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Vaut-il mieux être malade en France ou aux États-Unis ? Comparaison entre les systèmes de santé des deux pays (Note)

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Le système de santé français que nous connaissons est basé sur des principes d’universalité, d’égalité, d’accessibilité et de qualité. La pandémie que nous avons traversée l’a fortement secoué et a révélé un certain appauvrissement des structures de soins, où les soignants dénoncent le manque de personnel qualifié et les salaires insuffisants. Fracture médicale, manque de ressources et de personnels, progression des maladies chroniques, urgences débordées… Alors que le système de santé français était pris comme exemple par de nombreux pays, il présente aujourd’hui des failles importantes.

Céline Jaeggy – directrice des affaires juridiques et institutionnelles à l’Unédic – compare, dans cette note, les systèmes de santé de la France avec celui des États-Unis, avec comme question de départ : vaut-il mieux être malade en France ou aux États-Unis ?

Si les États-Unis sont le pays qui dépense la plus grande part de son PIB pour la santé (17,8% en 2021), la France, elle, est le 3e pays le plus dépensier, en consacrant seulement 12,3% de son PIB. En corrigeant les différences de pouvoir d’achat, les dépenses courantes de santé au sens international (DCSi) française et américaine s’élèvent à 4600 et 6700 euros par habitant en 2021.

Des systèmes de santé propres aux deux pays

En France, si les caisses de secours, patronales, syndicales ou départementales, des mutuelles existaient dès la fin du XIXe siècle pour garantir l’accès aux soins, il faut attendre 1999 pour que l’assurance maladie publique s’étende progressivement. À la différence de la France, ce sont les assurances privées qui couvrent la majorité des Américains, principalement via l’emploi et secondairement via le marché individuel de l’assurance. Ce système trouve son origine dans le « welfare capitalism ». Aux États-Unis, seulement 56% des entreprises proposent une couverture santé à certains de leurs salariés en 2020, avec des différences sectorielles marquées.

Le système français est aujourd’hui universel alors que la couverture des Américains est très hétérogène, et varie selon le lieu de résidence, le niveau de revenus, la situation professionnelle, la situation familiale et l’état de santé : en 2018, 68 % des Américains sontcouverts par une assurance privée (via l’emploi ou par achat direct), 34,1 % le sont par une assurance publique (Medicare, Medicaid, anciens combattants). Les non-assurés représentent encore 8 % de la population, soit 30,4 millions de personnes.

Financement des systèmes de santé et rôle des deux États

Malgré un financement public beaucoup plus important en proportion en France qu’aux États-Unis, les dépenses publiques de santé par personne sont très élevées aux États-Unis en raison du coût des soins. En France, en 2020, le salarié et l’employeur cotisent pour financer l’assurance maladie obligatoire ou complémentaire. Elle est également financée par des contributions publiques (impôts et taxes) pour 50 % des recettes du régime obligatoire. Aux États-Unis, l’assurance publique est prise en charge par le budget fédéral. Le financement public ne prend en charge que 48 % des dépenses, et le montant des dépenses publiques reste important du fait du coût élevé des services médicaux. Les 52 %restants sont financés par les employeurs et les salariés.

De plus, l’effort des ménages est nettement plus faible en France qu’aux États-Unis. Les Américains sont ainsi 22 % à déclarer avoir renoncé à des consultations médicales pour raisons financières dans les 12 derniers mois. Ce nombre atteint 32 % concernant le renoncement aux soins dentaires pour les mêmes raisons. En France, le taux de renoncement aux soins médicaux pour raisons financières est de 2 %.

Par ailleurs, L’État français assure une forte régulation du système dans son ensemble, alors que le rôle de l’État fédéral américain est limité. Par exemple, aux États-Unis, les tarifs médicaux sont fixés de manière libre ce qui engendre des prix dans le secteur de la santé 64% plus élevés qu’en France. Le tarif d’une consultation chez un médecin généraliste est ainsi de 150 dollars pour une visite contre 25 euros en France.

Cette comparaison ne doit pas faire oublier que les deux systèmes de santé sont confrontés aux mêmes défis de grande ampleur. Cependant, elle notifie de grandes disparités entre ceux-ci. Si la France commence à vouloir corriger les problèmes de son système de santé, aux États-Unis, où des notions comme la responsabilité personnelle et, où la centralisation est rejetée, la crise du coronavirus n’a suscité aucune modification de fond du système de santé.

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Contacts : eugenie.arnaud@jean-jaures.org / victoria.berne@jean-jaures.org

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