Alors que le gouvernement a déposé le PLFSS pour 2024, la conférence de Directeurs Généraux de CHU souhaite alerter les pouvoirs publics sur la dégradation très préoccupante de la situation financière des CHU.
Fin 2022, le déficit des CHU s’établissait à 403 Millions d’€ sur leurs budgets principaux. Selon les projections de la conférence, il pourrait être multiplié par deux et demi ou par trois, si aucunemesure de compensation n’était décidée par les pouvoirs publics.
Cette dégradation résulte pour les CHU de deux effets principaux : les surcoûts en termes de ressources humaines et les effets de l’inflation.
La non compensation de l’inflation pose un problème lourd et inédit.
Malgré les mesures déjà prises en 2022 et en 2023, le surcoût qui reste à financer au titre de l’inflation en 2023 s’élève pour les CHU à près de 585 M€.
La conférence des directeurs généraux de CHU plaide pour une approche de ce sujet en tenant compte de sa part structurelle et de sa part non récurrente pour construire une solution adaptée à laproblématique de l’exercice 2023 et à celle des exercices à venir.
L’impact de l’inflation sur les budgets des CHU est d’autant plus préoccupant qu’aucune mesure de compensation complémentaire n’a été annoncée à ce titre par les pouvoirs publics.
Les compensations des mesures relatives aux ressources humaines doivent impérativement tenir compte des spécificités des CHU.
Le sous-financement de mesures prises en faveur des personnels hospitaliers (Ségur, point d’indice, Braun, Guérini et la revalorisation du SMIC) est estimé à date à environ 700 M€.
La conférence des directeurs généraux de CHU a bien entendu la volonté des pouvoirs publics de compenser ces surcoûts lors de la prochaine circulaire budgétaire.
Elle attire cependant leur attention sur la structure budgétaire particulière des CHU pour lesquels la T2A représente au plus 50 % des recettes. Il est donc essentiel que les modalités decompensation des surcoûts prennent en compte cette spécificité.
La conférence des DG de CHU plaide pour une compensation intégrale de ces charges, en tenant compte du caractère non pérenne d’une partie d’entre elles, afin d’éviter une dégradation trèsrapide de leur situation financière, qui ne pourrait qu’entrainer des conséquences néfastes sur leur capacité à assurer leurs missions.
Des conséquences concrètes désormais très rapides.
La hausse des déficits dans ces propositions aura des conséquences très concrètes :
– Des risques rapides et importants de trésorerie négatives ;
– Un allongement inéluctable des délais de paiement des fournisseurs, préjudiciable au tissu économique des territoires ;
– Une fragilisation profonde, voire un arrêt de certaines opérations d’investissement du Ségur, faute d’autofinancement dans un contexte où les taux d’intérêt ont considérablement progressé.
Le risque de briser l’élan de reprise de l’activité
Les mesures salariales récentes prises par le gouvernement permettent de renforcer l’attractivité des établissements publics de santé et ont été saluées par la CNDG. Elles accompagnent un premierretour des recrutements et un mouvement de baisse de l’absentéisme. Néanmoins, la non compensation des chocs exogènes que subissent les établissements (notamment l’inflation) risque de briserl’embellie en diffusant une anxiété inutile dans les établissements et en générant une incompréhension et un découragement des dirigeants administratifs et médicaux des établissements.
« Alors que les conditions d’un retour de la confiance commencent à être réunies, la non compensation de plusieurs chocs exogènes, notamment l’inflation, risquent de brouiller cet élan d’optimisme.Pourtant, la restauration de l’attractivité des établissements passe par leur sérénité. C’est cette sérénité qui permettra de relancer l’activité et de rétablir l’offre de soins. » indique Philippe El Saïr,président de la Conférence des Directeurs Généraux de CHU. Il ajoute que « l’impact sur les projets de modernisation en cours sera rapide et brutal ».
Contact presse : Laurie DAMBRINE – laurie.dambrine@comfluence.fr