« Oui, assurément, la situation de notre système de santé est fragile. Oui, assurément, les risques de rupture dans l’accès aux soins de nos compatriotes sont réels, et je les vis au quotidien même s’ils ne touchent pas de manière homogène toutes les parties de notre territoire, et que je sais aussi que nos territoires regorgent de professionnels très innovants au service de nos concitoyens.
Ces difficultés, elles ne sont pas apparues du jour au lendemain. Elles sont, bien sûr, en partie le résultat des deux années de pandémie que nous venons de vivre ensemble et qui légitimement ont entraîné de la fatigue tant l’engagement a été de tous les instants. J’entends aussi le découragement de certains quand les fonctionnements « habituels » se réinstallent alors que la pandémie avait permis de remettre le collectif et le soin aux malades au coeur de l’exercice.
Ces difficultés sont aussi, et peut-être surtout, la manifestation d’évolutions plus profondes, qui touchent notre société avec des aspirations qui peuvent évoluer, et qui touchent aussi plus spécifiquement le domaine de la santé, qui fait face à des tensions notamment en matière de démographie soignante.
Ces difficultés, elles sont donc structurelles, et elles touchent non seulement les urgences, mais bien d’autres secteurs, en ville comme à l’hôpital. Je veux par exemple avoir une pensée particulière pour le secteur de la gynécologie et de l’obstétrique, au sein duquel les tensions sont, à bien des égards, aussi importantes qu’aux urgences, mais aussi à la pédiatrie, ou à la psychiatrie, fortement concernées, elles aussi, par un flux de patients non programmés.
Et puis la difficulté sur les soins non programmés, ce n’est pas seulement une difficulté sur les services d’urgences, c’est une difficulté sur l’amont, qui répond moins, c’est une difficulté aussi sur l’aval, où l’on peine à trouver des solutions d’admission des patients après leur passage aux urgences.
Ces difficultés, bien que n’en étant pas comptable, je les assume. J’assume tout autant de pouvoir dire qu’un effort absolument inédit a été consenti pour soutenir les soignants dans le cadre du « Ségur de la Santé ». Comme j’assume, en responsabilité, que nous devrons trouver collectivement de nouvelles solutions pour les dépasser. Nous sommes face à une situation où il n’y a pas d’autre choix, et je sais de mes échanges de ces derniers jours que ce besoin de transformation est souhaité de tous.
C’est donc la mission qui m’a été confiée par le président de la République et la Première ministre : ouvrir tous les chantiers de transformation de notre système de santé ; poser toutes les questions, même lorsqu’elles sont difficiles, ou lorsqu’elles appellent des réponses courageuses. Cette approche directe, cette volonté de dire la vérité et de parler de tout, nous les devons aux Français.
Elles sont la condition de traiter vraiment les sujets, d’apporter des réponses structurelles à ces difficultés structurelles. Elles sont surtout ce qu’attendent de nous nos concitoyens : nombre d’entre eux nous le disent, nous l’écrivent, nous pressent de les aider à se repérer dans le système de santé, ou partagent leur inquiétude et leur désarroi face à la désertification de certains territoires, ou face à l’absence de solution offerte par le système à leur besoin spécifique. »
Au @CongresUrgences, j’ai voulu rencontrer les urgentistes, non pas pour minimiser les difficultés de notre système de santé, mais pour leur dire, en responsabilité, que nous bâtirons, avec la ville et l’hôpital, des solutions nouvelles, rapides et efficaces pour les dépasser ⤵️ pic.twitter.com/jXezBDhNh8
— Brigitte Bourguignon (@BrigBourguignon) June 8, 2022