Santé publique France vient de publier le BEH n°22.
Il est composé d’un éditorial et de deux articles.
Résumé du contenu :
- Editorial : Entred 3 est arrivé ! Pr André Grimaldi, CHU Pitié-Salepêtrière, Paris
- Études Entred : un dispositif pour améliorer la connaissance de l’état de santé des personnes présentant un diabète en France – Premiers résultats de la troisième édition conduite en métropole en 2019,Sandrine Fosse-Edorh et coll., Santé publique France
La troisième édition de l’étude « Echantillon national témoin représentatif des personnes diabétiques » (Entred 3), menée en 2019, a pour objectif de décrire les caractéristiques des personnes présentant un diabète de type 2 (DT2) ou de type 1 (DT1) et leur état de santé. Cet article présente les premiers résultats auto-déclarés par les personnes résidant en France métropolitaine.
Un échantillon de 9 072 personnes (= 18 ans), traitées pharmacologiquement pour un diabète a été tiré au sort dans les bases de l’Assurance maladie (régime général et sécurité sociale des indépendants). Ces personnes ont été invitées à répondre à un auto-questionnaire. Les données du Système national de données de santé ont été extraites pour l’ensemble de l’échantillon. Des estimations pondérées ont été calculées tenant compte du plan de sondage et du biais de non-participation par questionnaire.
La population d’étude incluait 8 728 personnes dont 3 166 (36,3%) ont répondu à un questionnaire. Parmi elles, 2 714 étaient identifiées comme ayant un DT2, d’âge moyen 67,6 ans (+2 ans par rapport à 2007), 55,3% étaient des hommes (stable/2007), avec une ancienneté médiane du diabète de 10,7 ans. Et 412 personnes étaient identifiées comme ayant un DT1, d’âge moyen 47 ans, 57% étaient des hommes et 55,6% avaient une ancienneté du diabète =20 ans. Le niveau socio-économique des personnes DT1 était plus favorable que celui des personnes DT2. Les facteurs de risque de complications étaient fréquents chez les personnes DT2, (surpoids/obésité (80,1%), hypertension traitée (77,6%), dyslipidémie traitée (63,8%), tabagisme (13,4%), consommation d’alcool élevée ou sévère (7%)). Ces facteurs de risque étaient également fréquents chez les personnes DT1, notamment le surpoids/obésité (49,9%), la consommation d’alcool (11,3%) et de tabac (25,3%). Les complications macrovasculaires étaient plus fréquemment autodéclarées chez les personnes DT2 : complication coronarienne (18,6%), accident vasculaire cérébral (7,8%). Ces proportions étaient respectivement de 11,5% et 3,3% pour les personnes DT1.
Des complications microvasculaires étaient plus fréquemment rapportées par les personnes DT1 : perte de la vue d’un œil (3,7%), mal perforant plantaire actif ou ancien (12,9%). Ces proportions étaient respectivement de 3,2% et 6,7% parmi les personnes DT2.
Ces premiers résultats d’Entred 3 apportent un aperçu des caractéristiques et de l’état de santé de la population diabétique en France. Ils confirment que les caractéristiques démographiques et socioéconomiques sont très disparates entre le DT1 et le DT2. La légère baisse observée, par rapport à 2007, dans la fréquence des complications autodéclarées par les personnes DT2 et la fréquence élevée des complications microvasculaires autodéclarées par les personnes DT1 seront à confirmer par des études approfondies, portant notamment sur les informations recueillies auprès des médecins.
Certaines alertes déjà émises dans les éditions précédentes peuvent être réitérées : l’obésité et le tabagisme parmi les personnes DT2 restent à un niveau très élevé. Ce niveau est très élevé également parmi les personnes DT1 qui conjuguent en outre une fréquence élevée de consommation d’alcool.
- Tabagisme et diabète : le temps de l’action, Vincent Durlach et coll., CHU Reims
Des études épidémiologiques montrent un lien clair entre tabagisme (actif ou passif) et le risque de développer un diabète de type 2 (DT2). Le tabagisme majore la mortalité toutes causes ainsi que le risque de complications macro- et micro-angiopathiques (néphropathie chez le patient DT2, rétinopathie et neuropathie chez le diabétique de type 1), il participe au déséquilibre glycémique et favorise le diabète gestationnel. Prévenir le tabagisme chez le sujet à risque de DT2 et promouvoir le sevrage tabagique chez le patient DT2 constituent donc une priorité de santé publique selon un récent consensus d’experts publié par la Société francophone de tabacologie (SFT) et la Société francophone du diabète (SFD).