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Risques associés aux paris sportifs : pour la première fois, Santé publique France lance une campagne de prévention (Communiqué)

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A quelques semaines du lancement de la coupe du monde de football, Santé publique France lance une campagne de prévention dont l’objectif est de diminuer le nombre de parieurs à usage problématique[1] et d’améliorer la connaissance des risques liés aux paris sportifs, notamment chez les jeunes. Particulièrement addictifs, ces paris peuvent avoir des conséquences importantes sur la santé et la situation sociale des joueurs qui les pratiquent et de leur entourage.

La campagne « Parier, c’est pas rien », diffusée jusqu’au 22 novembre, sensibilise les joueurs et leur entourage aux risques liés à une pratique problématique et oriente vers le dispositif d’écoute et d’aide à distance Joueurs info service.

Les conséquences sanitaires et sociales des paris sportifs

Bien que la plupart des risques liés aux jeux d’argent en général (notamment les problèmes financiers et la dépendance) peuvent être connus par une majorité de joueurs, ils sont souvent mis à distance par ces derniers[2],[3]. Chez les parieurs sportifs, ce phénomène s’avère davantage marqué, puisqu’ils ont tendance à considérer les paris moins comme un jeu de hasard que d’habileté (illusion de l’expertise). Pourtant, les conséquences sont réelles : surendettement, problèmes familiaux, isolement social et suicide[4] dans les cas les plus graves.

Il existe par ailleurs un lien entre jeu pathologique et troubles mentaux, décrit dans plusieurs études en population générale[5],[6],[7]. Selon ces études, les troubles anxieux seraient près de 4 fois plus fréquents parmi les joueurs pathologiques. De la même manière, le risque de trouble de l’humeur serait multiplié par 4,4 et celui d’épisode maniaque par 8,8 parmi ces derniers.

Le tabagisme, l’usage ou l’abus d’alcool, la dépendance aux drogues sont plus fréquents parmi les joueurs pathologiques. Une étude en population générale[7] a estimé que le risque de dépendance à ces produits étaient respectivement multipliés par 6,7 ; 6,0 et 4,4 parmi ces derniers.

L’enquête Baromètre santé de Santé publique France 2010 souligne également le lien entre pratique de jeu excessif et consommation d’alcool, de tabac et de cannabis (risques multipliés respectivement par 2,8 ; 1,6 et 2,0).

Par ailleurs, les conséquences psychologiques sur l’entourage peuvent être moins connues des joueurs mais représentent une large part (90%) des coûts sociaux associés aux jeux d’argent[4].

L’essor des paris sportifs en France

Les paris sportifs se sont considérablement développés et popularisés en France ces dernières années[8], notamment auprès d’un public jeune, particulièrement vulnérable. En effet, 72 % des parieurs ont entre 18 et 35 ans (près de 50 % entre 18 et 25 ans). Ces joueurs sont souvent issus de milieux modestes et sont plus fréquemment chômeurs.

Chaque événement sportif fait l’objet d’une pression publicitaire renforcée. Lors de l’Euro 2021, le montant des mises en ligne a atteint 434 millions d’euros, soit 3 fois plus que lors de l’Euro 2016 (141 millions €)[9]. Cette pression publicitaire contribue à la normalisation de la pratique des paris sportifs[10]dans la société.

En France, les paris sportifs constituent la 2ème forme de jeu la plus pratiquée en 2019, derrière les jeux de loterie : 5,2% des adultes ont parié au moins une fois dans l’année (soit 11% des joueurs). Ils sont par ailleurs la seule forme de jeu d’argent et de hasard dont la prévalence progresse entre 2014 et 2019 dans la population adulte (+ 37%). Les montants misés par les joueurs ont été multipliés par 2,8 en 5 ans.

Pourtant, le risque de jeu excessif est 5 à 6 fois plus élevé pour les parieurs sportifs que pour les joueurs de loterie.

Sur 100 parieurs sportifs, une quinzaine risque de basculer dans une pratique problématique.

Un dispositif pour informer et prévenir les risques des paris sportifs

La bascule vers le jeu problématique commence souvent par un gain, puis la perte, l’espoir de se refaire et l’escalade vers des pertes financières de plus en plus importantes entrainant situation de surendettement, conflits familiaux, difficultés psychologiques et sociales.

L’objectif de la campagne lancée par Santé publique France est de sensibiliser aux risques des paris sportifs, face à la présence très forte des opérateurs de jeu dans le quotidien des jeunes (sponsoring, publicités, émissions, sites et applications dédiés aux parieurs). Impliquée dans la prévention et la réduction des risques liés aux conduites addictives (tabac, alcool, drogues, jeux d’argent et de hasard), l’Agence déploie depuis de nombreuses années ses messages et dispositifs d’aide et d’écoute pour promouvoir des comportements favorables à la santé auprès du plus grand nombre.

Le concept de la campagne est de déconstruire les idées reçues sur les paris sportifs à travers une « émission débat » en format audio dans laquelle Mohamed Bouhafsi, journaliste sportif et Laurent Karila, addictologue interrogés par le comédien Fred Testot, décryptent la problématique des paris sportifs dans un format dynamique et spontané. Plusieurs thématiques sont abordées comme le poids des opérateurs de jeux, leurs techniques marketing, le caractère addictif des paris sportifs, ainsi que les mécanismes et les conséquences de l’addiction. Des capsules vidéos diffusées en digital, viennent compléter le dispositif d’information et seront diffusées quelques jours après le démarrage de la campagne.

La signature de la campagne « Parier, c’est pas rien » contribue à débanaliser les paris sportifs et rappelle les risques auxquels les joueurs s’exposent. Ils sont invités à retrouver plus d’informations sur le site dédié Joueurs info service de Santé publique France.

Joueurs Info Service : une aide personnalisée pour les joueurs et l’entourage

Le dispositif d’aide à distance Joueurs-Info-Service s’adresse au grand public et particulièrement aux personnes en difficulté avec leur pratique de jeux ainsi qu’à leur entourage. Il propose une aide et une écoute personnalisées, des informations spécialisées, des espaces d’échange (forum de discussion ou un chat collectif) et d’entraide ainsi qu’un annuaire des structures compétentes dans la prise en charge de l’addiction au jeu.

Ce dispositif comprend :

  • Une ligne téléphonique 09 74 75 13 13, accessible 7jours/7 de 8h à 2h du matin, anonyme et non surtaxée. Elle permet de mettre les joueurs ou leur entourage en relation avec des écoutants et leur délivrer les premiers conseils.
  • Un site internet répond  à toutes les questions que se posent les joueurs et leur entourage. Comment limiter ma pratique de jeu ? Comment gérer mes problèmes d’argent ? Que faire pour l’aider ? Le site délivre des conseils pratiques et juridiques, et oriente les internautes vers des professionnels à l’aide d’un annuaire de 3 000 structures spécialisées en addictologie. Pour les joueurs et l’entourage, le site propose un moteur de recherche permettant de trouver la structure adaptée à leur besoin dans leur département : suivi individuel, groupe de paroles, soutien de l’entourage sont ainsi proposés dans certains Centres de Soins d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie (CSAPA) formés à la prise en charge de la dépendance au jeu. Au-delà de sa vocation informative, Joueurs Info Service propose une véritable aide personnalisée à travers la rubrique « vos questions, nos réponses », le module de chat individuel et le service de rappel via Internet, chaque internaute peut obtenir une réponse personnalisée à ses questions et échanger en privé avec un écoutant de la ligne Joueurs info service.
Joueurs info service, un dispositif actif

En 2021, parmi les 3 635 demandes d’aide et d’information traitées par Joueurs info service, 65% provenaient des usagers, 32% de l’entourage, 3% des professionnels et du grand public. 47% de ces sollicitations concernaient les paris sportifs. Les thématiques les plus souvent évoquées étaient les difficultés à arrêter (34%), les difficultés financières (26%), le mal être de l’usager (24%).

 

Notes :

[1] Usage problématique défini à partir des scores du questionnaire ICJE (Indice canadien du jeu excessif), constitué par les joueurs à risque modéré et les joueurs excessifs.

[2] Spurrier M, Blaszczynski A. Risk perception in gambling: a systematic review. J Gambl Stud. 2014 Jun;30(2):253-76

[3] Amadieu, T. (2015), Prises de risques délibérées avec l’argent: les modalités de consommation des jeux de hasard.  Revue française de sociologie. 2015/4 Vol. 56

4 INSERM 2008 – Jeux de hasard et d’argent, contextes et addictions. Expertise collective

[5] POTENZA MN. Advancing treatment strategies for pathological gambling. J Gambl Stud 2005, 21 : 91-100

[6] MCINTYRE RS, MCELROY SL, KONARSKI JZ, SOCZYNSKA JK, WILKINS K, KENNEDY SH. Problem gambling in bipolar disorder : results from the Canadian community health survey. J Affective Disord 2007, 102 : 27-34

[7] PETRY NM, STINSON ES, GRANT BF. Comorbidity of DSM IV pathological gambling and other psychiatric disorders: results from the National Epidemiological Survey on alcohol and related conditions. J Clin Psychiatry 2005, 66 : 564-574

[8] Enquêtes Baromètre santé de Santé publique France 2014 et 2019

[9] Autorité nationale des jeux (ANJ) – Analyse du marché des jeux d’argent 2021

[10] Hibai Lopez-Gonzalez, Mark D. Griffiths & Susana Jimenez-Murcia (2021) The symbolic construction of sports betting products, International Gambling Studies, 21:3, 498-515

Contacts presse : Santé publique France – presse@santepubliquefrance.fr

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