Le 18 juillet 2022, Sylvie Retailleau, Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche annonçait le financement d’un programme de recherche ambitieux de recherche en psychiatrie, baptisé PROPSY (Projet-programme en psychiatrie de précision). Piloté par l’Inserm et le CNRS dans le cadre des Programmes et équipements prioritaires de recherche (PEPR), et coordonné scientifiquement par Marion Leboyer, médecin psychiatre et chercheuse (UPEC, APHP, INSERM, Fondation FondaMental), ce programme inédit en France, doté de 80 millions d’euros sur cinq ans, est officiellement lancé ce jeudi 27 octobre 2022.
Structuré autour de cinq grand axes, PROPSY sera centré sur les troubles psychiatriques les plus invalidants. Avec un objectif clair : déployer la médecine de précision en psychiatrie au niveau national en fédérant la communauté française des professionnels de santé, des chercheurs, des enseignants, des industriels et des associations de patients pour améliorer la prise en charge et le pronostic des personnes affectées par ces maladies.
Porté conjointement par l’Inserm et le CNRS, le projet s’appuiera sur des partenaires aux compétences reconnues et complémentaires tels que la Fondation FondaMental, le CEA, Sorbonne Université, l’Université de Bordeaux, l’Université de Lille, l’Université de Paris et l’Université Paris Est Créteil.
Les maladies psychiatriques constituent un enjeu majeur de santé publique. 20% des français en souffrent au quotidien, et avec eux très souvent, leurs proches. Ces maladies débutent tôt dans la vie, frappant souvent les jeunes adultes et sont tristement associées à une réduction de l’espérance de vie de 10 à 20 ans. Face aux diagnostics parfois long à être posés, il y a souvent peu d’options thérapeutiques et celles qui existent présentent souvent des effets secondaires invalidants. A cela s’ajoute un impact socio-économique considérable. Des estimations récentes ont montré que les coûts directs et indirects de la prise en charge de la santé mentale en France ont atteint les 160 milliards d’euros en 2019, soit plus de 5% du PIB.
Face à ce double constat, il semblait impératif de mieux coordonner toutes les forces vives françaises de recherche en psychiatrie et d’accroitre le continuum entre la recherche et le soin : c’est ce que propose le projet PROPSY porté par l’Inserm et le CNRS.
Cinq grands axes de recherche
Avec un financement de 80 millions d’euros sur cinq ans, ce PEPR exploratoire s’intéressera à quatre des troubles les plus invalidants à savoir le trouble bipolaire, les troubles dépressifs majeurs, la schizophrénie et les troubles du spectre de l’autisme, afin d’ouvrir le champ de la médecine de précision en psychiatrie.
Concrètement, le programme sera structuré autour de cinq grands axes de recherche :
- Construire “FRENCH MINDS” : une cohorte de 10 000 adultes atteints de troubles bipolaires, dépressions, psychoses, autismes et témoins. Les participants seront évalués de manière exhaustive sur le plan clinique, comportemental, environnemental, et à l’aide d’outils numériques, de marqueurs biologiques et d’imagerie cérébrale. L’ouverture des données de la cohorte permettra aussi à de nombreux chercheurs de monter des projets de recherche pour faire avancer les connaissances dans le domaine et trouver de nouveaux traitements.
- Mettre en place des études précliniques robustes pour mieux comprendre les mécanismes des maladies mentales. Elles porteront notamment sur la manière dont des biomarqueurs identifiés contribuent au déclenchement et aux symptômes de la maladie.
- Valider les biomarqueurs permettant d’identifier des sous-groupes homogènes de patients en utilisant de grandes bases de données françaises et internationales et en réalisant des essais cliniques.
- Développer un nouveau secteur biomédical pour la santé mentale en créant l’environnement pour augmenter les partenariats Public-Privés en
santé mentale. - Déployer l’éducation, soutenir l’attractivité de la profession auprès de la jeune génération et informer la population générale, des patients aux décideurs. L’idée étant aussi de réduire la stigmatisation et les fausses représentations de la maladie mentale.
Alors que la santé mentale des Français s’est fortement dégradée au cours de la crise sanitaire liée au Covid-19, une recherche ambitieuse et rigoureuse est plus que jamais nécessaire pour mieux comprendre la maladie mentale et améliorer la santé et le quotidien des millions de patients.
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