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Bulletin épidémiologique hebdomadaire n°20-21 (Document)

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Santé Publique France dévoile, mardi 14 novembre, le BEH n°20-21.

Ce numéro comprend 1 éditorial et 4 articles :

  • Diabète dans les DROM : une prévalence deux fois supérieure à celle de l’Hexagone et une population de personnes vivant avec un diabète aux spécificités marquées, François Bourdillon, Ancien directeur général de Santé publique France
  • Caractéristiques, état de santé et recours aux soins des personnes présentant un diabète de type 2 résidant en outre-mer : résultats de l’étude Entred 3, Sandrine Fosse-Edorh, Santé publique France, Saint-Maurice

La prévalence du diabète de type 2 (DT2) est particulièrement élevée dans les départements et régions d’outre-mer (DROM) et les complications chroniques y sont plus fréquentes. L’objectif de notre enquête était d’étudier les particularités des DROM concernant les caractéristiques démographiques,socio-économiques, l’état de santé et le recours aux soins des personnes ayant un diabète de type 2 résidant dans quatre DROM : la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane et La Réunion.

Pour l’étude Entred 3, un échantillon aléatoire de 12 772 adultes traités pharmacologiquement pour un diabète a été tiré au sort dans les bases de données de l’Assurance maladie en septembre 2019, dont 3 700 résidant dans les DROM. La population d’étude a été restreinte aux personnes ayant un DT2, identifiées à partir d’un algorithme épidémiologique. Les données ont été recueillies par un questionnaire en face-à-face. Leurs médecins ont été invités à répondre à un questionnaire complémentaire. Les données du Système national des données de santé (SNDS) ont été extraites pour les participants et non-participants, permettant de calculer des pondérations par territoire intégrant le plan de sondage et la non-participation par questionnaires. Les estimations ont été pondérées. Des tests de comparaison entre les DROM et entre les cinq territoires incluant l’Hexagone ont été effectués après ajustement sur le sexe et l’âge.

La population d’étude incluait 498 personnes en Guadeloupe, 682 en Martinique, 504 en Guyane, 586 à la Réunion et 2 714 dans l’Hexagone. Une prédominance féminine était observée dans les DROM par rapport à l’Hexagone. Les résidents de Guyane et de La Réunion étaient plus jeunes (61 et 63 ans en moyenne) par rapport aux Antilles et à l’Hexagone (67 et 68 ans). L’âge au diagnostic du DT2 était également environ 5 ans plus jeune dans ces deux territoires. Le niveau socio-économique était plus défavorable dans les DROM et la fréquence de personnes nées à l’étranger majoritaire en Guyane (53%). L’indice de masse corporelle (IMC) moyen était moins élevé à La Réunion (27,7 kg/m2), en Guyane et Guadeloupe (28,4 kg/m2) qu’en Martinique (29,3 kg/m2) et dans l’Hexagone (29,5 kg/m2). La consommation d’alcool et de tabac était moins fréquente dans les DROM par rapport à l’Hexagone, à l’exception d’un tabagisme plus fréquent à La Réunion (14%). Le niveau d’HbA1c (hémoglobine glyquée) moyen était plus élevé dans les DROM par rapport à l’Hexagone (7,4%, 7,5%, 8,0% et 7,7%, respectivement en Guadeloupe, Martinique, Guyane et La Réunion vs 7,2%). La fréquence des complications chroniques était supérieure à La Réunion, quelle qu’elle soit. Seule la fréquence des complications podologiques et rénales ne variait pas significativement selon les territoires.

Intégrés dans un contexte culturel, social, et sanitaire, ces résultats permettront d’aider les décideurs à adapter les politiques publiques en matière de prévention, d’accompagnement et de prise en charge des personnes atteintes d’un diabète de type 2 en outre-mer.

  • Prévalence du diabète connu dans 4 départements et régions d’outre-mer : Guadeloupe, Martinique, Guyane et La Réunion. Résultats du Baromètre de Santé publique France de 2021, Hugo Hernandez et coll. Santé publique France, Saint-Maurice

L’objectif de notre étude est d’estimer la prévalence du diabète auto-déclaré, i.e. connu, en population générale adulte, dans quatre départements et régions d’outre-mer (DROM) : Guadeloupe, Martinique, Guyane et La Réunion. En outre, nous explorons la notion de « petit diabète », défini dans le cadre de cette étude comme étant un « début de diabète, mais pas trop grave ». Nous décrivons également les caractéristiques des personnes atteintes d’un diabète ainsi que leur prise en charge.

Les données utilisées proviennent du Baromètre de Santé Publique France DROM 2021, enquête transversale s’appuyant sur des échantillons constitués par génération aléatoire de numéros de téléphone. Plus de 6 500 personnes âgées de 18 à 85 ans (1 511 en Guadeloupe, 1 526 en Martinique, 1 478 en Guyane et 2 004 à La Réunion) ont été interrogées par téléphone sur leur connaissance d’un diabète ou d’un « petit diabète », sur la durée d’évolution de celui-ci ainsi que sur leur prise en charge respective.

En 2021, la prévalence du diabète connu s’élevait à 13,6% à La Réunion, 12,0% en Guadeloupe, 11,6% en Guyane et 11,5% en Martinique. Parmi les personnes n’ayant pas déclaré un diabète, la proportion de « petit diabète » était estimée à 4,1% en Martinique, 3,6% en Guadeloupe, 3,4% à La Réunion et 2,5% en Guyane. Quatre-vingt-deux pour cent des personnes ayant un diabète connu étaient traitées pharmacologiquement à La Réunion, alors que 90% l’étaient en Guyane, 92% en Martinique et 93% en Guadeloupe. Parmi les personnes diabétiques non traitées pharmacologiquement résidant dans les 4 DROM, 42% avaient recours à un régime alimentaire, 33% à de l’activité physique, 14% à l’autosurveillance glycémique et 26% à l’utilisation de plantes. Enfin, 44% des personnes diabétiques non traitées pharmacologiquement déclaraient n’utiliser aucune mesure de prise en charge recommandée (35% aucune mesure et 9% seulement des plantes).

Notre étude rapporte une prévalence élevée du diabète connu dans les DROM, dont une fraction importante de cas non traités pharmacologiquement parmi lesquels plus de quatre personnes sur dix ne bénéficient d’aucune mesure hygiéno-diététique quel que soit le DROM. En outre, nous rapportons une fréquence élevée de cas de « petit diabète » qui représente un frein potentiel à une prise en charge adaptée.

  • Prévalence du diabète connu à La Réunion, prises en charge et caractéristiques des personnes atteintes d’un diabète : exploitation des données du Baromètre de Santé publique France DROM de 2021, Monique Ricquebourg et coll. Observatoire régional de la santé de La Réunion, Saint-Denis

Le diabète est une priorité régionale de santé à La Réunion, au regard de sa forte prévalence, des fréquences élevées des facteurs de risque et des complications associées. Le Programme réunionnais de nutrition et de lutte contre le diabète (PRND) a été mis en oeuvre sur la période 2020-2023. L’objectif de l’étude est d’actualiser la prévalence du diabète connu et de décrire les caractéristiques des personnes diabétiques à La Réunion en 2021 afin d’orienter les actions du PRND.

Les données du Baromètre de Santé publique France DROM 2021 ont été utilisées. À La Réunion, un échantillon de 2 004 personnes âgées de 18 à 85 ans, résidant sur le territoire, a été interrogé par téléphone sur le diabète. Les analyses ont été pondérées pour tenir compte du plan de sondage et de la participation, afin qu’elles soient représentatives de la population du territoire régional.

À La Réunion, en 2021, la prévalence du diabète connu était de 13,6% (intervalle de confiance à 95%, IC95%: [11,8-15,7]) en population adulte de 18 à 85 ans et parmi les personnes non diabétiques connues, 3,4% [2,4-4,6] déclaraient avoir un « petit diabète ». Parmi les personnes se déclarant diabétiques, 64,3% connaissaient leur maladie depuis au moins 5 ans, 82,4% déclaraient être traitées pharmacologiquement, et parmi ces personnes, 16,8% avaient déjà arrêté au moins une fois leur traitement. Les inégalités sociales restaient très marquées. Les facteurs de risque associés au diabète et ses complications étaient fréquents : obésité (28,0%), tabagisme quotidien (20,1%), avec des comportements nutritionnels également éloignés des recommandations.

La prévalence du diabète connu reste élevée à La Réunion. Les complications du diabète étant fréquentes sur l’île, les actions portant sur la prévention nutritionnelle doivent se poursuivre pour réduire les facteurs de risque et l’impact des inégalités sociales. Les résultats du Baromètre Santé DROM 2021 contribueront à orienter les politiques publiques, et en particulier l’actualisation en 2024 du PRND.

  • Approche socio-anthropologique de la littératie en santé des personnes atteintes de diabète de type 2 à La Réunion, Maryvette Balcou-Debussche Laboratoire Icare, Université de La Réunion, Saint-Denis

En 2021, 13,6% de la population réunionnaise de 15 ans et plus déclare être diabétique. Maladie sociale en pleine expansion, le diabète de type 2 exige des recours aux soins fréquents, ainsi qu’une attention quotidienne, pour combiner la prévention des complications et la vie familiale, sociale et professionnelle. La recherche présentée dans cet article, développée à La Réunion, s’intéresse à la littératie en santé en tant que concept multidimensionnel dynamique qui questionne les interactions entre les pratiques individuelles, sociales, professionnelles et organisationnelles.

De 2020 à 2022, des entretiens semi-directifs ont été menés avec 24 personnes atteintes d’un diabète rencontrées, dans la plupart des cas, à domicile.

L’analyse des accès des individus à l’information en santé, à leur compréhension et à la prise de décisions montre la diversité et la complexité de la gestion de la maladie en contexte ordinaire. En fonction des dimensions considérées (alimentation, activité physique, traitement, suivi de la maladie…), cette gestion ordinaire est plus ou moins anxiogène ou sereine. L’expert de la pathologie, le diabétologue, apparaît comme le « parent pauvre » des recours aux professionnels de santé.

La recherche met en lumière des « personnes diabétiques plurielles » qui font au mieux de leurs possibilités, dans les contextes qui sont les leurs. Elle ouvre sur plusieurs préoccupations à faire valoir : « accueillir en soins » la personne atteinte de maladie chronique en l’écoutant, à travers ses mots (et ses maux) ; éveiller l’attention des soignants au langage en jeu lors des interactions ; repenser nos organisations en santé pour que les personnes souffrant de maladies chroniques puissent mieux s’y référer.

PJ

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