance l’alerte : les mesures visant à garder le personnel soignant en exercice sont plus importantes que jamais.
« Les développements internationaux et les réactions des institutions de santé suisses nous inquiètent beaucoup car ils montrent que la pénurie de personnel infirmier s’aggrave encore », relève Sophie Ley, présidente de l’Association Suisse des infirmières et infirmiers (ASI). Le Conseil international des infirmières (CII) a récemment présenté le rapport Sustain and Retain – The Global Nursing Workforce and the Covid-19 Pandemic.
C’est un fait : il faudra recruter et fidéliser à travers le monde jusqu’à 13 millions d’infirmières et d’infirmiers au cours de la décennie à venir en raison de la pression exercée par les maladies et des soignants qui quittent la profession à cause de la pandémie. C’est plus du double des prévisions antérieures au Covid. « La situation en Suisse présente un tableau similaire : selon le Jobradar, 12’300 postes étaient à pourvoir dans les soins au 4e trimestre 2021, contre 1’000 de moins en 2019 – avant la pandémie. Et avec plus de 6’000 postes les concernant, les infirmières et infirmiers sont en tête de liste depuis des années », détaille Sophie Ley.
Même si le variant actuellement en circulation pèse moins sur le système de santé que ce que l’on redoutait, la charge de travail du personnel de santé n’a pas connu d’amélioration. « Les absences pour cause d’isolement, les arrêts maladie liés à une surcharge de travail et les postes vacants pèsent sur les professionnels de la santé et les équipes. Ces dernières années, de nombreux soignants ont fait d’importants sacrifices personnels pour maintenir le système de santé à flot », explique Sophie Ley. Actuellement, il est essentiel de planifier soigneusement les ressources en personnel dans les semaines et les mois à venir, afin que les heures supplémentaires et les vacances puissent être prises et que les taux d’occupation convenus soient respectés.
Les revendications du CII et de l’ASI sont identiques :
- Il faut soutenir durablement les soignants en exercice afin qu’ils restent dans la profession (rétention), et ce en améliorant les conditions de travail et en évitant les surcharges.
- Il convient de définir une dotation en personnel infirmier diplômé pour les différents domaines spécialisés afin de garantir la qualité des soins aux personnes vulnérables et ne pas surcharger systématiquement les soignants.
- Si des charges supplémentaires imprévues devaient à nouveau survenir et ne pouvaient pas être atténuées par du personnel supplémentaire, elles devraient être compensées financièrement en conséquence.
- Il est urgent d’investir dans la formation du personnel infirmier.
« Le 28 novembre 2021, en acceptant l’initiative sur les soins infirmiers, le peuple suisse a donné un mandat clair à la politique. Le Conseil fédéral a maintenant l’obligation d’agir rapidement, notamment en ce qui concerne l’amélioration des conditions de travail et une dotation en personnel appropriée », rappelle Sophie Ley. « Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre encore plus de soignants. »
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