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Face à l’urgence, les étudiants en médecine appellent les Ministres à l’action (Communiqué)

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« Madame la Ministre de la Santé et de la Prévention, Madame la Ministre de l’Enseignement Supérieur,

La situation du système de santé et de la formation médicale est préoccupante.

Depuis de trop nombreuses années, l’ANEMF alerte sur les conditions de vie et de formation dégradées des étudiants en médecine.

En 2019, nous manifestions dans la rue aux côtés de l’ensemble des professionnels de santé pour défendre l’hôpital public devenu maltraitant.

En 2020, à bout de souffle suite à la première vague de la COVID-19, nous réclamions la fin de la précarité financière et statutaire des étudiants hospitaliers.

En 2021, nous lancions l’alerte sur l’ampleur des violences sexistes et sexuelles dont les étudiants en médecine sont victimes, à l’hôpital comme à l’université.

Malgré les mesures prises par les gouvernements successifs, le constat reste sans appel : les cinq années écoulées n’ont pas permis de répondre de manière satisfaisante à ces enjeux.

A l’heure où la perte de vocation n’a jamais été aussi forte, parce que ces cinq prochaines années ne peuvent se contenter de demi-mesures, nous, étudiants en médecine, vous appelons solennellement à mener les transformations nécessaires pour restaurer les conditions d’études et d’exercice des professionnels de santé de demain.

Aujourd’hui, il y a urgence ! 

Il nous faut pouvoir mener nos études jusqu’à leur terme et dans des conditions dignes de ce nom !

Les réformes en cours dans les études de santé sont inabouties. L’augmentation significative du nombre d’étudiants et la révolution pédagogique promise n’ont pas été accompagnées de moyens humains et matériels suffisants. Il est urgent d’augmenter le nombre de personnels hospitalo-universitaires de manière équitable entre les universités, de valoriser la valence enseignement des praticiens hospitaliers et de financer des plans immobiliers pour les facultés. Les arbitrages et derniers textes de la réforme du deuxième cycle des études de médecine doivent être finalisés en adéquation avec les propositions étudiantes.

Aujourd’hui, il y a urgence !

Loin du stéréotype du jeune fortuné issu d’une famille de médecins, l’étudiant en médecine est précaire : près d’un étudiant sur quatre a déjà envisagé d’abandonner ses études pour des raisons financières.

Si à l’instar des autres formations universitaires les études de médecine sont gratuites, celles-ci cachent en réalité des coûts de formation de plus en plus exorbitants, dépassant les 1000 € par mois.

Notre capacité à assumer ces coûts dépend d’une rémunération qui, malgré un mi-temps de travail à l’hôpital et une revalorisation post-Ségur, demeure presque deux fois inférieure à celle des étudiants stagiaires des autres filières de l’enseignement supérieur.

Malgré cette précarité financière, la réforme des APL, faisant fi du statut des étudiants hospitaliers, a entraîné une diminution de nos aides de 100 euros par mois. Cette injustice doit être réparée sans délai et avec rétroactivité par des adaptations à ce statut si particulier.

Aujourd’hui, il y a urgence !

Le développement de stages sur les territoires est une demande forte pour répondre aux problématiques d’accès aux soins.

Cependant, avec des terrains de stage qui s’éloignent de nos facultés, sans logement d’accueil à disposition, les étudiants sont contraints de faire les trajets à leurs frais. Ceux-ci ne sont que très partiellement couverts par une indemnité insuffisante.

Face au doublement des prix à la pompe, il est inconcevable que les indemnités de transport et d’hébergement ne soient pas revalorisées !

Mesdames les Ministres. Des mesures audacieuses doivent être prises dès maintenant. Revalorisation de la rémunération des étudiants  hospitaliers à hauteur de 390€ par mois, revue à la hausse de l’indemnité de transport basée sur le barème national de remboursement des frais kilométriques des agents de la fonction publique et extension de l’indemnité d’hébergement aux stages réalisés en centres hospitaliers périphériques devront être des objectifs prioritaires pour la rentrée universitaire prochaine !

Aujourd’hui, il y a urgence !

Face à des études longues et précarisantes, 75% des étudiants en médecine souffrent d’anxiété pathologique. Dépressions, arrêts d’études et suicides sont imputables au manque de considération, aux violences et aux humiliations qui jalonnent notre parcours, encore imprégné du vieil adage selon lequel un “vrai” médecin doit être capable de tout endurer sans faiblir. En 2021, 5.2% des étudiants en médecine déclaraient avoir été victimes d’agressions sexuelles en stage. Cet état d’esprit ne doit plus perdurer.

La libération de la parole survenue pendant la pandémie est révélatrice d’un mal-être inhérent à notre cursus et notre future profession. Notre système universitaire et notre système de santé en sont les premiers responsables.

Le respect de nos droits doit aller de pair avec la sanction financière des établissements où les violences continuent de se produire, en dépit des avertissements.

Mesdames les Ministres. La tolérance zéro de la part des institutions envers les auteurs de violences, l’attribution de moyens suffisants pour permettre à la CNAES (Coordination Nationale d’Accompagnement des Etudiants en Santé) d’assurer ses missions, et la formation obligatoire des professionnels de santé aux risques psychosociaux devront être des priorités du prochain quinquennat.

Aujourd’hui, il y a urgence !

En tant que futurs médecins, la lutte contre les inégalités d’accès aux soins représente une priorité.

Néanmoins, les solutions à y apporter ne peuvent être construites dans la précipitation, en tentant de rattraper des années d’errance sur le sujet.

Notre intégration aux concertations à venir est essentielle tant elles concerneront notre futur exercice.

Mesdames les Ministres. Nous vous demandons d’ores et déjà de suspendre le projet de quatrième année de médecine générale. A un mois des Examens Classants Nationaux, il est en effet intolérable de prévoir son application pour la rentrée prochaine. Une décision concernant la moitié des promotions des futurs internes ne peut être prise à la légère. La qualité de la supervision des internes, l’accompagnement du projet professionnel ou encore l’adaptabilité de la maquette du DES de médecine générale, indispensables à la réussite d’une telle réforme, doivent être garantis.

Aujourd’hui il y a urgence ! 

Les professionnels d’aujourd’hui et de demain ne tolèrent plus la détérioration constante des conditions de travail au sein de l’hôpital public où les schémas budgétaires priment sur la qualité des soins, l’exigence de la formation et la santé des personnels.

Les stratégies de management au sein des hôpitaux se doivent d’être au plus proche des besoins humains et logistiques des équipes médicales et paramédicales . Le respect des conditions de travail des soignants doit être une condition sine qua none à la certification des établissements.

Parce que les étudiants en médecine ne peuvent plus se satisfaire de promesses sans lendemain, parce que la vocation ne palliera plus les conditions d’étude et d’exercice dégradées, parce que l’espérance de vie de notre système de santé n’atteindra pas la fin du quinquennat sans mesures fortes, nous vous demandons d’agir en urgence en respectant le travail et les propositions des corps intermédiaires.

Dans l’attente d’un premier entretien dans les jours à venir, veuillez agréer, Mesdames les Ministres, nos salutations les plus distinguées. »

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