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Substances psychoactives, usagers et marchés en France en 2021 : bilan des évolutions d’usages et d’accès aux soins, marqués par la crise sanitaire liée au Covid-19 (Document)

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Depuis 1999, le dispositif Tendances récentes et nouvelles drogues (TREND) de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) permet de décrire les populations particulièrement consommatrices de produits psychoactifs et d’identifier les phénomènes émergents en matière de drogues illicites et de médicaments détournés. Les observations du dispositif relatives à l’année 2021 sont aujourd’hui présentées dans un numéro de la publication Tendances n°154 dont la parution accompagne les analyses des situations locales produites par les 9 coordinations TREND implantées à Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Metz, Paris, Rennes, Toulouse et sur l’île de la Réunion.

Ce numéro revient sur le développement des usages de cocaïne basée chez les usagers de drogues les plus précaires et sur leurs difficultés d’accès aux soins au cours d’une année marquée par les mesures prises en réponse à la pandémie de Covid-19. Il rend compte des processus de diffusion de la 3-MMC et de la kétamine au sein des espaces festifs techno, puis se penche sur les évolutions des consommations en contexte de chemsex et leurs conséquences sociales et sanitaires.

 

Usagers marginalisés : dégradation de l’accès aux soins, hausse des usages de cocaïne basée

Dans la continuité de l’année précédente, les mesures prises dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire en 2021 ont accru les difficultés d’accès des usagers en grande précarité à l’hygiène, aux soins, à des dispositifs de réduction des risques et des dommages (RdRD), aux prestations sociales à un hébergement ou à des ressources économiques. Le manque de personnel au sein des CAARUD, des services spécialisés en addictologie et en psychiatrie explique également cette situation. Sur certains territoires, les délais d’attente pour une consultation et un accès à un traitement de substitution aux opioïdes (TSO) ou pour bénéficier d’une place en cure de sevrage sont ainsi de plusieurs mois.

 

Par ailleurs, le développement des consommations de cocaïne basée chez les usagers de drogues marginalisés ayant développé une forte dépendance constitue toujours un fait marquant des investigations dans l’ensemble des territoires couverts par le dispositif TREND. Si ce phénomène, favorisé par le commerce de cocaïne déjà basée (ou « crack »), est particulièrement visible à Paris du fait de l’existence de scènes de consommations dans l’espace public, il existe dans les autres métropoles couvertes par le dispositif TREND. Ces usages ne concernent pas seulement des personnes en situation de grande précarité mais sont aussi observés auprès d’individus plus insérés et vivant dans des villes de moindre envergure, voire dans les zones rurales.

 

 

Usages de drogues en contextes festifs : diffusion de la kétamine et de la 3-MMC

L’intensification des usages de drogues en contextes festifs, signalée tant par certains « fêtards » que par les intervenants en RdRD, constitue une tendance marquante de l’année 2021. Ce phénomène est en partie lié aux stratégies d’adaptation vis-à-vis des mesures prises dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire, notamment la fermeture des établissements festifs. Les fêtes au sein d’espaces privés ont été plus fréquentes et plus longues car calées sur les horaires des couvre-feux, et se sont révélées plus propice aux consommations de substances psychoactives.

Par ailleurs, deux substances ont particulièrement été relevées dans les observations et les entretiens réalisés en milieu festif techno : la kétamine et la 3-MMC. Cantonnée il y a quelques années à des cercles restreints et spécifiques (amateurs de free parties pour la première, hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes pour la seconde), la consommation de ces produits concerne aujourd’hui des personnes aux affiliations socio-culturelles plus diverses et dont les intentionnalités d’usage se distinguent en partie de celles de leurs prédécesseurs. Plusieurs facteurs expliquent ces dynamiques : la circulation des usagers entre différents milieux festifs et un accès plus aisé aux produits.

 

 

Usagers de drogues en contexte de chemsex : des conséquences socio-sanitaires plus visibles

Les informations recueillies par entretiens auprès de personnes pratiquant le chemsex s’inscrivent dans la continuité des constats des années précédentes. La 3-MMC, le GHB/GBL et les poppers occupent toujours une place centrale parmi les produits consommés mais, en 2021, la kétamine est plus fréquemment citée par les personnes interrogées. Autre fait marquant : bien qu’il ne soit pas possible de quantifier leur évolution, les pratiques d’injection (slam) semblent faire plus rarement l’objet d’une stigmatisation entre chemsexeurs, donnant lieu à des expérimentations plus nombreuses. Les observateurs du dispositif TREND soulignent que les conséquences socio-sanitaires de ces usages sont plus visibles en 2021, en particulier les dommages causés par des injections répétées et non maîtrisées de 3-MMC, faisant de l’accès aux informations liées à l’injection un enjeu central selon les professionnels en contact avec ces personnes. Finalement, comme pour l’ensemble des populations consommatrices de drogues, certaines souffrances psychiques générées ou aggravées par les consommations ont parfois été amplifiées par les périodes successives de confinement et de couvre-feux.

Pour en savoir plus : Tendances n°154 – Substances psychoactives, usagers et marchés : tendances récentes (2021)

Contact presse : Esther Thiry, esther.thiry@ofdt.fr ou com@ofdt.fr

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