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Mesures de limitation de l’intérim médical : l’enquête (Communiqué)

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A la veille de l’application du plafonnement de la rémunération des médecins intérimaires, le Syndicat National des Praticiens Hospitaliers Anesthésistes-Réanimateurs élargi aux autres spécialités (SNPHARE), Samu Urgences de France (SUDF), le Syndicat National des Pédiatres des Etablissements Hospitaliers (SNPeH), Action Praticiens Hôpital (APH), Jeunes Médecins, le Syndicat National des Jeunes Anesthésistes-Réanimateurs (SNJAR), l’Association des Médecins Urgentistes de France (AMUF), le Collectif Santé en Danger (CSED) et le Syndicat National des Médecins des

Hôpitaux (SNMRH) ont adressé un questionnaire aux médecins remplaçants et intérimaires, afin de mieux connaître leurs conditions d’exercices et leurs motivations. Cette enquête s’est aussi intéressée aux facteurs qui pourraient les faire revenir à une carrière hospitalière.

800 réponses ont été collectées en quelques jours, provenant majoritairement de médecins urgentistes et d’anesthésistes-réanimateurs. Le nombre exact d’intérimaires est inconnu, nous estimons le taux de réponse autour de 10 %. La majorité des médecins intérimaires ayant répondu à notre enquête sont d’anciens médecins hospitaliers (82 %), le choix ce mode d’exercice étant lié à une liberté d’emploi du temps (76 %), à une maîtrise du temps de travail (77 %) et de son volume mensuel, avec de meilleurs revenus (68 %). Certains sont d’ailleurs toujours médecins hospitaliers en poste : le choix est fait, pour certains praticiens, de faire de l’intérim plutôt que d’exercer à temps plein et/ou faire du temps de travail additionnel dans son propre établissement : cherchez l’erreur !

Pourtant plus de la moitié de ces médecins seraient prêts à revenir à l’hôpital avec un poste fixe et unique. Parmi les conditions requises une majorité souhaite un décompte précis et une maîtrise du temps de travail (58 %), une gouvernance plus démocratique (49 %) et la restitution des 4 ans d’ancienneté aux praticiens nommés avant le 1er octobre 2020 (conditon prioritaire pour 55% des anciens praticiens hospitaliers devenus remplaçants).

Moins de 15 % des médecins interrogés sont recrutés exclusivement par des entreprises d’intérim, tandis que 43 % sont recrutés exclusivement de gré à gré, et 42% utilisent sur ces deux modes de recrutement. Le coût de l’intérim en France est donc bien supérieur aux estimations basées sur l’activité de ces entreprises. Le montant annoncé de 2 à 3 milliards d’euros pourrait être ainsi à multiplié par trois, soit 6 à 9 milliards par an ! Il ne s’agit probablement pas de mercenariat – ou alors – en très faible proportion. L’intérim médical est indispensable à la flexibilité dans tous les métiers, et particulièrement indispensable aujourd’hui à la survie de certaines structures, dans certains territoires. Mais le choix de ce mode d’exercice « à vie » doit interroger.

Les mesures de limitation de la rémunération de l’intérim médical ne peuvent qu’aboutir à une nouvelle dégradation des soins, dans un hôpital à l’agonie. Les propositions actuelles du gouvernement sont inacceptables : alors que les études d’impacts sont alarmantes, aucune solution viable et pérenne n’est envisagée. Le ministre s’était engagé à utiliser les économies liées au plafonnement du tarif l’intérim médical pour les praticiens hospitaliers. Mais à la suite de la réunion du 21 mars 2023 au Ministère, il semble que le milliard et demi d’euros se soit évaporé…

Il faut pourtant sortir par le haut de cette situation. Cela tombe bien, le Président de la République annonce qu’il va investir dans la santé. Il est donc encore possible de passer sereinement le cap du 1er avril 2023 :

Dans l’urgence, il s’agit

  • D’une part de relever le plafond de l’intérim à un niveau jugé acceptable par les médecins intérimaires (le plafond de 650 euros nets la journée ou la nuit est jugé acceptable par seulement 59 % des médecins interrogés), afin de ne pas asphyxier certains territoires et d’éviter la surcharge des établissements hospitaliers « de délestage », qui sont déjà en manque de moyens humains.
  • D’autre part de revaloriser en miroir les rémunérations des praticiens restés sur des postes fixes
    • Reclassement immédiat de tous les praticiens hospitaliers nommés avant 2020 dans la nouvelle grille avec restitution des 4 ans d’ancienneté.
    • Reconnaissance de la permanence des soins
      • Décompte loyal du temps de travail en garde et en astreinte : 3 demi-journées par nuit ou compte en heures au choix du praticien.
      • Rémunération juste et équitable des gardes à 600 euros et plafonnement de l’astreinte à 400 euros
      • Temps de travail additionnel à partir de 40 heures hebdomadaires, indemnisé 650 euros net pour 2 plages de 5 heures.
      • Reconnaissance de la pénibilité des gardes et astreintes dans le calcul de la retraite, dès la première nuit.

Dans un second temps, il s’agira de traiter l’ensemble de l’attractivité des carrières médicales hospitalières selon un agenda social cohérent, et en lien avec l’exercice médical libéral.

Le doctor-bashing ambiant n’est pas tolérable. Si le gouvernement n’est pas capable de gestes forts, les médecins, eux, en seront capables !

 

Contact : anwernet.snphar@gmail.com

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