Santé publique France vient de rendre public le BEH n°18.
Ce numéro comprend 3 articles :
- Prévalence de la dépression, de l’anxiété et des idées suicidaires à deux mois postpartum : données de l’Enquête nationale périnatale 2021 en France hexagonale, Alexandra Doncarli et coll. (Santé publique France, Saint-Maurice)
La dépression du post-partum (DPP), l’anxiété et les idées suicidaires peuvent avoir des conséquences délétères sur la mère et le nouveau-né. Nos objectifs étaient d’estimer la prévalence de la DPP, de l’anxiété et des idées suicidaires à deux mois post-partum (PP) chez les femmes accouchées en France en 2021 et d’en proposer des déclinaisons régionales.
Notre échantillon incluait 7 133 femmes accouchées en France hexagonale sur une semaine donnée de mars 2021 et ayant complété les 10 items de l’auto-questionnaire Edinburgh Postnatal Depression Scale (EPDS) à deux mois PP. Les données ont été pondérées de façon à être représentatives des femmes accouchées en France hexagonale cette même semaine. Les prévalences nationales de la DPP (score EPDS≥13), de l’anxiété (EPDS-3A≥5) et des idées suicidaires (item 10 de l’EPDS≥1) ont été estimées. Au vu des effectifs, seules les prévalences régionales de la DPP et de l’anxiété, standardisées sur l’âge, ont été estimées.
En 2021, en France hexagonale, la prévalence de la DPP était de 16,7% (intervalle de confiance à 95%, IC95%: [15,7-17,7]), avec une disparité régionale faisant ressortir des régions avec des prévalences significativement inférieures (Hauts-de-France, Grand Est, Bourgogne-Franche-Comté, Nouvelle-Aquitaine) ou supérieures (Île-de-France, Centre-Val de Loire et Provence-Alpes-Côte d’Azur) à celle de l’Hexagone. La prévalence de l’anxiété était de 27,6% [26,5-28,8] globalement et de 83,2% [80,6-85,7] parmi les femmes présentant une DPP. Une disparité régionale était également observée pour l’anxiété avec des prévalences significativement inférieures (Normandie, Nouvelle-Aquitaine) ou supérieures (Centre-Val de Loire, Provence-Alpes-Côte d’Azur) à celle de l’Hexagone. La prévalence des idées suicidaires était de 5,4% [4,7-6,1] globalement et de 23,8% [12,1-26,9] parmi les femmes atteintes de DPP.
Réalisées sur un échantillon représentatif de femmes accouchées en France hexagonale en mars 2021, nos estimations montrent que, deux mois après l’accouchement, une sur six présentait une DPP, plus d’une sur quatre un niveau d’anxiété important, et qu’une femme sur 20 déclarait des idées suicidaires. Ces résultats sont en accord avec les données internationales sur la santé mentale périnatale. Ils soulignent le caractère fondamental des politiques de prévention et la nécessité d’une adaptation de l’offre de soins en psychologie/psychiatrie, en adéquation avec les besoins importants décrits.
- Qualité de vie au travail du personnel hospitalier de nuit : des enjeux specifiques pour les infirmiers et sages-femmes, enquête AP-HP Aladdin, 15 juin – 15 septembre 2020, Martin Duracinsky et coll. (Département de médecine interne et d’immunologie clinique, hôpital Bicêtre, AP-HP, Le Kremlin-Bicêtre)
De nombreux travailleurs hospitaliers sont exposés au travail de nuit, avec plusieurs conséquences sur leur santé et leur vie sociale. À ce jour, la qualité de vie et des conditions de travail (QVCT) des travailleurs hospitaliers de nuit (THN) demeure peu documentée à grande échelle. Cette étude a pour objectif de décrire et comparer la QVCT des différentes catégories professionnelles de THN de l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP).
Les participants à l’enquête en ligne Aladdin (15 juin-15 septembre 2020), représentatifs des THN des 39 hôpitaux de l’AP-HP, ont complété le questionnaire WRQoL. Leurs réponses ont été comparées entre catégories professionnelles (Chi2) et les caractéristiques associées à la satisfaction par rapport à la QVCT générale ont été identifiées (régression logistique).
Au total, 38,7% des 1 387 THN enquêtés se déclarent satisfaits de la qualité générale de leur vie professionnelle, les infirmiers (52,3% des enquêtés) étant les moins satisfaits. La plupart des THN (86%) ont l’opportunité d’exercer leurs compétences au travail, avec des objectifs clairs à atteindre (65,5%). Cependant, une majorité – toutes catégories confondues – mettent en avant un manque de moyens, l’insécurité, un besoin de reconnaissance et de perspectives de carrière. Les sages-femmes présentent des enjeux spécifiques (conditions de travail, stress).
Ces résultats mettent en avant plusieurs leviers potentiels d’action pour améliorer la QVCT des THN et pourront servir de référence pour orienter et renforcer les dynamiques d’amélioration de la QVCT déjà engagées dans plusieurs établissements de l’AP-HP.
- Le fardeau de la COVID-19 dans les Ehpad de Provence-Alpes-Côte d’Azur, 2020-2022, Miguel Angel Sanchez Ruiz et coll., Santé publique France, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Corse, Marseille
Nous avons étudié le fardeau de la Covid-19 dans les établissements d’hébergement de personnes âgées dépendantes (Ehpad) de Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca) dans lesquels les résidents sont à risque de formes graves.
L’étude s’est appuyée sur le système de surveillance de la Covid-19 en Ehpad au cours des cinq vagues identifiées entre les semaines 09-2020 et 16-2022, pour lesquelles ont été comparés les taux d’attaque (TA), ceux d’hospitalisation (TH) et ceux de létalité (TL) parmi les résidents des Ehpad ayant signalé des épisodes de Covid-19. La couverture vaccinale (CV) à deux doses a également été décrite.
Au total, 1 435 épisodes de Covid-19 et 30 110 infections ont été recensés chez les résidents. Le TA a diminué progressivement de la vague 2 (31,8%) à la vague 4 (16,2%), augmentant à nouveau en vague 5 (27,8%, p<0,01). TH et TL ont diminué de la vague 1 à la vague 5 (respectivement de 21,2% à 2,7% et de 18,4% à 3,0%, p<0,01). La CV à deux doses était de 71,9% en vague 3 et 89,9% en vague 4.
La Covid-19 a fortement affecté les Ehpad en Paca au cours de la période étudiée. Une amélioration des TH et TL est observée au cours du temps, les taux les plus bas étant observés en vagues 4 et 5, périodes ou la CV était ≥90%. Cependant, les variations observées du TA suggèrent que l’administration des deux premières doses du vaccin n’a pas suffi à réduire le nombre d’infections au fil du temps. Il paraît important d’évaluer le besoin d’administrer des doses de rappel et des vaccins mieux adaptés aux nouveaux variants, afin de prévenir les formes sévères de la maladie chez les résidents en Ehpad.