La période de surveillance estivale 2022 a été marquée par trois épisodes de canicule intenses, qui ont concerné 78% de la population métropolitaine. L’été 2022 est ainsi le 2ème été le plus chaud depuis 1900¹ et a eu un impact sanitaire important. Pendant les trois périodes de canicules, l’excès de mortalité toutes causes confondues à l’échelle nationale est estimé à 2 816 décès, soit une surmortalité relative de +16,7 %.
Ces épisodes se sont inscrits dans un contexte particulier, à la fois sur le plan sanitaire avec une recrudescence de l’épidémie de Covid-19 mais également sur le plan climatique. Ce bilan souligne l’importance d’anticiper l’impact de la chaleur en amont des périodes de canicule et conforte ainsi la nécessité d’une stratégie d’adaptation et d’atténuation au changement climatique renforcée partout sur le territoire. Des bulletins régionaux sont également disponibles.
Des recours aux soins d’urgence en lien avec la chaleur durant tout l’été
Entre le 1er juin et le 15 septembre 2022, plus de 20 000 recours aux soins (passages aux urgences, consultations SOS Médecins) ont été recensés durant tout l’été pour l’indicateur sanitaire «iCanicule» regroupant hyperthermies, déshydratations et hyponatrémies.
Parmi les recours aux soins, plus de 17 000 passages aux urgences dont 10 000 hospitalisations, ont été enregistrés. Plus de la moitié (51 %) des passages aux urgences et 29% des consultations SOS Médecins ont concerné les personnes de 75 ans et plus. Ces recours aux soins ont été multipliés par 2 aux urgences et par 3 pour les consultations SOS médecins durant les périodes de canicules, par rapport aux périodes hors canicules.
Ces recours aux soins d’urgence ne permettent pas de présager de l’impact de la chaleur sur la mortalité.
2 816 décès en excès pendant les périodes de canicule
L’estimation de l’impact des canicules sur la mortalité est réalisée en comparant le nombre de décès observés pendant les épisodes, au nombre de décès qu’on aurait attendu en l’absence de canicule. Les estimations calculées correspondent à des décès en excès constatés pendant les canicules et dans les départements concernés, mais ne peuvent pas être uniquement attribuables à la chaleur.
En 2022, pour les trois périodes de canicules² et dans les départements concernés, 2 816 décès en excès ont été estimés soit une surmortalité relative de +16,7 %.
Quatre régions cumulent près des deux tiers de l’excès national : Auvergne-Rhône-Alpes (+ 473 décès), Nouvelle Aquitaine (+ 436 décès), Occitanie (+ 509 décès) et Provence-Alpes-Côte-D’azur (+ 316 décès). Ces régions ont été les plus touchées par les canicules, de manière plus intense dans le Sud-Ouest et de manière répétée et durable dans le Sud-Est.
L’excès de mortalité le plus important a été observé lors de la deuxième canicule (+22,7 %), durant le mois de juillet. Les personnes âgées de 75 ans et plus sont les plus touchées avec 2 272 décès en excès, soit 1 décès en excès sur 6 chez les 75 ans et plus.
L’excès de mortalité relatif observé dans les départements placés en vigilance rouge (+ 19,9 %) est plus important que celui des autres départements.
Pour les trois périodes de canicules³ et dans les départements concernés, 894 décès liés à l’épidémie de COVID19 ont été enregistrés à l’hôpital et dans les établissements médico-sociaux4. Ces décès concernaient également pour les trois quarts les personnes de 75 ans et plus. Ces décès ne peuvent pas être soustraits de la surmortalité observée pendant les canicules : la COVID-19 a pu augmenter la vulnérabilité à la chaleur pour certaines personnes, et l’exposition à la chaleur a pu aggraver l’état de certains malades atteints par la COVID-19.
Si l’on considère toute la période de surveillance estivale 2022 (du 1er juin au 15 septembre), 10 420 décès en excès toutes causes (+ 6,1 %) ont été estimés en France métropolitaine. Une part de cet excès de mortalité estivale est vraisemblablement due à une exposition de la population à de fortes chaleurs mais pour des températures n’atteignant pas les seuils d’alerte canicule. L’estimation de cette part attribuable doit faire l’objet de travaux plus approfondis, qui sont en cours à Santé publique France.
Par ailleurs, pendant la période de surveillance, 7 fiches d’accidents du travail mortels en lien possible avec la chaleur ont été notifiées par la Direction générale du travail à Santé publique France. Il s’agit d’hommes âgés de 39 à 54 ans, l’âge médian étant 44 ans. Ces accidents du travail mortels sont survenus principalement dans le cadre d’une activité professionnelle conduite à l’extérieur, dont 3 dans le secteur de la construction.
Intensification du changement climatique
L’été 2022 s’inscrit dans la tendance observée ces dernières années, au cours desquelles une intensification de l’exposition aux canicules a été constatée, se traduisant par une augmentation des impacts sanitaires associés. Les canicules de l’été 2022 ont été accompagnées d’autres phénomènes climatiques : une sécheresse durable et intense sur l’ensemble du pays et des feux de forêt touchant des régions jusque-là épargnées. Autant de phénomènes qui pourraient s‘intensifier avec le changement climatique.
Depuis 2015, des canicules très étendues et atypiques, en termes d’intensité, de période et de zone de survenue, se traduisent toutes par une mortalité en excès conséquente.
Dans ce contexte de changement climatique, ce bilan souligne la nécessité d’une stratégie d’adaptation et d’atténuation au changement climatique renforcée, au niveau national et territorial.
Prévention des effets de la canicule sur la santé
Le dispositif de prévention, destiné à favoriser l’adoption de gestes favorables à la santé en cas de fortes chaleurs, a été complété cette année par un dispositif expérimental d’envoi de SMS.
Il s’articule autour de deux volets. Le volet « hors canicule », activé en amont du démarrage de la période de surveillance, informant les acteurs loco-régionaux (ARS, préfectures, communes, réseaux personnes âgées/aide à domicile, réseaux petite enfance, réseaux handicap, associations de professionnels de santé…) des outils disponibles à la commande (affiches, dépliants d’information à distribuer) et mis à leur disposition.
Le volet « Canicule », activé uniquement en cas d’épisodes comprend des outils radiodiffusés ou transmis via les réseaux sociaux et un spot télé et deux spots radio (anglais, français), diffusés uniquement en réquisition média.
Pour la première fois, des SMS ont été envoyés à large échelle, à titre expérimental, à des populations vulnérables à la chaleur (personnes âgées de 65 ans et plus, femmes enceintes-parents de jeunes enfants) en période de vigilance jaune et orange. Au total, lors des trois épisodes caniculaires, plus de 4 millions de SMS ont été envoyés.
Par ailleurs, le numéro vert Canicule info service, qui permet d’obtenir des conseils pour se protéger et protéger son entourage, en particulier les populations les plus vulnérables à la chaleur, a cette année été activé pendant 26 jours cumulés entre le 16 juin et le 13 août.
Le dispositif actuel de prévention fait l’objet d’une évaluation qui permettra notamment d’apprécier sa couverture et son efficacité, et de dégager les pistes d’amélioration de la prévention dans une démarche d’adaptation au changement climatique.
« La canicule n’est plus un événement météorologique exceptionnel. Ces 10 dernières années, la récurrence des épisodes de canicule, leur intensification et l’augmentation des pics de températures nous l’ont montré. Ces phénomènes ont un impact majeur sur la santé et soulignent toute l’importance de maintenir une grande attention sur l’anticipation de l’impact de la chaleur en amont des périodes de canicule. Ces phénomènes plaident également pour une stratégie très volontariste d’adaptation renforcée au changement climatique et d’atténuation partout sur le territoire. »
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