Une piste prometteuse pour prévenir l’atteinte psychique conséquente
à une infection transitoire.
Le cerveau est en mesure de détecter et de réguler une inflammation soit lo-cale soit généralisée. Ces fonctions sont possibles grâce à deux voies de médiation. La première, humorale, implique des structures cérébrales particulières qui permet-tent le passage de médiateurs inflammatoires circulants dans le cerveau. La seconde, neurale, met en jeu des nerfs, dont les afférences sensitives transmettent le signal in-flammatoire détecté localement.
Ainsi le nerf vague détecte, grâce à des récepteurs identifiés, une inflammation digestive ou pulmonaire. Des structures et des réseaux cérébraux spécifiques perçoivent et intègrent ces messages humoraux et neuraux afin d’orchestrer une réponse régulatrice à la fois neuroendocrinienne, neurovégétative et comportementale. Ces interventions correctives sont respectivement contrôlées par l’hypothalamus et l’hypophyse, le système nerveux autonome et le système limbique.
L’activation neuroendocrinienne se caractérise par une libération de cortisol, principale hormone de stress. La réponse autonomique, par une activation couplée des systèmes sympathique et vagal. Ce dernier favoriserait une réponse locale anti-inflammatoire. Les modifica-tions comportementales affectent l’humeur, l’attention, le sommeil, et l’appétit. Cette réponse a pour finalité de contrôler l’inflammation afin de préserver l’intégrité du milieu intérieur, ou homéostasie. Elle peut toutefois dans certaines circonstances être inadaptée et produire des désordres immunologiques et/ou psychiques.
Une infection sévère, dénommée également sepsis, est la condition la plus fréquente capable de déclencher cette stratégie de défense contre le stress inflammatoire. Principale cause de mortalité dans le monde, ce dernier est un enjeu de santé publique majeur.
Fait aggravant, le sepsis est également associé à des troubles chroniques psychologiques, tels qu’une anxiété, une dépression et un syndrome de stress post-traumatique. Ils augmentent significativement le risque suicidaire et impactent durablement la vie personnelle, sociale et professionnelle des patients. « Aucun traitement préventif n’a été ce jour démontré efficace, sans doute en raison d’une compréhen-sion insuffisante de leur physiopathologie, notamment des réseaux neuronaux impliqués dans leur genèse », indique le Pr Sharshar, Chef du pôle Neuro Sainte-Anne.
Dans une étude expérimentale publiée dans la revue Brain, une équipe de chercheurs de l’Institut Pasteur (Laboratoire Perception & Mémoire) et de cliniciens du GHU Paris Psychiatrie & Neurosciences (Service de Neuroréanimation) ont identifié, à l’aide de technique de pharmacogénétique, un circuit neuronal dédié comprenant le noyau central de l’amygdale et le noyau du lit de la strie terminale.
L’activation de ce circuit dans les premières heures du sepsis induit un comportement anxieux quinze jours après la guérison de l’infection. Ce comportement observé chez des souris mime le syndrome post-traumatique observé chez les patients recouvrant d’un sepsis.
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