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Non, faire payer « les lapins » ne résoudrait en rien à l’accès aux soins, bien au contraire, relève le SNJMG (Communiqué)

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Une pétition a été récemment lancée à l’initiative de médecins souhaitant faire payer les rendez vous non honorés.

Nous rappelons d’ailleurs à toutes fins utiles, qu’il est illégal actuellement de faire payer tout acte n’ayant pas été réalisé, que le rendez vous ait été annulé ou non, et ce quelque soit le délai avant le rendez vous de l’annulation, aussi bien pour une consultation médicale que paramédicale.

Nous nous opposons fortement aux paiements des « lapins » pour plusieurs raisons. Les raisons des annulations, des oublis peuvent être variées. N’oublions pas que les patient-es elleux aussi vivent dans un monde avec extrêmement de contraintes : monde du travail, garde des enfants, problème familial de dernière minute, maladies diverses etc. De nombreux écueils peuvent amener à ne pas pouvoir honorer un rendez vous médical. En juger ne fait qu’affaiblir la relation de soin. De même, les oublis sont également possibles d’autant plus pour ceux qui ont été pris de nombreux mois à l’avance.

On rajoutera de plus qu’il n’est pas toujours évident de joindre le-a praticien-ne. En effet, combien de médecins ont des secrétariats qui répondent rapidement au téléphone? Qui ne sont plus externalisés, pour lesquels il faut attendre longuement, réitérer son appel, pour pouvoir joindre quelqu’un ? Dans ce cadre, vouloir annuler un rendez-vous est un obstacle supplémentaire, n’est il donc pas parfaitement compréhensible que le-a patient-e finisse par abandonner à joindre le médecin pour annuler ?

Reconstruire une relation de confiance soignant-e/soigné-e nous apparaît comme beaucoup plus approprié, constructif, positif contrairement à la logique de la culpabilisation, de la faute, qui ne fera qu’encore plus abîmer cette relation.

Si ce genre de mesures était mise en place, quelles seraient les conséquences de ces frais supplémentaires ? Cela impacterait évidemment les plus précaires qui ne peuvent se permettre de payer ces frais, ce qui freinerait d’autant plus l’accès aux soins. Les plus aisés n’en seraient pas gênés, pouvant se permettre ces paiements. Cette logique rajouterait donc un frein supplémentaire à l’accès aux soins de toustes.

La pétition affirme que c’est une « dérive consumériste du soin qui impacte chaque jour l’organisation du soin et l’activité des médecins de ville. » Or, les annulations de rendez-vous permettent parfois de rattraper un peu le retard, de répondre aux courriers/mails, et laissent rarement les médecins dans l’ennui. Certes, on ne va pas dire que c’est agréable les « lapins », bien au contraire, mais c’est pas non plus source d’une extrême désorganisation, ne laissant pas le médecin désœuvré.

Et si tant est que cela le laissait ainsi, cela montre encore une fois les limites de la tarification à l’acte. En effet, bien qu’il soit argué que cette mesure serait pour l’accès aux soins, la pétition demande le versement non pas à la sécurité sociale, comme d’aucun l’ont défendu, mais bien au médecin. C’est donc une question de manque à gagner pour le-a dit-e médecin qui est mise en avant. Ceci ne serait plus un problème dans le salariat, n’ayant pas d’impact sur les revenus (qu’on rappelera conséquent).

Nous souhaitons insister sur le fait qu’évidemment, si possible, il faut annuler le rendez vous à l’avance pour permettre de laisser des créneaux libres à d’autres personnes ; néanmoins, ce n’est pas toujours si simple et faire payer ces consultations ne fera qu’aggraver l’accès aux soins des personnes les plus précaires.

Nous appelons à construire de meilleures conditions de soins, d’accès aux soins, de meilleures relations soignant-es/soigné-es, avec plus de confiance, de disponibilité, d’écoute et moins d’inégalités dans la relation.

www.snjmg.org

1 commentaire sur “Non, faire payer « les lapins » ne résoudrait en rien à l’accès aux soins, bien au contraire, relève le SNJMG (Communiqué)”

  1. Je suis un ancien kiné, et je peux témoigner de ceux qui étaient le plus facilement laxistes avec leur traitement (de kinésithérapie) : les 100% et les AT pour lesquels les soins apparaissaient comme « gratuits » n’ayant même pas connaissance de leur coût. C’était aussi les mêmes qui ne venaient pas à leurs rendez-vous, en les décommandant ou non, ou qui me disaient quand ils/elles ne venaient pas « vous n’avez qu’à compter la séance comme si je suis venu.e » (sous-entendu, c’est la sécu qui paye). En France nous ne pouvons pas réclamer qu’un patient paye une consultation non honorée, ce n’est pas le cas dans d’autres pays où le.la patient.e non seulement a l’obligation de payer sa consultation qui n’est même pas remboursée par la SS locale : ce n’est donc pas une question d’éthique médicale qui nous empêche de le faire.
    Aujourd’hui je ne suis plus dans un secteur conventionné et ceux ou celles qui n’honorent pas leur rendez-vous sont susceptibles de devoir payer leur rendez-vous manqué, si l’excuse n’est pas recevable (à mon jugement). Chaque patient.e en est informé.e , et certain.e.s patient.e.s proposent d’eux-mêmes de régler un rendez-vous non honoré sans que je le leur demande. Certes un oubli peut arriver, il est alors facile de présenter des excuses, ce ne sont pas ces « lapins-là » qu’on peut fustiger. Certes le temps consacré à la personne qui ne vient pas peut être consacré à autre chose… à condition de le savoir pour ne pas passer son temps à scruter l’horloge.
    La santé n’est pas un bien de consommation, en tout cas différent des autres, et les patient.e.s ont un peu tendance à l’oublier. Dans la vie courante de plus en plus de prestations sont payables d’avance et non remboursables, cela fait réfléchir avant de se décider à prendre un rendez-vous ou une réservation. Les médecins, ne sont pas les seuls à se plaindre des « lapins » (restaurateurs, avocats, entre autres) et ils protestent avec raison. Le médecin comme tout professionnel de santé a raison de protester contre le comportement de certain.e.s patient.e.s. Ce sont peut-être les mêmes qui protestent aux urgences parce qu’ils ne sont pas pris en charge immédiatement alors que leur problème n’a aucun caractère d’urgence : un de mes amis rhumatologue me disait un jour : « il n’y a pas d’urgence, il n’y a que des gens pressés ». Au-delà de cette boutade il y aurait beaucoup à dire sur le comportement de certaines personnes en ce qui concerne leur santé et la considération que certain.e.s patient.e.s ont vis-à-vis de leur praticien. J’ai encore en mémoire la remarque que m’avait faite un médecin -c’était encore une époque où le médecin assurait les urgences la nuit- qui était outré parce qu’à 5 h du matin il avait été appelé par un de ses patients… pour lui faire un arrêt de travail !!!

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