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Proposition de loi Rist : « pour les Jeunes Médecins c’est un grand NON ! » (Communiqué)

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Chez Jeunes Médecins, la question ne fait pas débat : il y a urgence à agir pour améliorer l’accès aux soins de nos concitoyens, et selon nous l’enjeu principal – qui n’est d’ailleurs malheureusement pas l’objet de cette proposition de loi – est de redonner de l’attractivité à l’exercice libéral de la médecine et notamment à l’exercice libéral de la médecine générale, pour « repeupler » la médecine de ville !

Si le contexte actuel de pénurie médicale nous invite à faire évoluer le partage des compétences entre professionnels de santé, c’est à la condition que cette évolution permette de libérer du temps médical pour les patients sans faire courir de risques dans la prise en charge de ces derniers. Faciliter l’accès aux soins ne doit pas conduire à prôner une médecine « dégradée » !

En ouvrant le droit à l’accès direct aux infirmiers en pratique avancée avec primo-prescription, en conditionnant la revalorisation des médecins à « une convention d’engagement territorial », la proposition de loi Rist stigmatise et détricote une nouvelle fois la médecine de ville. Parce qu’on « leur en veut » de n’être plus assez nombreux en France, voilà qu’on condamne une nouvelle fois tous les médecins libéraux, quitte à ce qu’il n’en reste plus rien dans quelques temps.

Aux termes d’un sondage adressé à nos adhérents la semaine dernière, 76,3% d’entre eux se sont déclarés opposés à cette loi. Leurs inquiétudes et leurs alertes sont les suivantes :

1) Jeunes Médecins s’inquiète de la capacité des infirmiers en pratique avancée à poser un premier diagnostic en vue d’une primo-prescription, dès lors que les formations initiales et continues des infirmiers et infirmiers en pratique avancée ne sont pas des formations médicales. Le contenu et la durée des études ne sont pas équivalents, et n’offrent donc pas la même expertise pour identifier ou écarter une cause plus grave ou plus rare dans le diagnostic. Les patients atteints de polypathologies en particulier nécessitent une connaissance et une analyse fine des incompatibilités de traitements et des effets indésirables entre médicaments.

Jeunes Médecins s’interroge également sur l’accès direct des patients atteints de maladies chroniques, qui peuvent solliciter seulement deux visites médicales par an (dans le but de renouveler les ordonnances de 6 mois) et à l’occasion desquelles le médecin doit pouvoir contrôler l’évolution des maladies et questionner l’utilité des traitements.

L’infirmier en pratique avancée et le médecin doivent fonctionner en tandem, mais pas de manière isolée, au risque de ne plus collaborer ou de manière si distendue que l’intérêt pour le patient est perdu. Jeunes Médecins est dès lors convaincu de la plus-value de ces professionnels dans la collaboration avec le médecin par le biais d’un travail préparatoire à la consultation médicale (prise des constantes, réalisation des feuilles de soins, etc.) et également d’un travail d’accompagnement des patients (aide à la réalisation des dossiers MDPH, réalisation des Cerfa, aide à la recherche de structures et professionnels de santé pour la continuité de la prise en charge des patients, etc.).

2) Jeunes Médecins alerte sur la nécessité que le transfert de la compétence soit accompagné d’un transfert de la responsabilité des erreurs de diagnostic ou de thérapeutique. On ne peut pas considérer que la seule inscription dans le dossier médical partagé vaut connaissance et validation du médecin traitant. Le médecin ne peut pas vérifier que la décision du professionnel paramédical est conforme au besoin du patient, sans l’avoir reçu lui-même en consultation, et il ne doit donc pas porter la responsabilité des décisions prises par cet autre professionnel de santé.

3) Il ne faudrait pas croire que l’accès direct aux paramédicaux résoudra la problématique du difficile accès aux soins, car la densité de ces professionnels paramédicaux reste inférieure à celle des médecins, autrement dit, ils sont moins nombreux sur le territoire national que les médecins et ne pourront pas absorber la demande actuelle.

Pour rappel, si la densité de médecins toutes spécialités confondues s’élève à 339 pour 100 000 habitants au 1er janvier 2021 (dont 150 médecins généralistes pour 100 000 habitants), la densité de kinésithérapeutes s’élève à 135 pour 100 000 au 1er janvier 2020, la densité d’orthophonistes s’élève à 41 pour 100 000 habitants au 1er janvier 2021, la densité d’IPA s’élèverait à 4 pour 100 000 habitants si on atteignait 3000 IPA formés en 2023. La proposition de loi Rist fait miroiter la fin de la pénurie médicale avec une réforme qui n’a pas les moyens de cette ambition !

4) Pour Jeunes Médecins, l’enjeu principal reste de redonner de l’attractivité à l’exercice libéral de la médecine et notamment à l’exercice libéral de la médecine générale, afin de « repeupler » la médecine de ville. Cela nécessite que le législateur et le pouvoir réglementaire facilite l’accès aux dispositifs permettant une décharge administrative (secrétaires, assistants médicaux) pour libérer du temps médical, supprime certaines obligations pour les patients d’obtenir et présenter un certificat médical, soutienne l’augmentation du tarif de base de la consultation en secteur 1 !

Le Gouvernement et sa majorité parlementaire ont les cartes en main, mais ils préfèrent les réformes qui font du buzz, à défaut d’être efficaces pour lutter contre la pénurie médicale qui s’installe, et va s’accroitre !

Contacts presse :

Emanuel Loeb
Président Jeunes Médecins
president@jeunesmedecins.fr

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